L'alternance à la présidence

L'alternance à la présidence de la République en mai 2012 a conduit à un renouveau des espoirs relativement à la réduction significatives des inégalités.

La crise économique et son cortège de conséquences sur la progression inexorable depuis 22 mois du chômage stigmatise une partie de plus en plus meurtrie de la population française (taux de chômage voisin de 11% de la PAT!).

Les liens entre les instances de socialisation et l'accès à l'emploi sont ténus, c'est pourquoi les principes républicains font de l'école l'un des principaux leviers de l'élévation sociale et surtout pour les plus démunis.

L'accès à un statut valorisé par l'emploi est, dans une démocratie, possible pour tous et souhaité par tous.

La passion pour l'égalité et l'égalisation des conditions énoncées par Tocqueville (1835,1840) dans "De la démocratie en Amérique" illustrent cet idéal individuel d'ascension sociale.

La dynamique du processus de moyennisation peut,entre autres,être restituée par la réalité de la mobilité sociale qui travaille la structure sociale vers un changement toujours plus systématique.

Les flux ascendants permettent alors de rendre compte de la fluidité de la société qui valorise les plus méritants et les compétences individuelles.

La dynamique du processus de socialisation repose aussi sur la réalité de cette mobilité sociale.

La société française depuis les années 1980 garantit-elle toujours la réalité de la mobilité sociale?

Il nous importera de décrire la réalité des trajectoires de mobilité sociale pour en diagnostiquer la relative dynamique et d'en comprendre l'origine des blocages avant de rendre compte de l'aspect toujours aussi vif de l'égalisation des conditions et de la passion pour l'égalité en France.

La société française comme toutes les sociétés post-industrielles est travaillée par la montée de l'individualisme qui consacre le mérite comme levier à l'acquisition d'un statut et permet ainsi de répartir le plus justement possible les individus dans l'espace social.

Les faits les plus récents marquent toutefois une forme de relativisation de cet idéal démocratique en France. Nous prendrons acte de ce ralentissement voire même d'une forme de déclassement d'une partie non négligeable de la population observée pour analyser les raisons de ce blocage.

La mobilité sociale est souvent appréhendée comme le déplacement entre deux générations des fils relativement à leurs pères et ce dans le sens d'une ascension ou élévation sociale.

Les statuts s'apprécient alors pour les descendants dans une logique de promotion sociale qui pousse les individus à se dépasser et à adhérer aux vertus égalitaires des sociétés démocratiques.

La mobilité intergénérationnelle peut toutefois n'être que relative, du fait de trajectoires courtes ne permettant pas significativement aux enfants de conquérir les statuts les plus élevés du fait de leur mérite.

Le déclassement ou la démotion sociale, c'est à dire le fait que certains fils occupent un statut social inférieur à celui de leur père, peut être restitué par le fait que l'Insee en 2007, dans un numéro d'économie et statistiques, mette en évidence que depuis 1988 et jusqu'en 2003, tout particulièrement, les flux de mobilité intergénérationnelle descendants aient progressé de 5 points alors que les flux ascendants ont symétriquement diminué de 5 points. En 2003, 25% d'une génération née entre 1944 et 1968 enregistraient une mobilité descendante. (Doc 1).

Le miracle des Trente glorieuses semble définitivement dépassé dans la mesure où de nombreux individus ne profitent plus de l'ascension sociale.

La mobilité intergénérationnelle n'est plus systématique.

Qu'en est-il de la mobilité intragénérationnelle ?

La mobilité professionnelle rend compte de la possibilité au cours de la vie professionnelle de progresser dans la hiérarchie.

Cette réalité était forte durant les Trente glorieuses, elle semble s'être significativement réduite depuis 1980.

L'Insee par trois enquêtes de formations qualifications professionnelles (parues en 1985, 1993 et 2003) nous communique des statistiques qui attestent d'une réalité du déclassement social.

En effet, la proportion des hommes âgés de 30 à 54 ans ayant subi une mobilité professionnelle descendante sur la période 1998-2003 s'élevait à 7,4%.

Cette part, pour la même période s'élevait à 10,4% pour des hommes déclassés du groupe des progessions intermédiaires et 9,7% de ceux répertoriés dans le groupes des cadres et professions intellectuelles supérieures. (Doc2).

Ce déclassement est plus significatif pour les femmes ouvrières qualifiées et cadres qui respectivement sur la période de 1998 à 2003 enregistrent une proportion de 13,4% et de 11,5%. (Doc2).

La tendance s'est accentuée pour les hommes et pour les femmes de 1980 à 2003 avec une progression de 4,2 points pour l'ensemble des hommes et de 4 points pour les femmes. (Doc2).

L'ascenseur social semble en panne et la régression professionnelle semble une réalité depuis 1980 pour une partie non négligeable de la population active totale.

Le groupe 3 de la nomenclature de l'Insee enregistre les plus fortes évolutions depuis les Trente glorieuses, le groupe des cadres et professions intellectuelles supérieures (ainsi dénommé depuis 1982) cristallise les plus grands espoirs de mobilité sociale ascendante et ce notamment du fait d'une élévation significative de la population diplômée d l'enseignement supérieur.

L'insee en 2011 nous communique des informations sur la proportion des actifs occupés diplômés d'un niveau supérieur à un baccalauréat supérieur à deux bénéficiaires du statut de cadres.

La mobilité intergénérationnelle semble se faire au détriment des générations nées après les Trente glorieuses.

Il est plus difficile d'être cadres entre 20 et 24 ans entre 1981 et 1985 qu'entre 1971 et 1975! Cette différence s'accentue de manière très significative lorsque l'on observe la population âgée de 30 à 34 ans entre 1961 et 1965 et celle

entre

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