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Le Jeu de l'amour et du hasard, Marivaux, acte III scène 8

Commentaire de texte : Le Jeu de l'amour et du hasard, Marivaux, acte III scène 8. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Avril 2023  •  Commentaire de texte  •  840 Mots (4 Pages)  •  212 Vues

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Si Silvia souhaite prolonger l’entretien avec Dorante, c’est qu’elle réalise, tout en se croyant maîtresse du jeu, qu’elle doit repousser le départ de Dorante qui apporterait un dénouement tragique à leur badinage. Pour ménager sa pudeur et les bienséances, elle retarde son aveu. Encore réticente, elle se retient d’abord en établissant une distance entre elle et Dorante. Cette distance est d’abord physique puisque Dorante était à deux doigts de partir. Elle est également présente dans l’emploi du vouvoiement et de l’impératif « tenez ». En demandant à Dorante de ne point l’interroger, Silvia cherche à se faire prier afin que cet aveu devienne réciproque. Elle admet que les craintes de Dorante semblent justifiées. S’étant montrée indifférente et taciturne devant les avances qu’il lui a faites jusqu’ici, elle tente d’éveiller la curiosité de Dorante et essaye de le faire réagir. Pour révéler son profond amour, Dorante recourt à une apostrophe en l’interpellant « Lisette ». Marivaux capte l’attention du lecteur-spectateur qui assiste au surgissement du sentiment sincère de Dorante qui tutoie Lisette par une énallage de personne quand il lui avoue son amour. Cette rupture démontre la volonté qu’il a de vaincre la distance et la fausse indifférence que lui témoignait Silvia jusqu’ici. Le tutoiement reconstitue le couple amoureux et restaure l’intimité.  Par ailleurs, l’emploi du verbe adorer, qui assimile Silvia à une divinité, s’inscrit dans un style précieux hyperbolique et traduit la force du sentiment qui habite Dorante. Face à ces aveux Silvia s’exprime sur son amour dans une tirade.

C’est toujours déguisée en Lisette que Silvia s’adresse à Dorante, il semble qu’il n’y ait que cette sorte de mensonge qui puisse lui permettre de parler du fond du cœur, d’exprimer sa plus profonde vérité. Elle se lance dans une réplique dont la longueur inhabituelle laisse entendre qu’elle n’arrive pas encore à se dire ce qui l’habite. Elle commence par souligner l’inanité des discours et des sentiments car une opposition semble exister entre le dire (« vous me le répétez ») et le faire (« que voulez-vous que je fasse de cette pensée-là Monsieur ? »). Ce qu’elle désire, ce sont des preuves de cet amour, c’est-à-dire une demande en mariage. Les circonstances poussent Silvia à avouer son amour plus ouvertement même si cet aveu reste implicite. En effet, elle décide de confier ses sentiments à « cœur ouvert », mais la retenue et la préciosité naturelles à sa véritable condition sociale et à son sexe ne lui permettent pas d’user d’un langage direct. Tout en soulignant la distance sociale qui les sépare, elle minimise l’amour de Dorante en évoquant les obstacles liés à la condition sociale de Dorante dont elle dresse le portrait. Silvia exprime en réalité ses craintes vis-à-vis du libertinage : Dorante sera-t-il un mari volage et libertin ? Si Silvia était réellement une servante, sa tirade aurait une grande portée sociale car elle souligne la différente de situations entre un homme qui est aristocrate et une femme qui appartient à la plèbe. À travers une gradation ascendante renforcée par des hyperboles (mille objets), elle accentue que les aristocrates sont souvent débauchés (« les amusements d’un homme de votre condition »), et la conjugalité tend à user l’amour (« tout va vous ôter cet amour »). Silvia fait même de Dorante un séducteur cynique.

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