Observation Analyse

Reynier Véronique

ME voie Pro

Observation Analyse n°4

Je suis dans un foyer de vie qui accueille des personnes atteintes de maladie mentale avec ou sans troubles associés.

Ce dernier jeudi, je travaillais du soir, nous étions tous en train de souper, Manuel était installé à la même table que moi. Avant chaque regroupement, j’explique aux résidents quand je pars en formation et quand je reviens. Manuel me demande si je suis là lundi ; je lui réponds que je suis à l’école. Je me rends compte que cela le touche, car il commence à avoir des larmes aux yeux. Je lui demande alors de m’accompagner dans le bureau.

Il me dit qu’il ne va pas y arriver si je pars, que cela lui parait difficile si je ne suis pas présente. Je lui explique qu’en mon absence, il peut parler auprès des autres éducateurs, qu’il y aura toujours une oreille pour l’écouter. Je lui demande comment cela se passe en famille et s’il commence à prendre ses marques dans le foyer. Il me répond « qu’il n’a que sa mère » et qu’ « avec son père c’est compliqué » que c’est trop dur pour lui d’être handicapé, et que sa mère aussi est handicapée. Je lui explique que j’entends sa “souffrance“ et que nous somme là pour lui apprendre à être plus autonome, ce qui peut-être l’aidera à se sentir moins mal avec son handicap. J’insiste en lui expliquant qu’il peut avoir confiance en tous les éducateurs. Je lui dis que je comprends, qu’aujourd’hui ses habitudes de vie ont changé. Il se calme et je lui demande de retourner à table avec moi pour finir de manger.

Pourquoi a-t-il réagit comme cela avec moi ?

Manuel a 36 ans, il est depuis quelque mois au foyer et il va rester un weekend sur deux après un temps d’adaptation sur notre structure. Il y a peu d’écrits dans son dossier car il n’a pas d’histoire institutionnelle. Il est arrivé sur la structure quelques mois auparavant en accueil de jour. Ses propos sont délirants, il a du mal à avoir une conversation qui ait du sens. Manuel sait lire et se repère facilement à l’extérieur, il prend le bus seul pour rentrer chez lui, et va chercher son journal en ville. Il a des difficultés dans l’intégration de la vie quotidienne. Il doit être accompagné dans son hygiène corporel et dans les taches qui sont planifiées dans ce nouveau lieu de vie car il ne sait pas « comment faire » et il dit « qu’il est fatigué ». Il a du mal à s’intégrer au groupe car c’est quelqu'un de solitaire.

Manuel présente une psychose infantile disharmonieuse, dès l’école primaire, il a bénéficié d’une prise en charge en Education Spécialisée en journée en alternance hebdomadaire entre son père et sa mère. Les parents ont tenté l’institutionnalisation mais les essais se sont avérés infructueux.

Ses parents sont divorcés depuis son enfance. Manuel a vécu pendant des années chez son père, suite à des problèmes cardiaques graves il s’est installé chez sa mère qui présente des problèmes psychiatrique. Aujourd’hui, il voit ses parents en alternance le weekend. Il demande à téléphoner à sa mère tous les soirs à 17h00 précise.

Tant Manuel que sa mère sont en difficultés autour de la question de la séparation. Il a une relation avec elle assez fusionnelle. Il me donne l’impression d’avoir pris un rôle de père ou de conjoint. J’ai assisté plusieurs fois à des conversations téléphoniques. Il a alors des propos incohérents par moment « Il faut absolument que je gagne au loto » et ensuite il lui remonte le moral et lui pose des questions sur : son état de santé, si elle mange etc. Il termine souvent la conversation en lui disant qu’elle ne doit pas s’inquiéter et qu’il va bien. Il peut aussi lui dire que je ne suis pas en formation alors que je suis à côté de lui.

Manuel a fugué plusieurs fois pour retourner auprès de sa mère et il m’est difficile de savoir si cela est réellement pour lui ou pour elle ? J’ai eu l’occasion de parler à sa mère au téléphone. Je lui ai expliqué que nous pourrions nous rencontrer avec son fils et échanger sur ses habitudes de vie. Mon but étant de connaitre comment il a investi sa chambre ses sa mère pour investisse la nouvelle. Elle a coupé cour à notre discussion, en me répétant qu’il allait rentrer seul. Elle me dit également

...