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L'Education Sentimentale, Flaubert

Commentaire de texte : L'Education Sentimentale, Flaubert. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Octobre 2019  •  Commentaire de texte  •  1 153 Mots (5 Pages)  •  591 Vues

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Treize ans après la publication de Madame Bovary, Flaubert achève L'Education sentimentale qui paraît en novembre 1869. Un nouveau héros romantique est confronté à un quotidien terne aux antipodes de ses aspirations exaltées. Au tout début du roman, Frédéric Moreau prend un bateau de Paris à Nogent-sur-Seine. Le livre s'ouvre sur la description de ce départ, Les fonctions d'un incipit sont-elles remplies par le début de L’Education sentimentale ? Le ton est-il donné ? Les personnages sont-ils présentés ? L'action est-elle entamée ? 

Le ton du passage est celui d'un récit réaliste empreint de ce que l'on pourrait appeler « un lyrisme à la troisième personne » teinté d'une douce ironie. 

Le livre s'ouvre sur un récit d'une grande précision. La date, le lieu et l'action sont donnés dès la première phrase sans aucune ambiguïté. Sont alors décrits dans les moindres détails tous les éléments du contexte. Les énumérations de substantifs (1.4 et 5), la variété des verbes d'action (« arrivaient » ; « répondaient » ; « montaient » $2) et l'abondance des compléments (« sans discontinuer » 1.11; « comme de larges rubans » 1.14) participent à la finesse de description du contexte. Les circonstances et les lieux correspondent de façon réaliste à une époque précise. L'énumération des lieux parisiens (« I'lle Saint Louis » « la Cité », « Notre-Dame » 1.20) renvoie exactement à la vue que le lecteur pourrait avoir s'il se trouvait dans le bateau. 

L'écriture à la troisième personne et le réalisme vont étrangement de pair avec un certain lyrisme. On sait que la date et le lieu mentionnés ici correspondent au vécu de l'auteur, on sent presque une nostalgie dans le récit. La prose poétique par laquelle l'Education sentimentale est entamée fait naître une certaine émotion. Par exemple, la description du tumulte dans les paragraphes parallèles 2 et 5 actualise l'ambiance retranscrite. Les alliterations en (t) et [b] des lignes 6 à 8 contrastent avec celles en [ch] et [m] des lignes 33 à 34. L'harmonie imitative se retrouve également dans la syntaxe avec les accumulations de propositions juxtaposées par des points-virgules dans ces deux paragraphes. Le mouvement de la machine est donné à voir, à sentir, à entendre littérairement. Toutefois, alors que le lecteur ressent tout ce qui lui est décrit presque comme s'il regardait un tableau impressionniste, il perçoit un certain décalage, une douce ironie : ce qui est donné à entendre est un tintamarre, ce qui est donné à voir l'est dans le brouillard et ce qui est donné à sentir est pénible ! 

Le ton très particulier employé dès l'incipit permet de décrire d'une façon tout aussi unique les personnages. 

Les personnages présentés en ce début de roman sont essentiellement le héros du livre et la foule ambiante. 

Au quatrième paragraphe le héros est présenté sentencieusement (« M. Frédéric Moreau »). Son statut social est donné, avec ironie. L'expression « faire son droit » (1.24), 

soulignée par l'auteur, correspond au stéréotype des ambitions d'une époque et d'un milieu. L'espérance d'un héritage portée par sa mère ancre le héros dans une certaine médiocrité provinciale. Le contraste est flagrant entre ce paragraphe et le suivant où le jeune homme est décrit pour lui-même et non par sa raison sociale. Flaubert fustige tantôt le héros de roman réaliste tantôt le héros romantique. La succession de clichés fait d'emblée de Frédéric une caricature de lui-même : « un jeune homme » à « longs cheveux » qui tenait « un album » à la main. 

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