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L'architecture Gothique

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Par   •  24 Juin 2013  •  8 087 Mots (33 Pages)  •  955 Vues

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CONDITIONS HISTORIQUES ET MATÉRIELLES

Définitions et doctrines

La notion de l'art gothique, ou de l'architecture gothique, est une

notion peu claire en ce sens qu'elle ne correspond à aucune donnée

historique ou géographique bien définie (comme y correspond, par

exemple, la notion de l'art carolingien), et que les caractères techniques,

formels ou iconologiques que l'on a voulu associer à cette

notion ne sont pas constants. C'est, somme toute, un terme conventionnel

accepté par les historiens de l'art à la faveur d'une tradition

déjà longue, terme dont la signification est variable selon ses interprètes.

Il fut appliqué à l'architecture et à l'art du Moyen Âge occidental

par les écrivains italiens du xv° siècle (Filarete, Manetti) et du

xvr, notamment par Vasari, pour qualifier la barbarie de l'art précédant

les siècles de la Renaissance. La « maniera tedesca », ou

« maniera dei Goti », est ce qui s'oppose à la bonne tradition antique,

à laquelle les xve et xvr siècles sont revenus. C'est donc avec un sens

péjoratif, pour exprimer une réprobation et pour l'expliquer par des

circonstances à la fois historiques (les invasions du haut Moyen Âge)

et ethniques, que cette notion fut proposée et acceptée unanimement

au xvir siècle on connaît le poème de Molière, La Gloire du

Val-de-Grâce (1669), parlant du « [.]fade goût des ornements

gothiques, ces monstres odieux des siècles ignorants, Que de la barbarie

ont produit les torrents. ». Quand, au xvm' siècle, un premier

mouvement critique vers la revalorisation de l'art médiéval s'est dessiné,

le terme de « gothique » fut repris par le père Laugier, par

William Gilpin ou par August Wilhelm von Schlegel avec un contenu

« positif » ou laudatif. Et il fut adopté par l'érudition du xix" et du

XXe siècle, non sans quelques résistances, d'ailleurs, un grand nombre

d'écrivains allemands y voyant, après Goethe, l'expression du génie

germanique (deutsche Architektur), et un nombre plus restreint

d'écrivains français (comme Camille Enlart) proposant le terme

d'« architecture française » ceux-ci s'appuyaient sur un passage de

la chronique de Burchard von Hall (vers 1280), selon lequel la

construction de l'église de Wimpfen im Tal (1269-1274 pour le

choeur) fut faite « opere francigeno », « à la manière française ». Il

semble que, de nos jours, ces querelles nationalistes soient éteintes,

et que le terme de « gothique » soit universellement adopté.

Sa définition paraît aujourd'hui débarrassée de toute référence aux

civilisations des nomades, envahisseurs de l'Occident pendant le haut

Moyen Âge, « Goths », Germains ou Francs, même si certains auteurs,

parmi les plus récents (Hans Seldmayr), continuent à y déceler quelque

racine « anti-méditerranéenne », opposée à la civilisation grécoromaine

cette idée fut propagée, sous des formes plus abruptes et plus

naïves au début de ce siècle, par exemple par Wilhelm Worringer, à la

suite du romantisme.

Les définitions du gothique sont essentiellement fondées, de nos

jours, sur des données techniques, formelles et spatiales, ou bien

encore sur des données de l'histoire et de la signification.

Définitions « membrologiques»

Depuis le début de l'étude de l'architecture gothique au xvnr siècle,

on a cherché à la caractériser par l'emploi d'un certain nombre de

formes typiques, qui la distingueraient avec évidence. Le premier de

ces éléments serait l'arc brisé, ou pointu, que l'on a souvent appelé

ogive (de nos jours on emploie le terme d'ogive pour désigner, non

l'arc brisé, mais une nervure bandée sous une voûte). Ce tracé brisé

d'origine orientale fort ancienne fut introduit en Occident au

xr siècle, si l'on fait abstraction des constructions musulmanes

d'Espagne ou de Sicile où on le rencontre plus tôt la constance de son

emploi pendant plusieurs siècles, aussi bien pour les arcs que pour les

réseaux décoratifs, donna même naissance à l'appellation aujourd'hui

abandonnée d'« architecture ogivale ». Un autre élement essentiel

paraissait être la voûte portée par des arcs entrecroisés apparents. La

présence des arcs-boutants, à l'extérieur des grandes églises de certains

pays, était un caractère moins constant, mais évidemment très

typique. De proche en proche, les historiens ont reconnu

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