LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

L'école est-elle démocratique ?

Dissertation : L'école est-elle démocratique ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Janvier 2018  •  Dissertation  •  2 633 Mots (11 Pages)  •  795 Vues

Page 1 sur 11

BELLANGER Maxime

L1 HISTOIRE

Philosophie

L’Ecole est-elle démocratique ?

Finkelkraut, Zemmour, Polony, Brighelli, Onfray…on ne compte plus les éditorialistes, intellectuels ou philosophes critiques à l’égard de l’école contemporaine.  L’abâtardissement de l’élitisme républicain, l’échec de la méritocratie, le nivellement vers le bas et le phénomène de reproduction social peuvent nous amener à nous interroger si l’école est démocratique                                                                                Afin de cerner le sujet, il convient d’en définir les termes et nous entendrons ici l’école comme l’institution scolaire. Concernant le terme de démocratie, sa définition est plus ambigüe. Elle est étymologiquement parlant l’association du demôs grec (le peuple) et du kratos (le pouvoir) soit un système d’organisation politique basé sur la souveraineté populaire. Cependant, nous nous attacherons ici à une dimension plus large, culturelle et philosophique comme l’entend Alexis de Tocqueville soit un système de valeurs, d’idéaux et de principes s’attachant aux valeurs de liberté et d’égalité. Se demander si l’école est démocratique revient donc en d’autres termes à chercher à savoir si l’institution scolaire promeut des valeurs de liberté et d’égalité et si, par extension, elle tient en compte dans son fonctionnement et son organisation d’une certaine forme d’horizontalité (élections internes, non-cumul des mandats, représentation de toutes les sensibilités idéologiques…)                                                                        Nous verrons que l’institution scolaire se fait historiquement dans sa démarche de transmission de valeurs de liberté de conscience et d’égalité sociale le creuset de la démocratie. Elle vise aussi à socialiser et initier à la citoyenneté, élément centrale de la démocratie (I). Mais, par ailleurs, malgré la bonne volonté et des intentions philosophiques louables, elle est aussi un lieu de reproduction sociale et un espace où l’idéologie et le dogmatisme du pédagogisme post-soixante-huidard règne de la manière le plus sectaire.(II)

« L’amour de la démocratie est celui de l’égalité » disait Montesquieu dans De l’esprit des lois. En ce sens, l’institution scolaire peut vraiment être qualifié de démocratique.        

 En effet, historiquement bien qu’il ait participé activement à sa diffusion Charlemagne n’a pas « inventé l’Ecole ».  La Gaulle sous influence et domination romaine disposait déjà d’écoles municipales primaires dirigées par un magister, secondaires par le grammairien et supérieures par un rhéteur. On y apprenait les sept fameux arts libéraux du quadrivium (arithmétique, musique, géométrie, astronomie) et du trivium (grammaire, rhétorique, logique.) Sous l’Ancien Régime, Louis XIV obligera les parents à envoyer les enfants dans les écoles paroissiales jusqu’à 14 ans. Cependant même si le pouvoir royal encouragea ces écoles il ne s’impliquera ni dans son organisation ni dans son financement qui sera sous l’autorité des évêques et majoritairement réservé aux garçons. Au XVIIIème siècle, bien que les Jésuites fondèrent des Collèges dont l’enseignement est gratuit, ceux-ci restèrent quasi-exclusivement destinés à la formation d’élèves issus de la bourgeoisie. La suppression de la Compagnie de Jésus en 1763 sera un des prémices à l’intention révolutionnaire de supprimer sa dimension religieuse à l’école. Après la Révolution, les pouvoirs publics organisent l’enseignement d’Etat. Les clercs paroissiaux seront remplacés par des instituteurs et la création du ministère de l’Instruction publique démontre l’intention d’ouvrir l’enseignement primaire à tous.  Les intensions des révolutionnes étaient de donner une culture à l’ensemble des citoyens pour qu’une fois « éclairé » par la science des Lumières il échappe à la soumission à la religion, au mysticisme et par ailleurs d’assurer la survie d’un nouveau système : la démocratie. Au XIXème siècle, la loi Guizot obligera les communes de plus de 500 habitants à avoir une école de garçons. C’est sous Ferry que l’école sera rendu laïque, gratuite et obligatoire. On chercha à substituer l’enseignement religieux par une instruction civique. Ainsi P. Bert affirmait-il : « l’école c’est notre église laïque à nous ». L’école deviendra alors un véritable tremplin pour les enfants des classes laborieuses sous la tutelle des Hussards noirs de la République qui leur inculqueront les principales bases de l’histoire de la morale dans le cadre des valeurs de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.

Par ailleurs, que serait la démocratie sans citoyenneté ? L’Ecole est en effet, après la famille proche, une des premières instances de socialisation. L’enfant ne vient pas à l’école pour aller dans « une prison » (Foucaut), il apprend à vivre en société, à se soumettre de manière tacite à des règles de vie commune qui préfigurent les règles de bon fonctionnement d’une future vie civile apaisée. Il apprend à devenir un adulte responsable et respectueux capable d’interagir et de communiquer avec les autres dans le respect de certaines valeurs de civisme notamment.                                                         L’enfant vient pour apprendre des notions élémentaires : lire, écrire, compter mais aussi apprendre à réfléchir. En effet, la démocratie à pour corollaire la participation de tous à la vie politique par les élections et le citoyen doit être un minimum instruit pour être capable de faire des choix politiques qui orienteront les décisions politiques selon les vœux de Ferry. Certes, l’enfant se soumet à une autorité qu’il na pas réclamé puisqu’il n’est pas en âge de le faire mais l’école lui permettra d’acquérir des savoirs qui l’amèneront à être « plus sage » selon l’idéale de Montaigne. Nous donnerons ici donc plutôt raison à Kant qu’à Rousseau. L’école permet de faire advenir « l’humanité dans l’homme » et cette recherche d’aidos chère aux grecs anciens, mélange de pudeur teintée d’humilité et de recherche d’élévation spirituelle et morale est obtenue par une certaine forme de soumission qui n’est pas démocratique mais nécessaire. A moins de vivre en ermite au milieu de la nature toute sa vie, l’homme est forcément confronté à l’altérité. « Je est un autre » disait Rimbaud. Dans ses Méditations philosophiques, Descartes se rend compte qu’il n’a pu douter du monde et de lui-même que parce qu’il avait conscience de son imperfection. L’idée du  « je » porte naturellement la marque de l’Autre. La conception rousseauiste développée dans l’Emile apparait ici bien bancale dans une société contemporaine globalisée où tout est interconnecté.                        L’école  tente aussi d’appliquer des règles démocratiques au sein de sa propre organisation qui tend de plus en plus à s’horizontaliser. En effet, l’approche coopérative par le biais de conseil de classe, la présence de syndicats étudiants en université, le large développement des bourses sur critères sociaux, l’élection de délégués de classe qui seront le lien entre les élèves et les professeurs ou le partenariat avec des associations issues de la société civile sont autant d’entreprises visant à donner à chacun sa voie au chapitre, à respecter et écouter toutes les sensibilités.

...

Télécharger au format  txt (15.4 Kb)   pdf (106.3 Kb)   docx (16.2 Kb)  
Voir 10 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com