Les sapins d'Appolinaire

Les sapins, Guillaume Apollinaire

Introduction :

La présence du motif de l’arbre est vivace dans la littérature : « hêtre » métaphysique dans

le roman de Giono, Un Roi sans divertissement, « Platane » chez Paul Valéry, dans les

recueil Charmes. Apollinaire choisit « les Sapins », poème développé en six strophes, de

forme hétérométrique régulière. Ce poème trouve sa place dans la série des Rhénanes,

suite de neuf poèmes datés de 1901 et de 1902 inspirés par le séjour en Allemagne du

jeune Apollinaire. Par ailleurs l’objet poétique de l’arbre apparaît plusieurs fois dans le

recueil. Ainsi « les pins » dans Vent Nocturne, et « le noyer » dans Signe, vivent dans

l’œuvre, au milieu des quatre saisons. Le poème « Les Sapins » donne à lire un motif

poétique traditionnel et populaire Le spectacle de l’arbre est en effet un spectacle familier

et universel. Par ailleurs il incarne aussi, par la poésie, la représentation du monde et de la

vie. Ce poème est composé de quintils avec des des octosyllables et des hexasyllables

avec une alternance entre ces deux procédés d’organisation poétique. Le schéma se

répète dans tout le poème, la composition est assez régulière, il y a l’usage du présent seul

temps de tout le poème. L’octosyllable est normalement utilisé dans la balade, chants

médiévaux.

Projet de lecture : Comment procède ici la métamorphose de l’arbre en art poétique ?

La lecture des Sapins s’éclaire sous le signe de la métamorphose de la fantaisie et de la

chanson

Nous commentons ici : I La métamorphose/ II La fantaisie/ L’esthétique de la surprise et la

poétique de la modernité/ III La chanson

I Le regard du poète sur les sapins

a) Dans les trois premières strophes ont peu observer un tableau des sapins. Les

personnages naissent de l’anthropomorphisme: les sapins deviennent des personnages.

Autour d’impressions visuelles et auditives se construit la forme triangulaire des sapins à

l’origine de toute une série d’images familières : bonnets pointus et longues robes qui par

glissements successifs deviennent des silhouettes de personnages de fantaisie : « les

astrologues » les grands « poètes prédestinés » leurs illustres aînés, « les musiciens » les

enfants qui chantent « mon beau sapin » .Le sapin subit ainsi dans ce texte une série de

métamorphoses qui relèvent de l’anthropomorphisme. Leur transformation, leur place et

leur rôle élaborent la composition du poème. Ils sont d’abord costumés en « astrologue »

-vers3- et portent des « bonnets pointus », de « longues robes » ; ils tiennent ensuite le rôle

traditionnel d’arbre de Noël, dans la seconde strophe, nourris de la science de « leurs aînés

». Ils sont ensuite « musiciens », puis « magiciens », et chantent sous l’orage, dans la

quatrième strophe. Ensuite, ils se transforment encore sous l’action de l’hiver et de l’été,

« chérubins » ou « rabbins » ou « vieilles demoiselles ». Sapins déguisés-strophe 1- sapins

savants-strophe2, sapins musiciens- strophe 4-, sapins chantants-strophe 4-, autant de

rôles qui renvoient l’image d’un monde plein de poésie. Il y dans cette partie un présent de

description, d’habitude, qui incarne le sujet hors du temps. Tous les sujets de ce poème ont

un rapport avec les sapins. Il y a 12 ensemble sujet-verbe dans ce poème donc 12 thèmes,

cela peut rappeler les mois de l’année. L’octosyllable dans ce poème est assez musicale.

Les ensembles sujets verbes sont repartis en 6 strophes. Le poème s’exprime dans un

éternel présent avec un mouvement perpétuel. Le schéma de ce poème est en AABAB, les

rimes sont donc suivies puis croisées, le thème du poème est assez cliché faisant l’éloge

de la nature, ici des sapins. Le motif qui devellope le sujet des sapins est la sagesse et la

vocation des sapins. La vocation est à la fois extraordinaire et traditionnelle. La vocation

des sapins dans la troisième strophe est plus traditionnelle et chante Noël. L’identification

de la composition du poème et son organisation est assez compliqué à trouver. Chaque

strophe a son sujet grammaticale.

b) Les images de la métamorphose de l’arbre sont à la fois désuètes ou décalées et

renvoient à un imaginaire collectif et enfantin. Le lecteur y retrouve d’une part, les sapins de

son enfance, dans la strophe 4. Le « bonnet pointu » du vers 1 est à la fois un dessin qui

suggère la forme de son sommet mais aussi le chapeau de l’astrologue. Il s’étonne et

s’amuse du regard que le poète lui offre devant le spectacle des sapins de l’été : « les

vielles demoiselles » dessinent des arbres à la silhouette racornie et torturée. Enfin l’image

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