L'erreur Sur La Substance
Commentaires Composés : L'erreur Sur La Substance. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar chronodriver • 6 Décembre 2011 • 1 996 Mots (8 Pages) • 3 516 Vues
Dissertation : L’erreur sur la substance
Afin d’être efficace, le contrat doit avant tout être légalement formé. Ainsi, au sens de l’article 1108
du Code civil, le contrat ne peut être valable que s’il respecte quatre conditions essentielles. Il s’agit
de la capacité à contracter ; de l’existence d’un objet certain qui forme la matière de l’engagement ;
de l’existence d’une cause licite dans l’obligation et enfin du consentement à contracter.
Concernant cette dernière condition, les rédacteurs du Code civil exigent que ce consentement soit
donné librement par celui qui l’a émis, c'est-à-dire qu’il soit exempt de vices. C’est ainsi que lorsque
le consentement a été donné par erreur, extorqué par violence ou surpris par dol, la partie victime
peut demander en justice l’annulation du contrat conclu sous l’empire d’un tel vice (article 1109 du
Code civil).
Parmi ces trois vices, l’erreur a fait l’objet de nombreux débats. Il convient tout d’abord de la définir.
Elle se définit comme étant une perception erronée de la réalité. Elle consiste en une fausse
représentation de l’objet du contrat conduisant à une discordance entre la réalité et ce que croit
celui qui se trompe.
Cependant, toute erreur n‘est pas retenue comme viciant le consentement. L’article 1110 du Code
civil évoque deux premiers types d’erreur : l’erreur sur la substance et l’erreur sur la personne. Pour
sa part, la JP a dégagé un troisième type d’erreur : l’erreur obstacle. Cet article a suscité de
nombreuses interrogations et interprétations en raison de la formule peu explicite qu’il emploi. En
effet, cet article dispose « L’erreur n’est une cause de nullité de la convention que lorsqu’elle tombe
sur la substance même de la chose qui en est l’objet ; elle n’est point une cause de nullité lorsqu’elle
ne tombe que sur la personne avec laquelle on a l’intention de contracter […] ».
Par cette formulation restrictive, le législateur entend souligner qu’il ne prend pas en considération
toutes les bévues, toutes les méprises, toutes les naïvetés, mais seulement deux types d’erreurs :
l’erreur sur la substance, de façon générale, et l’erreur sur la personne du cocontractant, à titre
exceptionnel.
En dehors de la seconde hypothèse particulière, il n’y aurait de place que pour l’erreur sur la
substance de la chose qui est l’objet des prestations des parties au contrat. Encore convient-il,
comme on le verra de déterminer de quelle façon doit être appréciée la substance de cette chose.
Se pose ainsi la question de savoir comment la notion d’erreur sur la substance est-elle, dans le droit
positif, appréhendée ?
De prime abord, il est essentiel de savoir ce que l’on doit entendre par erreur sur la substance, c'està-
dire la substance de la chose, objet du contrat (I) ; il convient ensuite de déterminer comment se
positionne la JP sur cette notion d’erreur sur la substance et plus précisément sur la qualité
substantielle de la chose (II).
I. La conception duale de la notion d’erreur sur la substance
La notion de « substance » énoncée à l’article 1110 alinéa premier du Code civil peut s’apprécier de
deux manières différentes, on distingue ainsi la conception objective (A) de la conception subjective
(B).
A. Une conception objective et une conception subjective en présence
Selon une conception objective, la substance s’entend dans son sens courant comme la matière
physique dont est composé l’objet. L’exemple mythique formulé par Pothier en est une parfaite
illustration : l’achat de chandeliers en argent qui ne sont, de fait, qu’en métal argenté est commis
sous l’empire d’erreur. Mais une telle interprétation ne permet d’obtenir qu’exceptionnellement la
nullité d’un contrat.
Tandis, qu’au terme d’une conception subjective, la substance désigne la qualité substantielle, c’està-
dire, suivant une formule qui est encore de Pothier, la qualité de la chose que les parties ont eue
principalement en vue. Plus précisément, on dira que c’est la qualité qui a déterminé le
consentement de l’une des parties, de telle sorte que celle-ci ne se serait pas engagée si elle avait su
que cette qualité n’existait pas. Dès lors qu’une de ces qualités fait défaut, la convention peut donc
être annulée sur le fondement de l’article 1110 du Code civil. Il est alors possible de citer de
nombreux exemples tels que le défaut d’authenticité d’un objet d’art, de constructibilité d’un terrain
ect.
Par ailleurs, il est possible que ces deux conceptions concordent. Ce peut être le cas, lorsque c’est la
fausse croyance que les chandeliers sont en argent qui a poussé la personne à les acheter ; et l’on
aboutit alors de toute manière, à la nullité du contrat. Mais dans d’autres circonstances,
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