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Activité subjectivité

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Par   •  18 Janvier 2019  •  Cours  •  6 103 Mots (25 Pages)  •  634 Vues

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Partie 2

2ème partie

Activité et subjectivité: concepts et problèmes

A. Le concept d’activité, son histoire et son renouveau.

La macrostructure de l’activité : sens et efficience (Leontiev)

« Le travail est une activité forcée. Ce n’est plus la simple réponse de l’organisme aux excitations du moment, ni celle du sujet aux sollicitations de l’instinct. Son objet reste étranger à nos besoins, tout au moins immédiats, et il consiste en l’accomplissement de tâches qui ne s’accordent pas nécessairement avec le jeu spontané des fonctions physiques ou mentales » p.11.

Wallon (1930)[1]

Le travail comme activité « forcée » joue une fonction psychologique à la fois spécifique et fondamentale dans l’activité humaine (Clot, 1999)[2]. Il est source de contrainte et d’empêchements en ce qu’il prescrit et ordonne l’action de chacun au travail. Il est aussi ressource pour la réalisation de soi et l’accomplissement social de chacun.

Léontiev prolonge et développe, dans le cadre de la réflexion sur la facilitation ou l’empêchement de l’activité, la notion de « sens ».

Pour Léontiev le sens est un rapport entre les incitations vitales qui poussent à agir (affects – motifs – préoccupations vitales) et ce vers quoi est tournée son action immédiate (but).

Le sens est le rapport d’une situation à d’autres remémorées ou anticipées en fonction des préoccupations subjectives.

Ce rapport ne confond pas les deux instances. Le but de l’action, bien que conscient, est distinct du motif. Ce dernier traduit ce qui est vital pour le sujet ou sa préoccupation.

La notion de sens traduit bien la dynamique de l’activité humaine.

Cette dynamique apparaît à deux niveaux :

(a) L’évolution du rapport à soi.

Elle implique l’évolution des motifs de l’action. Ces motifs et préoccupations ne sont pas figés : ils subissent la pression de l’action et se modifient en fonction des exigences d’efficacité de celle-ci (notamment dans des domaines où une grande productivité est requise).

Dès lors qu’un individu, qui obtient des résultats dans une action précise, attribue soudainement à l’action et à ses résultats beaucoup d’importance, l’action réussie vient incarner un domaine de compétences sociales reconnues. En ce sens, l’action devenue efficace ouvre des perspectives de réalisation de soi au plan social, si bien qu’en retour la compétence transforme la perception que le sujet a de lui même dans le domaine.

Le motif vital de départ de l’agent, sans disparaître, est mis en tension par des motifs nouveaux. Parfois même, comme on le verra dans l’exemple de l’activité scolaire d’une classe de collège en cours de natation (Clot, 1999), l’agent finit par vouloir et même désirer quelque chose qui le rebutait auparavant.

L’hypothèse développée ici est que, notamment dans les activités laborieuses ou productives, le sens s’alimente dans l’action du sujet et traduit la dynamique de l’évolution des pré- occupations au travers des occupations nouvelles et de l’efficience acquise au travail. Cette hypothèse est particulièrement intéressante dans le cas des « activités forcées » comme le travail car, comme l’indique Wallon, (1930), les motifs spontanés des agents ne trouvent pas toujours de place dans la dynamique des interactions instituées. Le rapport du sujet à la prescription ouvre la question du sens et du développement de l’activité.

Une facette fondamentale de ce rapport qui participe à définir et à développer l’activité est incarnée précisément par les objets de travail eux-mêmes.

(b) L’évolution du rapport aux objets.

Elle implique l’évolution de l’action dans son rapport aux instruments vers plus d’efficacité et d’efficience.

L’efficience de l’action autorise l’atteinte du but, et dépend étroitement de l’intériorisation des savoirs techniques par l’acteur.

L’acteur peut se développer potentiellement à deux niveaux :

développement de l’action (efficience dans le rapport aux objets culturels) et

développement de l’activité (naissance de préoccupations nouvelles).

Elles sont irréductibles l’une à l’autre.

« L’action est un processus orienté vers un but, impulsé non par le but en soi de l’action mais par le motif de l’activité que cette action réalise. » (Léontiev, 1974, p. 276)[3]

« Selon notre thèse générale, ce que nous appelons le sens, c’est le rapport de l’objet direct de l’action (but) au motif de l’activité dans laquelle elle s’insère » (ibid. p. 334).

Cette coordination entre le but de l’action immédiate et un motif général à plus long terme permet de comprendre que les opérations concrètes à réaliser, même répétitives ou rébarbatives, soient tolérées par l’agent. Un exemple flagrant en est l’apprentissage scolaire et l’activité de l’élève qui est éminemment contrainte dans les temps pédagogiques du programme d’un cycle d’enseignement, de l’année scolaire, et de la scolarité à plus long terme.

On parle ici de « structuration de la temporalité » de l’action, le sens rendant compte de l’implication de l’individu à deux niveaux :

  • des buts à court terme avec lesquels l’action entretient un lien instrumental ;
  • des mobiles de l’activité de l’individu.

Exemple dans les métiers de l’enseignement :

Dans une classe d’Education Physique et Sportive en collège, l’objectif affiché des enseignants avait été décliné en plusieurs attentes : « savoir nager ce n’est pas barboter » mais plonger, s’immerger, se déplacer en temps limité, se maintenir sur place sans couler. Ce système d’actions, qui renvoient l’une à l’autre (plonger pour s’immerger, pour se déplacer vite par exemple) suppose la réalisation d’opérations, elles aussi enchaînées.

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