On ne badine pas avec l'amour : Acte 1 scène 2
Commentaire de texte : On ne badine pas avec l'amour : Acte 1 scène 2. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar bibi2525 • 22 Juin 2025 • Commentaire de texte • 1 487 Mots (6 Pages) • 24 Vues
On ne badine pas avec l'amour : Acte 1 scène 2
Introduction :
On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset, publié en 1834 et intégré à Un spectacle dans un fauteuil, appartient au genre du drame romantique. Pourtant, il faudra attendre 1861 pour qu’il soit enfin joué à la Comédie-Française, quatre ans après la mort du dramaturge.
L’histoire s’ouvre sur les retrouvailles entre Perdican et Camille, deux cousins qui ont grandi ensemble au château avant d’être séparés par des parcours opposés : Camille a suivi une éducation religieuse au couvent, tandis que Perdican a poursuivi ses études à l’université. Conformément aux vœux exprimés par la mère de Camille dans son testament, le Baron, père de Perdican, souhaite les unir par le mariage.
Dans la scène 2, le Baron orchestre leur rencontre dans l’espoir de raviver leur lien. Mais très vite, leurs différences de caractère apparaissent et créent des tensions annonçant le drame à venir.
Problématique:
En quoi cette scène remet -elle en cause le topos ( cliché ) de la première rencontre théâtrale ?
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I- Deux personnage opposés
- L’extrait étudié s’ouvre sur l’arrivée de Perdican et Camille de part et d’autre. Cette didascalie permet déjà de suggérer l’opposition à venir des deux jeunes gens.
- Perdican montre son enthousiasme avec une exclamation forte : « Que je suis heureux ! ». Sa spontanéité et sa sincérité sont renforcées par les phrases nominales telles que « Bonjour, mon père, ma sœur bien-aimée ! Quel bonheur ! ». Il utilise le diminutif affectueux « ma sœur » pour désigner Camille, ce qui reflète leur intimité passée et les souvenirs de leur enfance.
- Camille, en contraste, répond de manière sèche et convenue : « Mon père et mon cousin, je vous salue. ». Son ton formel et laconique marque une distance émotionnelle. Dans la mise en scène de Jean Lermier, Camille est placée dans un coin, renforçant visuellement son retrait.
- Perdican exprime son admiration envers Camille : « Comme te voilà grande, Camille ! et belle comme le jour ». Ses mots, simples et directs, traduisent son émerveillement sincère. Il loue ici sa transformation physique
-Perdican exprime sa surprise face à la transformation de Camille avec des phrases exclamatives telles que « Comme te voilà métamorphosée en femme ! Je suis donc un homme, moi ? ». Sa maladresse ressort dans des expressions enfantines comme « pas plus haute que cela », rappelant leur passé commun. Absorbé par Camille, il répond brièvement aux questions pratiques du Baron, montrant que son émotion et son émerveillement prennent le dessus.
- Perdican exprime sa surprise et son admiration avec l’interjection « Oh ! », soulignant son enthousiasme total. Ses réponses aux questions du Baron restent brèves (« Mercredi, je crois, ou mardi »), car il est entièrement absorbé par Camille, comme en témoigne son compliment insistant : « Regardez donc, mon père, comme Camille est jolie ! ». Perdican est obnubilé par elle et n’a d’yeux que pour sa cousine.
-Camille rejette le rapprochement en refusant d’embrasser Perdican avec un simple « Excusez-moi ». Cette réplique brève et froide marque son opposition au projet du Baron et souligne son retrait émotionnel, contrastant avec l’enthousiasme de Perdican. Ce refus surprend le spectateur et marque un tournant décisif dans la scène.
Le spectateur, connaissant les projets du Baron visant à marier Camille et Perdican, perçoit l’ironie de la situation. Le refus de Camille provoque un affront, mais le Baron persiste dans son rôle de médiateur, utilisant un ton impératif pour tenter de rapprocher les deux jeunes gens.
-Avec l’impératif « Embrasse-la, Perdican », le Baron insiste maladroitement pour rapprocher les deux cousins. Cette lourdeur, malgré son intention gentille, devient comique face à la froideur de Camille, qui ne partage pas les attentes du Baron.
- Perdican utilise un raisonnement courtois pour exprimer son recul face à l’attitude de Camille : « Si ma cousine recule quand je lui tends la main, je vous dirai à mon tour : Excusez-moi ; l’amour peut voler un baiser, mais non pas l’amitié. ». Ce syllogisme met en lumière son respect pour les choix de Camille, malgré son désarroi.
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- La maxime universelle « L’amitié ni l’amour ne doivent recevoir que ce qu’ils peuvent rendre» exprimée au présent de vérité générale, marquée par une double négation, confirme son rejet catégorique de toute relation affective avec Perdican.
Ce refus surprend le spectateur, qui s’attendait à une scène légère et romantique typique d’une comédie. Camille brise les attentes traditionnelles et initie un déséquilibre émotionnel entre les personnages.
II- Retour des personnages comique
La didascalie signale que les répliques du Baron et de Maître Bridaine se déroulent à l'écart des jeunes personnages. Ce procédé théâtral les place dans un rôle particulier : celui de spectateurs internes, observant et commentant la situation.
Par cette séparation, le spectateur assiste à une mise en abyme où le théâtre se réfléchit lui-même. En effet, le Baron et Maître Bridaine jouent un double rôle : celui de personnages dans la pièce et celui de spectateurs des tensions croissantes entre Perdican et Camille, tout comme le public dans la salle.
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