Regionalisme Africain
Mémoire : Regionalisme Africain. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar seyni • 1 Mai 2015 • 14 670 Mots (59 Pages) • 1 083 Vues
M. le professeur François
Borella
Le régionalisme africain et l'Organisation de l'Unité Africaine
In: Annuaire français de droit international, volume 9, 1963. pp. 838-865.
Citer ce document / Cite this document :
Borella François. Le régionalisme africain et l'Organisation de l'Unité Africaine. In: Annuaire français de droit international,
volume 9, 1963. pp. 838-865.
doi : 10.3406/afdi.1963.1061
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/afdi_0066-3085_1963_num_9_1_1061PROBLEMES INTERESSANT LES NOUVEAUX ETATS
LE REGIONALISME AFRICAIN ET L'ORGANISATION
DE L'UNITÉ AFRICAINE
Francois BORELLA
Les Etats indépendants d'Afrique ont accompli en 1963 un pas important
vers la constitution d'un régionalisme africain. Jusqu'à la conférence d'Addis-
Abéba de mai 1963, il n'était en effet guère possible de parler de régionalisme
africain. L'arrivée massive sur la scène internationale d'Etats issus des
anciennes colonies européennes en Afrique s'était bien accompagnée d'un
effort intense et désordonné de ces Etats de se regrouper dans des organisa
tions aux structures juridiques diverses et aux visées ambitieuses (1). Le
panafricanisme alimentait ces efforts vers l'unité africaine. Mais, paradoxa
lement et d'une manière décevante pour l'observateur non africain, cette
volonté d'unité suscitait la création d'une grande diversité de groupements
plus ou moins antagonistes et en tout cas concurrents. Au nom de l'unité
africaine, l'Afrique se morcelait.
A la vérité, le phénomène n'est pas spécifiquement africain, il est univers
el. Il est inexact d'attribuer à quelque « maladie infantile de l'indépendance »
cette hâte à se regrouper qui aboutit finalement à une multitude d'organisa
tions affrontées. Vu sous cet angle, la société internationale tout entière est
victime de ce phénomène. Le régionalisme international, c'est-à-dire le
(*) François Borella, maître de conférences agrégé des Facultés de Droit et des
Sciences économiques; professeur à la Faculté de Droit et des sciences économiques
d'Alger; rédacteur en chef de la Revue algérienne des Sciences juridiques, politiques
et économiques.
(1) Voir notre article « les regroupements d'Etats dans l'Afrique indépendante », dans cet
Annuaire, 1961, p. 787-807. ^ORGANISATION DE i/UNITÉ AFRICAINE 839
regroupement d'Etats sur des bases strictement objectives — géographiques
— n'a pas résisté aux grands clivages politiques qui traversent les régions
naturelles du globe. Comme on l'a écrit « lorsque les Etats aspirent à se
regrouper en vue de prendre des initiatives politiques, leurs affinités, idéo
logiques ou autres, prennent le pas sur la géographie. C'est ici que naît
l'équivoque : le régionalisme politique l'emporte sur le régionalisme véritable,
c'est-à-dire géographique, bien qu'on continue à se réclamer de ce der
nier » (2) . Comment en aurait-il été autrement en Afrique ?
Tout d'abord et par une sorte d'accord tacite mais sans faille, il avait été
exclu que le régionalisme africain puisse englober des Etats ou des territoires
non décolonisés. La politique raciste de l'Union Sud Africaine l'exclut donc
d'un concert africain auquel elle refuse d'ailleurs de s'intéresser. De même
les territoires africains non encore autonomes ne seront pris en considération
que dans la perspective de leur prochaine décolonisation. En particulier, ils
figurent dans les conférences africaines sous la rubrique des territoires à
libérer et par le moyen de la présence des chefs des mouvements nationalistes.
Mais, nous l'avons vu, même sur cette base politique l'Afrique indépen
dante n'avait pas trouvé un terrain d'entente. Or, le fait nouveau, depuis
1963, c'est le retour des Etats indépendants d'Afrique à une conception du
régionalisme africain plus strictement géographique. Cette conception a
triomphé à la conférence d' Addis-Abéba qui a mis sur pied l'Organisation
de l'Unité africaine. Mais pour que cela soit possible, il a fallu que dispa
raissent auparavant les groupements antagonistes. Il nous faut donc étudier
d'abord
...