L’amitié n’a-t-elle que des vertus ?

Développement personnel ; « L’amitié n’a-t-elle que des vertus ?

        La nature nous porte vers les autres hommes, on est programmé pour vivre avec les autres, se lier. Un des liens profonds humains est l’amitié. Cette relation affective est distincte des relations familiales, amoureuses ou des simples relations courtoises. Nombreux sont ceux qui pensent que l’amitié est indispensable à leur vie. En ce sens on peut se demander si ce sentiment ne comporte que des qualités et s’il n’apporte que des bienfaits. Afin de répondre à cette problématique, les différentes vertus de l’amitié seront étudiées dans un premier temps puis, dans une deuxième partie, les travers, les défauts voire les excès que cette relation peut entrainer, seront traités.

        Les nombreux écrits sur ce sentiment illustrent bien l’importance que les individus donnent à l’amitié. On peut en déduire que seules des vertus lui sont attribuées.

        Avant tout, comme l’avance Montaigne, l’amitié est un sentiment totalement désintéressé qui désobéit aux valeurs matérialistes. La Fontaine l’a également souligné dans sa fable « Les deux amis ». Il y prend à témoin le lecteur, des vertus de l’amitié. En effet, il y relate l’inquiétude de deux amis l’un envers l’autre et montre l’entraide bienveillante réciproque. Cette alliance est sincère et entière. De ce fait, c’est un cœur à cœur ou s’exprime la sincérité, un franc parler. Il provient de la nature même des personnes. L’ami n’étant pas neutre, on peut s’entendre dire des choses désagréables. Le film « Le cœur des hommes », illustre bien cette propriété ; les personnages ne manquent pas de souligner les défauts de chacun tout en compatissant à la détresse que certains peuvent ressentir.

        En outre, dans notre société d’individualistes qui nous isole, l'amitié est une force pour l'homme. Le partage des valeurs communes donne du sens à l'existence comme le rappelle Michel Onfray. Et selon Aristote, l’ami vertueux est en vérité le miroir dans lequel il est possible de se voir tel que l’on est. C’est donc une manière de ne plus se sentir seul et incompris, cela rassure et peut apporter joie et bonheur.

        Ainsi, l’amitié nait de découverte d’affinités, de points communs de valeurs morales communes qui favorisent une quête authentique de soi et d'autrui. Elle prend en compte la singularité individuelle de l’ami et le sentiment d'une affinité profonde. Cette découverte de l’autre et cette attache amènent l'individu à l'amour de soi, elle participe donc à la construction de sa propre identité. L’amitié rend donc plus fort, comme le confirme Michel Onfray,

        Cependant si l'amitié suppose des vertus dont on ne peut faire que des éloges, la société peut en redouter des effets plus pervers. Ce lien puissant constitue une microsociété régie par ses propres lois qui peut rendre l’individu asocial ou bien l’isoler.

        D’abord, l'amitié résulte d'un choix et refuse le grand nombre. Comme le précise Michel Onfray, l’amitié est élective L'ami est adopté librement, l’individu se plait de partager avec lui une relation privilégiée. S’il doit subir sa famille, ce n’est pas le cas avec son ami. Cette relation qui appartient au domaine du privé, se restreint à une ou deux personnes qui nous ressemblent, qui ont les mêmes centres d’intérêts, voire les mêmes origines sociales. Ce choix presque égoïste repose donc sur des valeurs individuelles au détriment du groupe.

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