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Le théorème du lampadaire

Commentaire d'oeuvre : Le théorème du lampadaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Avril 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 548 Mots (11 Pages)  •  399 Vues

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Jean Paul FITOUSSI : LE THEOREME DU LAMPADAIRE

Biographie de l’auteur :

              Jean-Paul Fitoussi est économiste. Professeur à l'Institut d'études politiques de Paris, depuis 1982, il est président de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), depuis 1989. Jean-Paul Fitoussi est membre du conseil scientifique de l'Institut François Mitterrand et président du conseil scientifique de l'IEP de Paris, depuis 1997.

             Jean-Paul Fitoussi travaille sur les théories de l'inflation, du chômage, des économies ouvertes et sur le rôle des politiques macroéconomiques. Ses travaux récents portent sur les rapports entre la démocratie et le développement économique. Il a publié de nombreux articles dans différentes revues économiques, notamment l'American Economic Review, Brookings Papers on Economic Activity ou Journal of Money Credit and Banking. Il est aussi l’auteur de plusieurs études, en particulier, La Règle et le Choix (Seuil, 2002), EDF, le marché et l'Europe : L'avenir d'un service public (Fayard, 2003), La Démocratie et le Marché (Grasset, 2004) et La Politique de l'impuissance (Arléa, 2005). Il publie régulièrement, des rapports sur l’état de l'Union européenne, chez Fayard.

Jean-Paul Fitoussi a reçu le prix de l'AFSE (Association Française des Sciences Économiques) et le prix Rossi de l'Académie des Sciences Morales et Politiques. Doyen honoraire de la Faculté de Strasbourg et Doctor Honoris Causa de l'Université de Buenos Aires, il est officier de l'Ordre national du mérite et chevalier de la Légion d'Honneur.

  • La plupart des théories économiques sont complexes, voire inutiles, car notre représentation théorique du monde est éloignée du monde réel.
  • Selon John Maynard Keynes, les marchés financiers sont incapables de déterminer correctement le prix des actifs.
  • À l’inverse, l’École de Chicago affirme que ‘les marchés financiers déterminent les prix de façon correcte’.
  • Pourtant, les marchés commettent des erreurs, qui se soldent parfois par des bulles spéculatives entraînant des conséquences importantes telles que le chômage et la récession.
  • Il existe deux systèmes bancaires distincts : le premier est régulé et gère les dépôts des particuliers alors que le deuxième, le ‘système bancaire fantôme’, ne l’est pas ou peu.
  • Les banques ont participé à la prolifération du système bancaire fantôme.
  • Les déséquilibres globaux et la croissance des inégalités de revenu peuvent expliquer les causes de la crise financière.
  • Les excédents des pays émergents et asiatiques ont entretenu ‘l’exubérance des marchés financiers’.
  • L’Union économique européenne souffre de trois ‘vices de construction’ majeurs.
  • Les comparaisons internationales et les classements par pays continuent d’utiliser le PIB comme mesure de la réussite économique alors qu’il ne reflète pas la situation réelle de la population.

L'ouvrage

Selon l’auteur, la déraison économique semble avoir gagné les esprits : « tout est donc déraisonnable dans ce qu’il advient du monde aujourd’hui : le niveau d’inégalité, celui du chômage, la masse des carrières interrompues, le nombre étonnant de celles qu’il est impossible d’entamer, de celles qui s’échouent à quelques années de la retraite, l’énormité des fortunes accumulées, l’obscénité de certaines rémunérations, l’insécurité généralisée dans les pays riches » . Comment en est-on arrivé-là ? Dans un monde où la concurrence et les égoïsmes l’emportent sur la coopération, nous sommes à l’image de cette personne qui cherche ses clefs sous un lampadaire non pas parce qu’elle les a perdues là, mais parce que c’est le seul endroit éclairé de la rue : il est de notre responsabilité de déplacer nos lampadaires et de porter notre attention sur les véritables phénomènes qu’il convient d’analyser, alors que les idées et les concepts qui nous guidaient jusque là ont été inopérants. Nos métriques semblent dépassées et il est plus que jamais nécessaire de redéfinir nos priorités de politique économique : longtemps les gouvernements ont braqué les projecteurs sur la priorité donnée à la stabilité des prix et à la théorie des marchés concurrentiels pour guider leur action, mais il est temps aujourd’hui de tirer les enseignements des limites de ces doctrines et d’accepter le fait que la crise est aussi une crise de la science économique. Jean-Paul Fitoussi défend l’idée que les théories et les doctrines qui président à nos actions, et déterminent quels moyens mettre en œuvre pour atteindre nos fins, doivent être corrigées (certains parlant même « d’économie zombie ») : la crise a en effet montré que nombre d’entre elles sont désormais périmées (« De même que la lumière d’étoiles mortes depuis longtemps parvient encore jusqu’à nous, celle de théories invalidées à plusieurs reprises par les faits continue à nous éclairer »). Sans doute aussi que nos systèmes de mesure et de comptabilité nationale (comme le PIB), dominés par l’accumulation de biens matériels, sont frappés d’obsolescence face aux enjeux multidimensionnels du bien-être et de la soutenabilité.

Une crise de la théorie économique ?

La pensée libérale dominante évacue l’idée de rupture en postulant l’impossibilité des crises et le caractère foncièrement stable des économies de marché : en effet, dans les théories d’inspiration néoclassique (comme l’école des cycles réels), les fluctuations économiques sont toujours la conséquence de réactions volontaires et rationnelles des agents économiques aux chocs qui touchent l’économie. Dans cette perspective, l’intervention de l’Etat ne fait que perturber les signaux du marché. Ainsi, « les tenants de la théorie économique dominante pourraient envoyer le télégramme suivant aux gouvernements de la planète : « Marchés toujours équilibrés. Stop. Pas de crise financière, pas de chômage, pas d’insuffisance de la demande. Stop. Surtout ne faîtes rien. Stop » …Or, si la science économique est bien une discipline intellectuelle rigoureuse définissant un mode spécifique d’appréhension de la réalité sociale, elle est traversée de débats qui déterminent le modèle de société, en raison des choix de politiques publiques effectués. Or, contredite par les faits lors de la crise de 2007 comme jadis en 1929, la théorie néoclassique se heurte à l’objection formulée par Keynes dans sa Théorie générale de l’Emploi, de l’intérêt et de la monnaie en 1936 : « les théoriciens de l’école classique ressemblent à des géomètres euclidiens qui, se trouvant dans un monde non euclidien et constatant qu’en fait les lignes droites qui semblent parallèles se coupent fréquemment, reprocheraient aux lignes leur manque de rectitude, sans remédier autrement aux malencontreuses intersections qui se produisent. En vérité, il n’y a pas d’autres remède que rejeter le postulat d’Euclide et de construire une géométrie non euclidienne ». On pourrait également appliquer cette sentence à la théorie de l’efficience des marchés financiers, longtemps la référence justifiant les politiques de dérégulation financière, alors que les réflexions dans le cadre de la filiation keynésienne ont donné de biens meilleurs résultats (et sont de biens meilleurs lampadaires) pour éclairer la crise financière. Par ailleurs, l’analyse de la politique monétaire a longtemps été privilégiée, alors que la technologie de la politique budgétaire et l’intégration du secteur financier à la théorie macroéconomique, ont, quant à elles, été négligées. Le paradigme de la régulation interne (autorégulation des marchés) s’est imposé dans le monde académique et les institutions internationales, tandis que le paradigme de la régulation externe, selon lequel le bon fonctionnement de l’économie de marché ne peut se concevoir sans l’intervention d’un agent extérieur, l’Etat, est passé durablement au second plan. Or, selon Jean-Paul Fitoussi, si le libéralisme classique a postulé depuis Adam Smith le dépérissement du politique et l’autorégulation des marchés, il est important de rappeler qu’aucune société ne peut être harmonieuse sans la présence d’un Etat démocratique.

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