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Novecento Pianiste

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Par   •  24 Mars 2013  •  2 336 Mots (10 Pages)  •  4 014 Vues

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Synopsis

Danny Boodman T.D. Lemon Novecento. La trentaine. Né lors d’une traversée Europe-Amérique sur le Virginian et abandonné dans un carton sur un piano par ses parents, Novecento n’a jamais mis le pied à terre. Mais il est aussi devenu un pianiste de génie, dont la musique étrange et magnifique n’appartient qu’à lui. Cette histoire, « limpide et inexplicable », son histoire, c’est Tim Tooney, un trompettiste de jazz embauché en 1927 sur le Virginian pour jouer de la musique aux « rupins en classe de luxe », qui nous la raconte sous la forme d’un court monologue poétique. Avec une délicate touche d’humour.

Naviguant sans répit sur l’Atlantique, Novecento passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt-huit touches d’un piano. C’est un homme étrange, discret et naïf, dont la musique magique devient comme l’écho de l’Océan. Mystérieux, Novecento l’est aussi parce qu’il est capable de parler de n’importe quelle ville, de n’importe quelle rue, de n’importe quelle femme, de n’importe quelle odeur, sans jamais s’être rendu nulle part. C’est comme s’il réussissait à lire les passagers du paquebot, leurs histoires, et qu’il en dessinait une carte immense, une carte du monde, sur laquelle il voyage pendant que ses doigts caressent le piano.

« Il jouait n’importe quelle diable de musique, petite, mais… belle. Pas de trucage, c’était vraiment lui qui jouait, c’était ses mains à lui, sur ce clavier, Dieu sait comment. Et il fallait entendre ce qu’il en sortait. Il y avait une dame en robe de chambre, rose, avec des espèces de pinces dans les cheveux…le genre bourrée de fric, si vous voyez ce que je veux dire, une Américaine mariée avec un assureur… eh bien, elle avait de grosses larmes, ça coulait sur sa crème de nuit, elle regardait et elle pleurait, elle ne pouvait plus s’arrêter.» (p. 31)

Novecento et Tim sont devenus amis. Un jour, un célèbre pianiste de jazz, « l’inventeur du jazz », embarque à bord du Virginian. Son idée : un duel avec « ce type qu’a même pas assez de couilles pour descendre d’un foutu bateau ». Entre les deux hommes va alors se dérouler un incroyable et déroutant duel musical, une performance enivrante à en faire pâlir l’Océan.

Et puis vient le jour où Novecento décide de quitter la mer et de descendre à New-York. Les raisons de ce changement restent floues. Mais le pianiste ne mettra pas le pied à terre, arrêté et immobile, un pied sur la deuxième marche et l’autre sur la troisième. Il reste là, pensif, puis disparaît à l’intérieur du navire.

« Je sais maintenant que ce jour-là Novecento avait décidé qu’il allait s’asseoir devant les touches blanches et noires de sa vie, et commencer à jouer une musique, absurde et géniale, compliquée mais superbe, la plus grande de toutes. Et danser sur cette musique ce qu’il lui resterait d’années. Et plus jamais être malheureux. » (p.69)

C’est Tim qui quittera réellement le bateau en 1933, après un dernier duo avec son ami. On n’en saura pas davantage sur sa vie après ces sept dernières années de traversée, seulement que la guerre s’est déclarée, « collée à tes basques. À pas vouloir te lâcher ». Et puis Tim reçoit une lettre lui apprenant que le Virginian était rentré de la guerre en très mauvais état après avoir servi d’hôpital flottant, et qu’il allait être détruit et coulé dans peu de temps. Ce paquebot, c’est Novecento. C’est à la fois sa vie, et sa maison. C’est pourquoi Tim décide de se rendre au port où se trouve le navire pour revoir Novecento.

« Il était pas descendu, lui / Dans la pénombre, on aurait dit un prince / Il était pas descendu, il allait sauter avec le reste, au milieu de la mer / […] Sur ce navire englouti par l’obscurité, mon dernier souvenir de lui, c’est une voix, juste une voix, adagio, qui parle / » (p.74)

Leur dernière discussion, « un rituel de deuil pour commencer à se séparer de la vie », sur ce paquebot mourant, nous apprend les mystérieuses raisons qui avaient poussé Novecento à rester sur le bateau au lieu de débarquer à New-York. Une histoire d’infini, une histoire de peur. De folie aussi.

« Il y avait tout / Mais de fin, il n’y en avait pas. Ce que je n’ai pas vu, c’est où ça finissait tout ça. La fin du monde / […] C’est ça que j’ai appris, moi. La terre, c’est un bateau trop grand pour moi. C’est un trop long voyage. Une femme trop belle. Un parfum trop fort. Une musique que je ne sais pas jouer. Pardonnez-moi. Mais je ne descendrai pas. Laissez-moi revenir en arrière. » (p.77-78)

La peur de Novecento est celle de la petitesse de l’homme face à l’immensité du monde, tel l’infini de l’Océan. Comme le dit si bien Françoise Brun, Novecento est un homme « en exil […], enfermé dans un geste unique, absurde, éternellement répété, jouer du piano. »

L’histoire d’un « étrange voyage » que Novecento n’a jamais racontée à personne, sauf à Tim, ce dernier jour de sa vie, avant que ne saute le Virginian.

Une allégorie du XXe siècle

En Italien, « Novecento » a deux significations : « l’année 1900 » et « le XXe siècle ». La traductrice française d’Alessandro Baricco nous oriente en choisissant de conserver le nom en italien. L’expression « allégorie du XXe siècle » nous vient de la préface de Françoise Brun, qui y voit une des raisons du succès de Novecento : pianiste. En effet, on retrouve dans ce texte des références au contexte historique et social du XXe siècle. Ainsi la traductrice mentionne le thème de l’émigration d’Européens en difficulté financière vers le Nouveau Monde, à la recherche de meilleures conditions de vie. Pas moins de quatre millions d’Italiens furent dans cette situation. Il est aussi question des grands transatlantiques de l’entre-deux-guerres ; le Virginian lui-même a existé, désarmé à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, il sert d’hôpital flottant pour accueillir les soldats blessés. Enfin et bien sûr, il y a le jazz, apparu aux États-Unis en Louisiane au début du XXe siècle, issu du peuple noir américain de l’esclavage et de la culture européenne importée par les colons. Lorsque Tim joue pour être embauché sur le Virginian, le capitaine lui demande :

« C’était quoi ?

– Je sais pas. […]

Quand tu sais pas ce que c'est, alors c’est du jazz. »

On

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