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L'Adolescent.

Dissertation : L'Adolescent.. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Juillet 2013  •  Dissertation  •  4 221 Mots (17 Pages)  •  1 332 Vues

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faire des choix et à prendre des décisions : il laisse autrui prendre la direction de ses pensées. Il manque de courage : il n’ose pas affronter ceux qui le guident pour s’en affranchir , il est faible mais il pourrait résister d’où sa responsabilité (cf. cours sur la liberté). Définir les Lumières par la « sortie » de la minorité signifie que la condition initiale des hommes est la minorité. Comme Platon dans La République décrivant les hommes dans la caverne ou Descartes dans le Discours de la méthode précisant que « nous avons tous été enfants avant que d’être hommes », Kant pense que les hommes sont d’abord enchaînés à leurs préjugés mais qu’ils peuvent se libérer de leurs chaînes. Parce que les Lumières ne sont pas un processus indépendant de notre volonté mais dépendent de nous, elles se définissent par une « devise », un mot d’ordre qui est, comme la suite le montre, un impératif catégorique puisque penser par soi-même est notre vocation : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement ». Il est donc de notre devoir de prendre la décision de résister à nos tuteurs et de penser par nous-même. En 1786 dans l’opuscule Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée paru dans le Berlinische Monatsschrift Kant définit les Lumières en ces termes : « Penser par soi-même signifie chercher en soi-même (c’est à dire dans sa propre raison) la pierre de touche suprême de la vérité ; et la maxime qui nous dit de toujours penser par nous-mêmes est l’Aufklärung». Penser par soi-même c’est juger par soi-même c’est à dire en fonction de sa seule raison. Notre pensée est alors autonome,vraiment personnelle, puisque nous n’affirmons que ce que nous pouvons comprendre et jugeons vrai, puisque nous exerçons notre esprit critique sans nous inféoder à ceux qui prétendent avoir les compétences ou l’autorité morale pour nous dicter notre pensée et notre conduite. Cette pensée autonome est une pensée universelle au sens où elle n’admet que ce que tout homme qui consulte sa raison peut admettre. Elle est par conséquent libérée de la superstition. Dans la Critique de la faculté de juger publiée en 1791 Kant écrit : « Le fait de se libérer de la superstition se nomme Aufklärung ». La pensée de l’homme majeur est une pensée autonome libérée des tuteurs, de la tradition et des superstitions. Par cette définition Kant inscrit les Lumières dans un projet qui définit la philosophie elle-même depuis Socrate. La devise socratique « connais-toi toi-même » signifie « aie le souci de ta pensée, distingue en toi-même l’opinion et le savoir, exerce ton esprit critique ». Descartes au XVIIè siècle inscrira cette nécessité de penser par soi-même dans le cadre d’une libération qui n’est pas seulement individuelle mais collective car scientifique. Elle sera aussi pour Kant politique. II. Les obstacles à la majorité (§2) L’homme est responsable de sa minorité intellectuelle puisqu’elle résulte d’un « manque de décision et de courage ». Mais quelles sont les causes de ce manque de décision ? « La paresse e la lâcheté » sont les causes de notre minorité volontaire (« volontiers »). Kant commence par analyser la première cause : « Si j’ai un livre … travail ennuyeux ». Il prend trois exemples : le livre qui me dispense de penser par moi-même, le directeur de conscience comme le pasteur et le médecin. Tous trois font autorité et les hommes, par facilité, pour se dispenser d’un travail long et difficile, s’en remettent à eux. La plupart des hommes préfère ne pas fournir l’effort d’apprendre et d’exercer son esprit critique qui exige beaucoup de concentration et de temps. Kant analyse ensuite la deuxième cause. La « grande majorité des hommes » n’ose pas penser, a peur de construire une pensée personnelle qui ose remettre en question les idées reçues. Bien entendu cette peur est produite par les tuteurs qui veulent guider « leur bétail » tel le pasteur qui fait paître son troupeau. Kant montre que cette peur n’est pas fondée en comparant la surprotection de l’enfant qui n’a pas la possibilité de se risquer hors sa voiture pour apprendre à marcher et la dépendance de l’adulte qui n’a pas le droit de se risquer sans surveillance sur le chemin de sa propre pensée. Or l’un et l’autre apprendraient bien vite à se conduire seuls après quelques essais. Certes les chutes sont inévitables puisque la marche comme la réflexion demandent un apprentissage. Les chutes de l’esprit sont tous les faux savoirs ou l’ignorance qui s’ignore en termes platoniciens. L’homme a besoin d’être éduqué, la discipline et l’instruction, sont nécessaires à la formation de son esprit. Il est naturellement fait pour marcher et pour penser ; donc il pourrait sans grand « danger » devenir en acte ce qu’il est en puissance. Mais entravé, il n’apprendra pas ou très lentement. III. Un individu seul peut très difficilement sortir de la minorité (§3) Kant dans ce paragraphe, toujours dans le registre de la marche, passe de la métaphore de l’apprentissage de la marche à celui du saut. Il veut montrer par là qu’un individu seul peut très difficilement « s’arracher à la minorité » car elle est devenue, à force d’habitude, une seconde nature, il y a « pris goût » et il est « incapable de se servir de son propre entendement ». Kant semble ici faire une concession aux tuteurs qui persuadent les hommes du danger de la sortie de la minorité. Par exemple l’Eglise (donc le christianisme) a beaucoup lutté et lutte toujours beaucoup contre la crédulité où s’enracinent les superstitions. Les hommes qui n’ont pas l’habitude d’exercer leur esprit critique deviennent la proie de gourous bien plus dangereux que l’Eglise officielle. Il vaudrait donc mieux se fier à des tuteurs reconnus compétents comme les pasteurs ou les monarques. Les hommes ne sont pas capables de penser par eux mêmes car ils ont pris goût aux « institutions » c’est à dire aux règles ou préceptes qu’on leur a inculqués, aux « formules » toutes faites qui leur tiennent lieu de pensée. Or cette pensée est une pensée sans sujet. Ils pensent donc mécaniquement puisqu’ils pensent par idées reçues, par idées impersonnelles, puisqu’ils pensent sans penser. Les préjugés sont des « grelots » d’une pensée qui résonne au lieu de raisonner et qu’on peut suivre à la trace et surveiller. Il est dans ces conditions très difficile pour un individu de sortir de la minorité car, pour en sortir, il faudrait savoir se servir de son propre entendement donc être majeur et être sorti de la minorité. Ce qui nous permettrait de sortir de la minorité est précisément ce qui nous fait défaut. Ainsi rares sont ceux qui y sont arrivés. Comment sortir de cette impasse ? IV. Mais un public peut

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