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Les ballets de danse, reflet des normes sociales favorisées en France

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Par   •  25 Juillet 2025  •  Discours  •  1 577 Mots (7 Pages)  •  196 Vues

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Grand Oral de SES

problématique : En quoi les ballets de danse sont-ils le reflet des normes sociales des classes favorisées en France ?

Introduction

En 1653, Louis XIV monte sur scène dans “Le Ballet Royal de la nuit”, incarnant lui-même le Soleil : un symbole éclatant de la place centrale qu’il voulait occuper dans la monarchie absolue. À travers la danse, le roi affirmait son pouvoir, sa grandeur, et imposait une culture d’élite. Trois siècles plus tard, les ballets continuent d’incarner des normes spécifiques : celles des classes favorisées.

Mais qu’est-ce qu’une norme sociale ? Il s’agit d’une règle implicite ou explicite qui oriente les comportements des individus dans une société. Les classes favorisées, quant à elles, regroupent les individus les mieux dotés en ressources économiques, culturelles et sociales, dans l’espace social c’est-à-dire la manière dont les individus se situent et se hiérarchisent selon plusieurs critères.

Dès lors, on peut se demander : en quoi les ballets de danse sont-ils le reflet des normes sociales des classes favorisées en France ?

Pour y répondre, nous verrons d’abord que les ballets trouvent leur origine dans une culture aristocratique et d’élite , puis que cette pratique demeure aujourd’hui très socialement fermée, avant d’examiner les tentatives de démocratisation, encore limitées, de cet art .

I/ Les ballets, une pratique culturelle historiquement liée aux classes favorisées

Le ballet trouve son origine à la cour royale. Sous le règne de Louis XIV, la danse est non seulement un art, mais un instrument politique. Le roi, passionné par cet art, s’entraîne et se produit régulièrement dans des spectacles. À travers le ballet, il impose une culture raffinée, codifiée et inaccessible aux classes populaires : c’est un instrument de pouvoir symbolique. On retrouve ici l'idée de domination : un moyen pour les élites de montrer leur distinction.

Cette origine aristocratique s’inscrit dans ce que Max Weber appelle un groupe de statut : un groupe social défini non par la richesse mais par le prestige social. Ces groupes ont des pratiques culturelles spécifiques et se distinguent par un mode de vie valorisé. Le ballet devient alors un marqueur de distinction sociale, c’est-à-dire une manière de signaler son appartenance à une élite. On parle donc ici d’un ordre social, dans lequel les pratiques artistiques servent à marquer la hiérarchie.

De plus, les lieux de représentation de la danse comme les opéras ou les théâtres restent historiquement des espaces prestigieux.. Si le théâtre et la danse étaient autrefois un signe de richesse, cela reste en partie vrai aujourd’hui. Le prix d’entrée élevé renforce cette sélectivité. Par exemple, entre 2006 et 2012, la part des spectacles de danse coûtant plus de 60 € est passée de 10 % à 18 % . Ces tarifs élevés témoignent de la stratification sociale, c’est-à-dire de l’existence de groupes hiérarchisés au sein de la société selon l’accès aux biens et aux services. Ces prix élevés renforcent l’idée d’une pratique encore marquée socialement.

Ces éléments renvoient au capital culturel théorisé par Pierre Bourdieu. Celui-ci désigne l’ensemble des ressources culturelles dont dispose un individu ainsi que ces connaissances, dispositions et compétences valorisées socialement. La danse classique en est un exemple typique : elle demande un apprentissage technique, une familiarité avec un langage corporel spécifique, des normes esthétiques : autant d’éléments peu accessibles aux individus faiblement dotés de capital culturel.

Ainsi, dès ses origines, le ballet incarne une culture légitime, c’est-à-dire valorisée par les classes dominantes, et constitue un outil de reproduction des hiérarchies sociales.

II/ Une pratique encore socialement fermée aujourd’hui

Aujourd’hui encore, l’accès au ballet reste très inégalitaire. Le capital économique c’est-à-dire l’ensemble du patrimoine mais aussi des revenus qu’a un individu conditionne fortement la possibilité d’assister à des spectacles ou de pratiquer la danse classique. En effet, les cours de danse sont souvent coûteux, surtout ceux de qualité, dans de grandes écoles. À cela s’ajoutent le prix des tenues, des déplacements, des stages, voire d’internats dans des écoles spécialisées.

Mais au-delà des ressources financières, il faut aussi tenir compte du capital culturel, qui oriente les goûts, les préférences artistiques, et la manière d’appréhender la culture légitime. Les enfants de cadres sont ainsi davantage exposés à des sorties culturelles, comme l’opéra ou le ballet, et encouragés à suivre ce type de formation artistique. C’est ce que l’on appelle la socialisation différenciée : selon le milieu social, les enfants intériorisent des normes différentes dès l’enfance.

D’autres facteurs renforcent cette fermeture sociale. Par exemple, le lieu de résidence : les grandes écoles de danse se trouvent souvent dans des quartiers aisés ou au centre de grandes villes, difficilement accessibles depuis des zones rurales ou défavorisées. Autre exemple : la position dans le cycle de vie. Il est plus courant de commencer la danse classique jeune, ce qui implique des ressources stables et une vision à long terme ; moins accessibles à certaines catégories sociales.

Selon la logique de la stratification sociale, l’ensemble des inégalités économiques, culturelles et géographiques contribuent à maintenir le ballet dans une sphère réservée à une minorité.

Les données de l’INSEE le confirment : les pratiques culturelles légitimes comme l’opéra, la musique classique ou le ballet sont surreprésentées chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures et diplômés du supérieur. Il est vrai que, les cadres et professions intellectuelles supérieures sont nettement surreprésentés parmi les publics des spectacles de danse. En 2023, environ 8 % des Français ont assisté à un spectacle de danse dans l’année, mais les cadres représentent 22 % du public des spectacles alors qu’ils sont proportionnellement moins nombreux dans la population totale. En Île-de-France, 56 % des cadres se rendent au théâtre ce qui témoigne d’une forte fréquentation des spectacles vivants, dont les ballets.

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