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Le chercheur d'or, l'émeute

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Par   •  28 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  2 409 Mots (10 Pages)  •  707 Vues

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Le chercheur d’or

LA2 : l’émeute

Jean Marie Gustave Le Clézio, récompensé en 2008 par le prix Nobel de la littérature, est un romancier nomade partagé entre plusieurs civilisations que sont le Mexique, la France et Maurice. En 1981, il part en voyage à Maurice à Rodrigues à la rencontre de ses propres origines, à la recherche « du tombeau du premier Le Clézio  à avoir débarqué sur l’île Maurice ». Ce voyage donne naissance à trois textes : Voyage à Rodrigues, Journal d’un chercheur d’or et le roman Le chercheur d’or publié en 1985.

Le chercheur d’or est dédié à son grand père Léon qui souhaitait trouver un trésor capable de faire resurgir le bonheur perdu des origines, le bonheur de l’Euréka, un domaine familial dépeint comme paradisiaque.

Dans l’enfoncement du Boucan, première partie, nous suivons les pas du jeune Alexis, âgé d’environ 8 ans. Celui-ci explore son environnement mauricien, pêchent, se baignent, observent les travailleurs des champs et le fonctionnement de la sucrerie. Il est heureux. Mais une atmosphère sombre s’installe : sa mère tombe malade, son père s’absente suite à ses affaires familiales, il n’a plus le droit de revoir son ami Denis. Alexis poursuit malgré tout ses promenades mais seuls. C’est ainsi qu’il assiste à une émeute à la sucrerie.

LECTURE

  • Comment l’enfant perçoit-il l’émeute ?
  • En quoi cette scène est-elle initiatrice ?

PLAN

I        Une scène d’émeute impressionnante.

Les ouvriers agricoles sont représentés comme un personnage collectif déchaîné, une foule en mouvement qui chante. La foule forme une masse compacte soulignée par des termes collectifs tels que « la masse des hommes », « les hommes », « les femmes », « la foule » (5 occurrences), « les cris ». La répétition de « la foule » au singulier donne au groupe une dimension de force et d’unité tout comme la conjonction de coordination « «et » dans « les hommes et les femmes ». C’est une force en mouvement comme le suggère l’antithèse initiale « avance, recule » qui nous rappelle la mer : son flot incessant mais également sa force destructrice. Cette force qui nous est présentée est particulièrement bruyante comme le laissent entendre l’adjectif « stridente » tout comme la répétition du substantif « cris ».

Cette force est dangereuse étant donné qu’elle va se livrer à un assassinat rendu perceptible par l’euphémisme final : « il est porté à bout de bras (…) jusqu’à la gueule du four à bagasse ». L’énumération des outils agricoles métamorphosés en armes que sont : « des sabres d’abattage, des faux (…) des houes et des serpes » met l’accent sur la violence qui s’apprête à sévir. Ces hommes et femmes sont déterminés et prêts au combat comme le suggère la présence du verbe brandir. La tournure syntaxique fort simple accentue cette détermination. Ils ne se laisseront aucunement faire et sont déjà prêts à commettre le pire. Le danger est imminent. Les sifflantes associées aux explosives dans : « Les hommes brandissent des sabres, des faux, et les femmes des houes et des serpes » soulignent l’imminence du danger tout comme l’adjectif « stridente » faisant référence à un son aigu, désagréable nous rappelant pourquoi pas le son d’une sirène d’alarme lorsque le danger est à proximité.

Cette violence est d’autant plus présente que les hommes ne prêtent aucunement attention à Alexis comme le renforce la proposition subordonnée d’opposition « tandis que la foule me bouscule ». Ces hommes sont résolus, hypnotisés par leur colère si bien qu’ils ne peuvent plus prêter attention à l’innocent.

La scène décrite est impressionnante, spectaculaire. Spectacle car le mouvement est initialement comparé métaphoriquement à « une danse étrange » et ce à deux reprises. Spectacle également de par le fait que le narrateur soit en position de spectateur. « Je vois » est répété à trois reprises. A cela s’ajoute le verbe « j’aperçois ». Le sens visuel est en tête de ligne, il souligne le caractère ostensible de la scène. D’ailleurs l’opposition entre le statisme d’Alexis (« immobile » et le mouvement de la foule (« me bouscule ») nous montre bien que le narrateur est totalement étourdi par ce qu’il regarde. C’est un spectacle grandiose où hommes et bêtes se côtoient. Le surgissement des trois cavaliers nous laissent à voir une scène épique pourquoi pas digne du monde médiéval. Effectivement, le regard d’Alexis se focalise l’espace d’un instant sur ces animaux étant donné que ceux sont eux le sujet des verbes : « les poitrails des chevaux poussent », « deux chevaux s’échappent », « ils sont passés si près de moi » ce qui renforce l’aspect spectaculaire de cette scène de révolte. Les nombreux pluriels tels que « les hommes », « les femmes », « coups », « les cris », « des coups » amènent un aspect impressionnant renforcé par les verbes de mouvements que sont « avance », « m’entoure », « s’élancent », « poussent », « le bousculent ». L’accent apocalyptique est donné. Il est annoncé par la présence de la « poussière » : « je suis aveuglé par la poussière », « dans la poussière » pour se matérialiser par la dernière image de l’extrait : « la gueule du four » nous livrant ainsi une image de l’enfer.

Cette vision apocalyptique s’oppose totalement au monde dans lequel évoluait le jeune Alexis. La violence à laquelle il assiste est non seulement physique mais également psychologique pour lui. C’est avec violence qu’il découvre et s’initie au monde.

II        Une épreuve initiatique pour Alexis ?

L’événement tragique semble « mis à distance » par la narration enfantine. En effet, certaines images développées antérieurement comme celle de la « danse étrange » ne coïncident pas avec la violence de la scène. Cette métaphore paradoxale nous laisse à voir une sorte de procession-rituel que la métaphore « les bruits font une modulation stridente » suggère également. Il en va de même avec certains aspects descriptifs tels que « les yeux égarés » du sirdar qui peut être perçu comme un euphémisme comme si l’enfant qu’est Alexis cherchait à refouler le plus longtemps possible la dure réalité à laquelle il assiste.

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