Étude du roman Au Bonheur Des Dames de Zola
Étude de cas : Étude du roman Au Bonheur Des Dames de Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar dissertation • 22 Décembre 2013 • Étude de cas • 9 221 Mots (37 Pages) • 1 023 Vues
Émile Zola
AU BONHEUR DES DAMES
(1883)
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »
Table des matières
I ................................................................................................. 3
II .............................................................................................. 35
III ............................................................................................ 69
IV ........................................................................................... 101
V ............................................................................................ 140
VI ........................................................................................... 178
VII ......................................................................................... 212
VIII ........................................................................................ 244
IX ........................................................................................... 273
X ............................................................................................ 315
XI ........................................................................................... 354
XII ........................................................................................ 384
XIII ........................................................................................ 422
XIV ........................................................................................ 455
À propos de cette édition électronique ................................ 504
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I
Denise était venue à pied de la gare Saint-Lazare, où un
train de Cherbourg l’avait débarquée avec ses deux frères, après
une nuit passée sur la dure banquette d’un wagon de troisième
classe. Elle tenait par la main Pépé, et Jean la suivait, tous les
trois brisés du voyage, effarés et perdus, au milieu du vaste Paris,
le nez levé sur les maisons, demandant à chaque carrefour la
rue de la Michodière, dans laquelle leur oncle Baudu demeurait.
Mais, comme elle débouchait enfin sur la place Gaillon, la jeune
fille s’arrêta net de surprise.
– Oh ! dit-elle, regarde un peu, Jean !
Et ils restèrent plantés, serrés les uns contre les autres, tout
en noir, achevant les vieux vêtements du deuil de leur père. Elle,
chétive pour ses vingt ans, l’air pauvre, portait un léger paquet ;
tandis que, de l’autre côté, le petit frère, âgé de cinq ans, se pendait
à son bras, et que, derrière son épaule, le grand frère, dont
les seize ans superbes florissaient, était debout, les mains ballantes.
– Ah bien ! reprit-elle après un silence, en voilà un magasin
!
C’était, à l’encoignure de la rue de la Michodière et de la
rue Neuve-Saint-Augustin, un magasin de nouveautés dont les
étalages éclataient en notes vives, dans la douce et pâle journée
d’octobre. Huit heures sonnaient à Saint-Roch, il n’y avait sur
les trottoirs que le Paris matinal, les employés filant à leurs bureaux
et les ménagères courant les boutiques. Devant la porte,
deux commis, montés sur une échelle double, finissaient de
pendre des lainages, tandis que, dans une vitrine de la rue
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Neuve-Saint-Augustin, un autre commis, agenouillé et le dos
tourné, plissait délicatement une pièce de soie bleue. Le magasin,
vide encore de clientes, et où le personnel arrivait à peine,
bourdonnait à l’intérieur comme une ruche qui s’éveille.
– Fichtre ! dit Jean. Ça enfonce Valognes… Le tien n’était
pas si beau.
Denise hocha la tête. Elle avait passé deux ans là-bas, chez
Cornaille, le premier marchand de nouveautés de la ville ; et ce
magasin, rencontré brusquement, cette maison énorme pour
elle, lui gonflait le coeur, la retenait, émue, intéressée, oublieuse
du reste. Dans le pan coupé donnant sur la place Gaillon, la
haute porte, toute en glace, montait jusqu’à l’entresol, au milieu
d’une complication d’ornements, chargés de dorures. Deux figures
allégoriques, deux femmes riantes, la gorge nue et renversée,
déroulaient l’enseigne : Au Bonheur des Dames. Puis, les
vitrines s’enfonçaient, longeaient la rue de la Michodière et la
rue Neuve-Saint-Augustin, où elles occupaient, outre la maison
d’angle, quatre autres maisons, deux à gauche, deux à droite,
achetées et aménagées récemment. C’était un développement
qui lui semblait sans fin, dans la fuite
...