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L'idéalisation De L'enfance - Un Obstacle Pour Penser La Place De L'adulte

Mémoire : L'idéalisation De L'enfance - Un Obstacle Pour Penser La Place De L'adulte. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Mars 2014  •  1 640 Mots (7 Pages)  •  1 721 Vues

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Lorsque nous évoquons l’enfance, des mots comme innocence, insouciance, authenticité, spontanéité ou créativité émergent régulièrement. Nos représentations de l’enfance sont souvent idéalisées. Comment nos façons de penser l’enfant et l’enfance influencent-elles notre positionnement ? Quelle est la place de l’adulte ? Et quelle est la place pour une autorité éducative ?

Le lien fait entre enfance et innocence est ancien et a traversé les temps. Dans certains textes de la Bible, par exemple, l’innocence des petits enfants est thématisée. A travers les époques, les peintres ont utilisé les figures d’enfants pour signifier le bébé Jésus ou des anges. L’enfant est alors un symbole d’une dimension de spiritualité. Qu’est-ce que l’innocence ? C’est la pureté de quelqu’un qui ignore le mal, ou la candeur de celui qui ignore les réalités de la vie. Dans cette vision, les enfants sont mignons, adorables, spontanés, authentiques, créatifs… Cette innocence est présente à la naissance, liée à la nature de l’enfant :

« Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme. » (Rousseau, 1762, p. 9.)

Rousseau, dans ses réflexions concernant l’éducation dans l’Emile s’est fondé sur cette représentation d’une nature originelle de l’enfant qu’il s’agit de préserver. L’enfant est bon de naissance, de nature…

Ces représentations, ces façons de voir l’enfant s’enracinent, me semble-t-il, dans les sentiments de joie et de bonheur ou d’attendrissement qu’un enfant peut provoquer chez les adultes. Un sourire d’enfant ou un éclat de rire peuvent ouvrir sur cette image de l’innocence de l’enfant. Pour un jeune enfant, tant de choses sont des découvertes, des expériences nouvelles, jamais vécues auparavant. L’éclat de joie quand le nourrisson arrive à toucher son pied pour la première fois et qu’il découvre que c’est le sien… Son émerveillement de voir s’envoler les graines en parachute d’une fleur de dents-de-lion. Son enchantement pour une bulle de savon… Tous ces petits riens illuminent le regard d’un bébé.

Pour l’enfant, la découverte du monde est importante, tout comme la découverte d’autrui. La joie d’un enfant quand un adulte auquel il tient lui parle, quand ils arrivent à partager une attention, quand ils se comprennent… L’intensité de la rencontre est grande ! Pour l’enfant – et pour l’adulte aussi !

Et tous les progrès de l’enfant qui se mettent en place, petit à petit, comme par magie ! L’enfant qui ne sait pas lever la tête, qui apprend chaque semaine à mieux bouger, à s’asseoir, à ramper, à se lever – et qui fait son premier pas… Le petit bébé qui ne sait que pleurer, qui rapidement se met à différencier ses pleurs, commence à faire des babillages, s’essaie à faire de plus en plus de sons, qui répond aux mots dits par les adultes et qui – tout à coup – dit son premier mot ! Un peu plus tard, il n’arrêtera pas de parler, de raconter, de demander : « pourquoi ? »

La joie de l’enfant lors de la découverte de ce monde, son plaisir à interagir et à rencontrer autrui, et son développement constant sont source d’émerveillement pour l’adulte et parfois d’un peu de nostalgie :

« Aimez l’enfance ; favorisez ses jeux, ses plaisirs, son aimable instinct. Qui de vous n’a pas regretté quelquefois cet âge où le rire est toujours sur les lèvres et où l’âme est toujours en paix ? » (Rousseau, 1762, p. 70.)

Dans son innocence, son authenticité, sa spontanéité, l’enfant est porteur de tous les possibles de l’humanité. Dans cette vision, il semble « meilleur » que l’adulte, plus riche, moins entravé par les contraintes du réel. L’enfant, dans son innocence, semble alors pouvoir sauver l’humanité. Il est porteur d’espoir pour un monde meilleur.

Cette richesse inhérente à l’enfance se démontre à travers les compétences du jeune enfant. Lors des premières vocalises d’un bébé, il est capable de faire tous les sons de toutes les langues humaines. Ce n’est que progressivement, lors de l’apprentissage de « sa » langue qu’il perd cette faculté et qu’il ne pourrait plus que prononcer les sons de la langue de son environnement.

Cependant, l’idée de l’innocence de l’enfant nie la complexité de l’être humain, dès sa naissance. Les mouvements agressifs font partie de l’humain et de ses élans vers autrui. Le bien et le mal ne se séparent pas et l’absence de toute agressivité mettrait la vie d’un bébé en péril. Pour vivre, il faut savoir lutter… Le bien absolu, l’innocence pure est une illusion.

Les crises de rage d’un tout-petit, les pleurs incontrôlés et inconsolables, la colère et la frustration font partie intégrante de la vie des jeunes enfants. Le monde rose et innocent de l’enfance connaît également ses champs d’ombre…

En plus, un bébé ne vit pas en dehors des contraintes de la réalité. Aujourd’hui, les connaissances toujours accrues concernant la gestation indiquent que le fœtus même a déjà son histoire. Les déterminations de la vie d’un enfant dépendent de l’histoire de sa famille, des personnes qui en prennent soin. Tous les problèmes sociaux qui peuvent restreindre les possibilités des adultes marquent également le

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