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"Penser et agir pour la ville durable" par Jean FREBAULT: Quels défis pour les urbanistes et les aménageurs ? La Ville durable, une utopie ?

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Par   •  5 Février 2013  •  4 335 Mots (18 Pages)  •  1 539 Vues

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"Penser et agir pour la ville durable" par Jean FREBAULT

Quels défis pour les urbanistes et les aménageurs ?

La Ville durable, une utopie ?

Sur cette question passionnante et quelque peu insaisissable, non dénuée de pièges et contradictions, je voudrais faire part ici de quelques convictions, parsemées de doutes mais aussi d’une vraie envie d’aller de l’avant. Elles sont nourries par mon parcours professionnel dans l’urbanisme et l’aménagement, quelques voyages récents à l’étranger, ma proximité actuelle avec la société civile au Conseil de développement du Grand Lyon….

Le développement durable à l’épreuve de la complexité urbaine : quelques repères

Trois points me paraissent devoir d’emblée être posés dans le raisonnement

1) Le développement durable dépasse, faut-il le rappeler, la seule dimension environnementale. Il invite à donner la même importance à l’équité sociale et au développement humain, à la dimension économique, à la gouvernance et l’implication citoyenne. Ne diluons pas pour autant les enjeux majeurs dans une notion floue et indéfinie. Le défi du changement climatique et de la raréfaction des ressources de la planète met les acteurs du développement urbain, comme beaucoup d’autres, au pied du mur. C’est dans les territoires urbains et périurbains en effet que se situe une part très importante des enjeux environnementaux, notamment en matière d’émission de gaz à effet de serre et de performance énergétique, de nuisances et de risques, et des réponses fortes sont attendues….. Mais la ville fait « système », est à considérer comme un tout. Dans la concurrence mondiale, la performance et l’attractivité des villes et agglomérations jouent un rôle non négligeable dans le développement économique et l’emploi. Et les sociétés urbaines contemporaines sont confrontées à d’importantes mutations, en matière d’évolutions démographiques (recompositions familiales, vieillissement…) de modes de vie et pratiques de mobilité, et aussi de progression de la précarité et de la ségrégation sociale et spatiale... sans oublier la crise du logement qui, mal anticipée, a pris l’ampleur que l’on sait et engendre de nouveaux besoins. La montée des prix fonciers n’est-elle pas aussi préoccupante que celle du coût de l’énergie ?

2) L’entrée « territoires » doit être au cœur de la démarche. Elle invite à dépasser la juxtaposition d’approches thématiques, traitées sectoriellement avec leurs techniques et méthodologies spécifiques, à promouvoir une démarche « intégrée » qui articule les différents registres d’action, leurs synergies et leurs contradictions. Elle conduit à s’appuyer sur différents leviers interdépendants que sont l’organisation urbaine, l’urbanisme et l’aménagement, la gestion du territoire, le comportement des entreprises, les modes de vie des habitants (choix de consommation, de mobilité, de mode de déplacement..) et leur engagement citoyen, la démocratie participative. Les choix en matière d’urbanisme aux différentes échelles sont particulièrement interpellés par les perspectives du développement durable, ils ne sont jamais neutres. L’amélioration de la performance énergétique se pense non seulement à l’échelle du bâtiment mais aussi à celle du quartier et des futurs développements urbains. Agencement des bâtiments favorisant l’ensoleillement, conception d’espaces publics prenant en compte le cycle de l’eau et la perméabilité, favorisant les « modes doux », le lien social et les lieux de vie, traitement harmonieux des rapports entre le bâti, l’espace végétal et la nature, choix réfléchis des densités et modes de consommation d’espace, coordination des systèmes de transports en commun et des localisations respectives de l’habitat, de l’emploi et les services, organisation de la diversité sociale aux différentes échelles, etc… font partie des thèmes récurrents. L’urbanisme « durable » n’a-t-il pas pour finalité d’ouvrir des possibles, de permettre le choix d’alternatives démocratiquement débattus, de favoriser les comportements éco-responsables et les pratiques de développement durable ? C’est pour nous tous l’opportunité de redonner sens à l’action publique, en relation avec les grandes questions de société

3 ) Appuyons-nous sur la dynamique urbaine que connaissent beaucoup d’agglomérations françaises pour faire la ville durable. La transformation significative de certaines métropoles à travers des projets urbains ambitieux, comme à Lyon, Marseille, Nantes, Bordeaux…et aussi de villes moyennes illustre cette dynamique. Evitons de faire du développement durable, la tentation existe parfois, une nouvelle couche qui viendrait se rajouter à d’autres politiques urbaines. Et interrogeons les évolutions de certains territoires n’allant pas dans le sens du développement durable (faibles densités périurbaines engendrant la domination de la voiture individuelle et le gaspillage de l’espace, fragilisation de la mixité sociale…).

Une mobilisation qui s’amplifie en France, mais un concept encore à clarifier…

Un double constat peut-être fait : celui d’une accélération spectaculaire dans la période récente, de la prise de conscience du développement durable et de sa prise en compte dans les pratiques des acteurs urbains, publics et privés, et des citoyens ; mais aussi celui d’un concept encore flou, au mode d’emploi mal défini voire insaisissable, parfois porteur de confusions ou d’approximations, laissant chacun libre de lui donner le contenu qui l’arrange. Il y a des pièges comme ceux dénoncés par Jean-François GUET dans son article de la revue PCM (1) : le risque de malthusianisme, celui de réserver à des privilégiés les bénéfices des écoquartiers, la dictature des normes « hqe » et de « l’effet de serre » sur les projets en oubliant les autres finalités…

Depuis le sommet de la terre à Rio (1992), la signature de la charte des villes européennes pour un développement durable (Alboorg 1994), et le sommet de Johannesbourg (2002), la mobilisation s’est cependant amplifiée, elle dépasse largement les seuls militants de l’écologie. Il n’y a guère aujourd’hui de projet urbain, d’opération d’aménagement qui ne se réclame de ce concept, qui en fait même un argument de communication forte, même si pour une partie de ces projets, la thématique est restreinte et ne justifie pas encore la dénomination d’écoquartiers. Par ailleurs de plus en plus de PLU et de SCOT développent l’exigence de

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