La vocation de la poésie

Peu de poètes s’accordent sur leur idée personnelle de la poésie. Charles Baudelaire, poète français du XIXe siècle, estimait dans L’Art poétique que “celui qui n’est pas capable de tout peindre [...] tout ce qu’il y a de plus doux et tout ce qu’il y a de plus horrible [...], celui-là n’est pas vraiment poète dans l’immense étendue du mot”. La poésie cherche avant tout à produire de beaux énoncés. Ainsi, Baudelaire affirme qu’il est possible et même indispensable de le faire à partir de sujets admis comme poétiques mais surtout avec des objets abjects et répugnants donc choquants, car ceux-ci seront de toutes manières modelés et rendus beaux grâce au langage poétique et au style du poète. Est-ce vraiment le cas, le poète peut-il transformer tout objet en poésie ? N’existe-t-il pas tout de même certains lieux communs qui favorisent la création poétique ? Nous verrons tout d’abord comment le lyrisme, la forme poétique la plus souvent exploitée, est propice à la création artistique, puis nous étudierons la façon dont Baudelaire et d’autres poètes ont su mêler le sordide à la beauté dans leurs oeuvres. Enfin, ne peut-on pas assigner une finalité de pure esthétique à la poésie ? Le fond et la forme, en d’autres termes la fin et les moyens sont-ils vraiment dissociables dans une oeuvre d’art ?

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La poésie a pour vocation première de solliciter les sens et sentiments du lecteur et de le faire rêver, d’une certaine manière. Elle est avant tout associée au lyrisme, qui est le registre le plus fréquemment sollicité. Grâce au partage de ses sentiments et notamment aux procédés qui permettent d’exprimer ses émotions (le lexique, l’énonciation particulière ou encore la musicalité d’un poème), le poète établit un lien particulier avec son lecteur. Aussi le thème de l’amour est-il privilégié dans la poésie du XVIe siècle ; les poètes de la Pléiade tels que Joachim Du Bellay évoquent l’être aimé sous des formes divines comme dans l

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