Mélancholie Irlandaise

ESur la lande, j’accroche mes pas à l’horizon nuageux. La musique triste d’une vielle ravive à ma mémoire des émotions : la peau blanche comme l’écume, d’une perle irlandaise. Les cheveux au vent, je me suis perdu sur les sentiers, je hume encore le parfum vert d’une fille rousse et d’encore son souffle au travers du souvenir de ses lèvres espiègles…

Des écharpes d’or dansent sur les percées colorées des rayons solaires. Le silence aigu parle aux oiseaux de la falaise et entre deux bruits de ressac, bien plus léger que la tourmente des éléments ils portent des messages aux cieux blêmes.

La pierre s’entasse sur les bords du chemin et l’herbe sauvage s’encanaille au milieu du terre plein. Comme j’épuise mon regard sur le fil ténu de l’infini des lignes marines, je croise une fête de village. Des clameurs de fifres et de chants montent, vibrant dans l’air humide. Mon âme suspend son vol au-dessus du temps. Un bref instant éternel où l’on souhaiterait crier à Chronos de nous foutre la paix… et conserver à jamais la sérénité du moment aux tréfonds de la mémoire.

Des cloches teintes au loin, des brebis égarées ? Une allusion aux croix postées à quelques intersections, gardiennes du temple naturel et invisible qui nous entoure. Que les dieux celtes me protègent de la noirceur de la guerre que je pressens proche, exhumez les démons de l’intolérance et l’ile s’embrassera de feu et les rivières auront la couleur du sang…

Ici je m’assoirai pour le dernier battement de ma pompe circulatoire, je m’endormirai en quête de la vérité de l’au-delà. Le bleu de mes tempes irriguant mes rides comme autant de signes de ma jeunesse perdue, la morsure des années ne pouvant plus faire couler le sang du pèlerin assouvi.

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