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Camus, L'Etranger, Incipit

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Par   •  25 Mai 2025  •  Analyse sectorielle  •  1 105 Mots (5 Pages)  •  58 Vues

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Camus : L’incipit …

Accroche

Camus écrit L’Étranger en 1942 , en pleine Seconde Guerre mondiale .Nombre de ses œuvres seront marquées par cette guerre et par les sentiments nés de

l’absurdité du monde et du besoin de révolte face aux crimes commis par l’humanité. L’Étranger fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de l’absurde » et qui transpose en roman sa philosophie de l’absurde, selon laquelle l’ existence n’a pas de sens et seule la fatalité  et le  hasard guident nos pas.

Introduction

Nous allons étudier l’incipit de l’étranger situé au début du roman. Dans cet extrait le personnage principale Meursault apprend la mort de sa mère par un télégramme et nous détaille les préparatifs de l’enterrement.

Problématique

Comment le portrait atypique de meursault pose t’il question sur notre rapport au monde ?

I

Dans ce début de roman tout est fait pour provoquer le malaise et pour dérouter le lecteur.

« maman » terme hypocoristique c’est un mot impliquant directement la personne qui parle car maman = ma maman pas besoin de préciser le pronom possessif le texte sera à la première personne.

Cette manière d’entrer en propos, avec le complément circonstanciel temps “aujourd’hui” et le temps utilisé, le passé composé, pour une action toute récente qui a des conséquences immédiate = « est morte » et bien Tout cela annonce le début d’un discours pathétique, voire d’une éloge funèbre. Mais cette attente va être immédiatement brisée.

« ou peut-être hier, je ne sais pas » (l.1)L’émotion retombe d’un coup, et elle est remplacée par un étrange souci de précision.

Il répète plusieurs fois « C’était peut-être hier » comme si finalement c’était ça le plus contrariant.

« Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués » (l.2-3) Le texte du télégramme est rapporté directement : on a au maximum l’effet du style télégraphique.

-deux mots pour annoncer la nouvelle seulement.

-Deux mots pour l’organisation pratique des funérailles.

-Et enfin deux mots pour une formule de politesse, conventionnelle « Sentiments distingués ».  Cette formule est très froide : on aurait pu avoir de « sincères condoléances » en deux mots aussi, mais beaucoup plus humain.  Le télégramme n’est pas signé, c’est un télégramme « de l’asile » : il n’y a rien d’humain.


Mais face à ce message, le narrateur se montre préoccupé uniquement par des détails pratiques, chiffrés : il doit se rendre « à Marengo, à 80 km d’Alger » (l.4-5) il doit prendre « l’autobus à deux heures » (l.5-6)

Son emploi du temps est très précis, méthodique.  D’ailleurs il sera parfaitement respecté ensuite « J’ai pris l’autobus à deux heures » (l.18).

Plus qu’un journal intime, on dirait qu’on assiste à des pensées en train de se former

« Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. » c’est une asyndète il n’y a pas de lien entre les deux phrases. La pensée de Meursault est saccadée, interrompue, en mouvement.

Il transcrit ses doutes « Je ne sais pas » et se corrige en faisant des hypothèses « peut-être ».

Tout cela laisse penser que Meursault n’écrit pas, mais que nous assistons pour ainsi dire.  à la transcription de ses pensées à intervalles réguliers.

II)

Le niveau de langage est parfois presque oral :

« J’ai demandé deux jours de congés à mon patron et il ne pouvait pas me les refuser avec une excuse pareille. ».


Les pensées s’enchaînent directement

« J’ai pensé alors » « En somme » avec des hypothèses
« il le fera sans doute après-demain » le terme « sans doute » est un modalisateur :
 il vient nuancer l’affirmation contenue dans le verbe.

Après l'enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une allure plus officielle. Cet extrait est particulièrement intéressant, car c’est un parfait exemple de double lecture, vous allez voir. Au premier abord, ces propos sont étrangement dénués de sentiments.
« Pour le moment » c’est trop tôt pour exprimer des émotions,
« Après l’enterrement » ce sera trop tard, l’affaire sera « classée ».


« Tout aura revêtu une allure plus officielle » :
 le mot « tout » englobe de façon très vague la mort, le deuil, l’enterrement, l’organisation de son voyage, etc. Ainsi, la mort de sa mère semble minimisée.

Du point de vue de l’étranger, ce n’est pas du tout la même chose.  « Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte »

pour lui, les relations sociales ressemblent à un jeu “comme si”, dont il faudrait deviner les règles. Il essaye de comprendre le fonctionnement de la société, avec beaucoup de bonne volonté.


Tout se passe comme s’il ne s’exprimait pas pour les autres, mais seulement pour lui-même  
« J’ai mangé au restaurant, chez Céleste, comme d’habitude » :
 il n’a pas besoin de faire une description des lieux ou des personnages qu’il connaît déjà.

Plus que jamais, dans ce passage, on a un personnage inadapté socialement.

La tournure impersonnelle « il a fallu que » révèle combien Meursault est passif.


L’émotion est toujours étrangement mise à distance :

« Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi ». Les paroles des amis “on a de la peine pour toi”,sont rapportées dans un discours indirect libre,
mais il est impossible de savoir si ce sont bien leurs paroles,

« de la peine » : c’est la seule expression d’émotion de tout notre passage. Par contraste, ça fait ressortir le fait que Meursault n’exprime aucune émotion lui-même.

Par contre vous allez voir qu’il exprime beaucoup ses perceptions : chaleur, étourdissement.

Nous avons ici une belle accumulation de perceptions désagréables avec « les cahots, l’odeur, la réverbération »
Meursault est obligé d’ajouter et d’accumuler des sensations pour se justifier

« à cause de » mais vous voyez : cela ne suffit pas à enlever le doute. On retrouve aussi l’aspect improvisé d’une pensée qui se précise au fur et à mesure « cette hâte, cette course ».


Le passé composé va dans ce même sens, précipite l’histoire vers la fin,:
« j’ai dormi pendant presque tout le trajet ». Lorsqu’on lit ça, le voyage est déjà terminé :
Avec ce temps, le lecteur a une vision à court terme de ce qui vient de se passer, cela crée un sentiment de fatalité : on ne peut pas revenir en arrière,


Il y a aussi ce « oui » que je trouve étrange, voire paradoxal, parce que, en fait,
 il signifie « non, je ne veux pas parler ».

...

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