Les Mémoires d'Hadrien

        Marguerite Yourcenar écrit à la page 327 des Carnets de notes des Mémoires d’Hadrien : « Un pied dans l ‘érudition, l’autre dans la magie, ou plus exactement, et sans métaphore , dans cette magie sympathique qui consiste à se transporter en pensée à l’intérieur de quelqu’un ». L’érudition désigne le savoir approfondi dans un ordre de connaissances, et en particulier dans toutes celles qui sont fondées sur l’étude de textes . Puis en contradiction la citation fait part d’une magie sympathique qui est un type de magie fondée sur l’imitation ou par correspondance. Dans quelle mesure le rapport dialectique entre « soi-même » et de « l’autre » est utilisé par la méthode tant affirmé par Marguerite Yourcenar ?  

Il est alors pertinent de se demander si cet ouvrage permet de présenter les réflexions d’Hadrien comme étant universelles.

Tout d’abord il est intéressant d’analyser cette oeuvre érudite notamment aux travers des éléments qui caractérisent la méthode d’écriture de Marguerite Yourcenar puis la portée romanesque et fictive qu’apporte cette oeuvre, et pour finir l’aspect universel qu’elle comporte.

        Certes cette oeuvre a un caractère d’érudition, le roman retrace assez fidèlement la vie du véritable empereur Hadrien, connu pour son humanisme et sa politique pacifiste. Marguerite Yourcenar utilise certains procédés lui permettant d’exprimer ses propres connaissances sur l’empereur Hadrien. Elle raconte la vie de l’empereur en le tournant en biographie avec la première personne du singulier « je » qui interprète Hadrien. Toutes ses connaissances elle les détient de textes ou documents anciens et sont donc des faits réels et précis tels que dans les conflits militaires avec la guerre face aux Parthes.

         De plus elle a prêté attention aux différents contextes historiques et ainsi créer un contraste entre le règne de Trajan et le règne d’Hadrien par exemple.

Marguerite Yourcenar a opté pour une écriture très classique et a adopté un langage soutenu pour se mettre dans la peau de l’empereur. Dans le Carnet de notes de « Mémoires d’Hadrien » elle explique tout son cheminement avant et  pendant l’écriture du roman ainsi que l’étendu de ses recherches approfondies sur l’environnement historique, philosophique et culturel. Marguerite Yourcenar a donc à travers ce livre eu l’envie de retranscrire aux lecteurs l’époque romaine.

Enfin dans le sujet il est intéressant de reprendre les propres mots de Marguerite Yourcenar dans le Carnet de notes, en relevant ces mots suivants « un pied dans l’érudition » ce qui souligne le fait qu’elle eu besoins de beaucoup de documentations.  

« Ceux qui mettent le roman historique dans une catégorie à part oublient que le romancier ne fait jamais qu’interpréter, à l’aide des procédés de son temps, un certain nombre de faits passés, de souvenirs conscients ou non, personnels ou non, tissus de la même matière que l’Histoire. » dans le Carnet de notes permet d’affirmer cet aspect érudit.

         Mais Mémoires d'Hadrien n’est plus seulement un roman historique c'est une autobiographie fictive. A travers les personnages, Marguerite Yourcenar fait part aux lecteurs de ses multiples réflexions sur diverses sujets tels que l’amour, l’esclavage ou bien encore la mort. Elle les traitent de manière actuelle, comme la société de nos jours le fait. Marguerite Yourcenar relie donc le passé et le présent à travers ces références communes.

        En outre  Marguerite Yourcenar vit avec son personnage; elle l’observe et cohabite avec lui comme si ils partageaient le même corps et ne faisaient plus qu’un dans le but de comprendre Hadrien ; sa méthode de pensée, de sentir, d’aimer. Hadrien est un reflet de son siècle, un portrait du réel personnage historique cependant ses pensées et son esprit sont interprétés et inventés par l’auteur. Les Mémoires d’Hadrien sont ses mémoires fictives lors de son règne sur l’empire romain. De plus, ses mémoires empruntées à Adrien apparaissent de nouveau dans le chapitre Saeculum Aureum. Celui ci décrit l’idylle entre Hadrien et Antinous jusqu’à  sa mort, le seul être qu’Hadrien n’ait jamais aimé. Cependant l’explication de sa mort fut en grande partie inventée de toutes pièces par  Marguerite Yourcenar, cela a permit à l’écrivaine d’y apporter ses propres interprétations et de combler les quelques faits historiques non connus.

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