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La Souffrance Peut-elle Avoir Un Sens ?

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Par   •  1 Avril 2015  •  2 869 Mots (12 Pages)  •  1 108 Vues

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Le sujet peut paraître diffiile, car il demande un réel effort d’adaptation. De

nombreux candidats ont voulu à tout prix ramener le sujet à des problématiques convenues

et connues : la condamnation de l’imagination au nom de la connaissance objective, ou bien

la valorisation inconditionnelle de l’imagination, élevée par les poètes au statut de « reine

des facultés ». La plupart ont essayé de différencier imagination et image à partir du modèle

de la vie et de la puissance. L’imagination serait du côté de la potentialité et de la fécondité,

alors que l’image serait du côté de la fiité et de la fiité. Mais ils ont du mal à maintenir cette

distinction, car ils rencontrent immédiatement une diffiulté formelle : comment l’imagination

peut-elle être riche alors que son matériau imagé est pauvre ? Ils se sont alors dirigés vers

une interdépendance et une réciprocité faciles. Les images pauvres sont en rapport avec

une imagination pauvre et les images riches sont en rapport avec une imagination riche !

L’opposition richesse-pauvreté n’est pas interrogée, elle reste implicite. Les meilleures

copies défiissent une différence de niveau entre image et imagination et s’y tiennent. Elles

évoquent aussi d’autres sens de l’image, l’image perçue ou l’image littéraire.

La diffiulté du sujet vient du fait que l’imagination est l’unité du genre qui englobe

l’image tout en s’opposant à elle, puisque l’image est affectée d’une différence qualitative, la

pauvreté. Comment comprendre cette dissymétrie paradoxale ? Pourquoi opposer image et

imagination dans les termes de pauvreté et de richesse ?

Le sujet se complique, car le mot « image » est ambigu. Il désigne l’image mentale,

mais aussi l’image perçue (un portrait, une photographie). On parle aussi d’image littéraire.

Comment gérer cette diversité ?

Richesse psychologique de l’imagination et pauvreté de l’image mentale.

L’image mentale est la représentation interne d’une réalité donnée dans l’expérience.

Sans avoir devant moi mon ami Pierre ou le Panthéon, je peux les évoquer, en avoir l’image.

L’image est toujours image de quelque chose, elle renvoie à cette chose, mais ne la contient

pas « matériellement ». Dans les termes de la phénoménologie contemporaine on parle de

« visée », d’« intentionnalité ». Par exemple, si l’on me demande de compter les colonnes

du Panthéon que je vise en image, je serai bien embarrassé pour répondre. Car l’image ne

contient pas l’objectivité consistante du Panthéon, telle que je peux le considérer après avoir

monté l’avenue Soufflt. De même pour l’image de mon ami Pierre, elle ne m’informe pas sur

sa réalité effective, telle qu’elle se déploie dans l’événementiel de la vie. L’image contient des

traits d’identifiation, de reconnaissance, une humeur. Bref, l’image se réduit à la simple visée

d’une chose absente. « Pauvreté des images » !

L’imagination est faculté des images, certes, mais elle est plus et autre chose.

Les images, détachées des connexions externes de l’espace et du temps, forment le fond

intérieur (dormant) de la conscience. L’imagination donne à l’image une seconde naissance.

Elle exerce son activité de liaison et de combinaison. Dans le rêve les images remontent de

leur fond pour hanter le sujet pendant son sommeil et former une cohérence incohérente.

Freud parle du « travail du rêve » ! Dans la vie consciente l’imagination exploite les

images pour former un récit intérieur. Ainsi l’enfant avec des objets dérisoires qui servent

d’analogon, forme un univers enchanté. L’adolescent avec quelques signes imagine une

histoire merveilleuse d’amour ou d’aventure. L’adulte imagine aussi ses propres histoires,

mais il garde secrètement pour lui ses rêves les plus intimes, car il connaît la loi du réel

et la suspicion des autres. Nul mieux que Marcel Proust n’a mis en scène « le travail de

l’imagination » dans le rapport amoureux. Au début Swann, le héros paradigmatique de La

Recherche, ne s’intéresse guère à Odette de Crécy « aux joues jaunes, languissantes » et

aux « grands yeux, si fatigués et maussades », jeune femme qu’il rencontre régulièrement

dans le salon des Verdurin. Mais, une jalousie soudaine excite son intérêt à son égard et il la

transfiure en l’associant à un morceau de musique de la sonate de Vinteuil et à une peinture

de Botticelli. Son amour à l’égard d’Odette s’alimente de l’imagination d’un éventuel rival et

des représentations imaginaires de l’art. « Richesse de l’imagination » !

On peut donc parler de richesse « psychologique » dans la mesure où, au sein du

psychisme, se dessinent deux niveaux distincts : le niveau simple des images et le niveau

second de l’imagination productrice (cf. Kant, Anthropologie d’un point de vue pragmatique, §

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