Simone De Beauvoir " comment Le Femme [..] Toute Ses Chances "
Dissertation : Simone De Beauvoir " comment Le Femme [..] Toute Ses Chances ". Recherche parmi 289 000+ dissertationsPar faze22 • 19 Décembre 2012 • 505 Mots (3 Pages) • 3 502 Vues
On ouvre aux femmes les usines, les facultés, les bureaux mais on continue à considérer que le mariage
est pour elle une carrière des plus honorables qui la dispense de toute autre participation à la vie
collective. Comme dans les civilisations primitives, l’acte amoureux est chez elle un service qu’elle a le
droit de se faire plus ou moins directement payer. [...] Et la femme mariée est autorisée à se faire
entretenir par son mari ; elle est en outre revêtue d’une dignité sociale très supérieure à celle de la
célibataire... Comment le mythe de Cendrillon ne garderait-il pas toute sa valeur ? Tout encourage
encore la jeune fille à attendre du « prince charmant » fortune et bonheur plutôt qu’à en tenter seule la
difficile et incertaine conquête. En particulier, elle peut espérer accéder grâce à lui à une caste
supérieure à la sienne, miracle que ne récompensera pas le travail de toute sa vie. Mais un tel espoir est
néfaste parce qu’il divise ses forces et ses intérêts ; c’est cette division qui est peut-être pour la femme le
plus grave handicap. Les parents élèvent encore leur fille en vue du mariage plutôt qu’ils ne favorisent
son développement personnel ; elle y voit tant d’avantages qu’elle le souhaite elle-même ; il en résulte
qu’elle est souvent moins spécialisée, moins solidement formée que ses frères, elle s’engage moins
totalement dans sa profession ; par là elle se voue à y rester inférieure ; et le cercle vicieux se noue :
cette infériorité renforce son désir de trouver un mari [...]
Tout engage les femmes à vouloir ardemment plaire aux hommes. Elles sont encore dans l’ensemble en
situation de vassalité. Il s’ensuit que la femme se connaît et se choisit non en tant qu’elle existe pour soi
mais telle que l’homme la définit. [...]
Comment les femmes auraient-elles jamais eu du génie alors que toute possibilité d’accomplir une
œuvre géniale – ou même une œuvre tout court – leur était refusée? [...] La femme libre est seulement
en train de naître ; quand elle se sera conquise, peut-être justifiera-t-elle la prophétie de Rimbaud : « Les
poètes seront ! Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle,
l’homme –jusqu’ici abominable – lui ayant donné son renvoi, elle sera poète elle aussi ! La femme
trouvera l’inconnu ! Ses mondes d’idées différeront-ils des nôtres ? Elle trouvera des choses étranges,
insondables, repoussantes, délicieuses, nous les prendrons,
...