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Lecture linéaire Poullain de La Barre

Étude de cas : Lecture linéaire Poullain de La Barre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Janvier 2023  •  Étude de cas  •  1 896 Mots (8 Pages)  •  602 Vues

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INTRO – Poullain de La Barre (1647-1723) a suivi des études de théologie, et, bien qu'adepte de la philosophie de Descartes, condamnée par l'Église, il devient prêtre, en charge d’une petite cure du diocèse de Laon. Cependant, il se convertit au protestantisme, ce qui le conduit, lors de la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, à s’exiler en Suisse où il enseigne au Collège de Genève. Alors que les revendications des Précieuses se sont développées, il fait paraître anonymement à Lyon un essai, De l'égalité des deux sexes, sous-titré "Discours physique et moral où l'on voit l'importance de se défaire des préjugés".

Le terme « préjugés » est apparu à la fin du XVIème siècle, et, neutre à l'origine, il s’est très vite chargé d’une connotation péjorative pour définir une opinion contestable car faite à l’avance, sans preuves solides mais à partir des idées propres à un milieu, à une éducation. C’est donc en tant qu’adepte du rationalisme cartésien qu’il décide de dénoncer les « préjugés » qui pèsent sur les femmes, comme dans cet extrait, dans lequel il construit une argumentation rigoureuse. Nous verrons comment PDLB parvient à dénoncer les préjugés qui pèsent sur les femmes.  Il use d’une argumentation en 3 étapes : définissant tout d’abord la notion de préjugé concernant l’image des femmes. Puis il avance les causes de ces erreurs, de ces préjugés admis, pour nous guider vers la vérité pour enfin donner la parole au camp adverse et exprimer les préjugés.

1ère PARTIE →La notion de préjugé, L'image des femmes → (des lignes 1 à 8)

L’extrait débute par une hyperbole initiale avec une formulation négative : « Il n’y a rien de plus délicat que de s’expliquer sur les femmes. » qui nous laisse deviner que l’auteur va aborder un sujet brûlant, polémique…

L’auteur part d’un constat qui s’oppose à l’opinion générale. Il est donc difficile à un homme de se ranger aux côtés des femmes, et quand il le fait, il est immédiatement suspect de partialité comme l’affirme l’auteur à la ligne 2. Cette idée est renforcée par l’utilisation de l’adverbe « aussitôt » et les compliments ne sont que de l’hypocrisie ou ne sont faits que par intérêt : recueillir des faveurs.

L’utilisation du pronom personnel « nous » ligne 2 généralise la dénonciation du préjugé à propos des femmes.  Ce début oppose nettement le « préjugé » à une conception fondée sur la raison, d’où l’injonction insistante : « Nous sommes remplis de préjugés, et il faut y renoncer absolument pour avoir des connaissances claires et distinctes. »

A la ligne 4, l’adverbe péjoratif « vulgairement » qui étymologiquement vient de « vulgus » c'est-à-dire lié au bas peuple méprisable souligne que ce préjugé est profondément ancré. Un ancrage que vient renforcer la litote et la comparaison de superlatifs à la ligne 5.

La critique est ensuite renforcée par la façon dont La Barre, en les regroupant de façon antithétique, met sur le même plan « Les savants et les ignorants ». Ils ont cette opinion, car ils sont « tellement prévenus ». Le préfixe « pré » identique pour les termes « préjugés » et « prévenus » annonce déjà l’erreur : l’opinion est formulée avant même toute réflexion.

C’est précisément contre ce jugement péjoratif que les Précieuses se sont élevées. Mais, si l’on peut concevoir que les femmes se défendent, il est plus difficile à un homme de se ranger à leurs côtés, ce qu’accentue la formulation négative : « on ne manquera pas de regarder le sentiment contraire comme un paradoxe singulier. »

Si un homme venait à exprimer cette opinion, alors on ne saurait passer à côté. Un homme qui apparaîtrait alors comme un être à part, un être unique.

La phrase de la ligne 5 à la ligne 8 reflète les mœurs de l’époque et la difficulté de s’opposer à l’opinion généralement admise : « les femmes sont inférieures aux hommes en capacité et en mérite », ce qui entraîne une conséquence : « elles doivent être dans la dépendance où nous les voyons ». L’utilisation du verbe modal « devoir » exprime bien la position, la place que les femmes sont obligées d’accepter dans la société, celle que leur laisse les hommes.

2ème PARTIE → « Cependant » à « esprit » - Les causes de l'erreur → (lignes 8 à 19)

Ce deuxième mouvement débute par un connecteur logique d’opposition « cependant » afin de montrer qu’il est possible de changer d’idée, de faire évoluer les mentalités. 

Il veut rétablir la vérité face à ce comportement, l’écrivain cherche à ramener ses lecteurs vers la vérité, à les éclairer, conformément à la volonté de ce « siècle des Lumières ».

C’est par le moyen d’une hypothèse que Poulain de La Barre dégage les causes de l’erreur que représente le préjugé : « si les hommes étaient plus équitables et moins intéressés dans leurs jugements. » Cette erreur vient donc à la fois d’un manque de justice dans la répartition des droits, et d’une volonté égoïste de pouvoir, ce que reprend la négation restrictive dans l'accusation : « on n’a parlé jusqu’à présent qu’à la légère de la différence des deux sexes, au désavantage des femmes ». Cette double cause d'erreur est répétée :

● pour le défaut de jugement, à travers la critique renforcée : « le peu de lumière et la précipitation »  

● pour l’égoïsme, par la reprise du terme « intérêt » opposé à « désintéressement ».

Une dernière cause d’erreur relève d’une forme de paresse intellectuelle : « ce qu’on en a cru sur le simple rapport d’autrui et sans l’avoir examiné. » N'est-il pas plus simple de ne pas réfléchir par soi-même, de se fier aveuglément au jugement d’autrui ? »

[(A travers des hypothèses, qu’il pose comme possibles, il présente ce rétablissement de la vérité comme aisé à réaliser, puisqu’il ne dépend que d’un changement de regard : « Cependant il ne serait pas nécessaire pour l’établir, d’employer aucune raison positive, si… », « « Il suffirait de les avertir… », « Il est certain qu’un homme qui se mettrait en cet état d’indifférence et de désintéressement, reconnaîtrait… », « Si cet homme était philosophe, il trouverait… ».)]

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