Impressions

Vénérable Maître et vous tous mes Frères et ma Sœur en vos grades et qualités,

Bienveillance

C’est le premier mot qui me soit venu à l’esprit une fois que l’on m’a complètement retiré le bandeau. Après le temps d’adaptation à l’éclat, et malgré le flou venant du fait que je n’avais pas pu encore remettre mes lunettes, j’ai vu les frères, dorénavant mes frères, assemblés et nous regardant mes compagnons d’initiation et moi, avec bienveillance, le visage accueillant. Gagner autant de frères d’un seul coup, quel choc et quelle chance en même temps. La notion de fraternité m’envahit et m’impressionne. J’ai ressenti en même temps une impression de calme, après la désorientation des épreuves. J’ai senti cet accueil sincère, comme une récompense après la traversée, comme le signe d’une confiance que l’on m’accordait et dont je tâcherai de me montrer digne, ainsi que je l’ai promis plusieurs fois.

Ce sentiment d’accueil, je l’ai senti finalement dès mon entrée dans le temple par la porte basse. Des épreuves m’attendaient, soit, mais j’y étais mené par une main ferme et bienveillante, ce mot encore. Je ne sentais aucune peur. Les seuls sursauts sont provoqués par les coups de maillet. J’étais ouvert à ce qui m’attendait, quoi qu’il en puisse être. Prêt à tout accueillir. J’avais confiance. À ce moment-là, j’ai justement pensé à cette idée de confiance que j’avais évoquée pendant les enquêtes : je me sentais capable de me laisser tomber en arrière si on me le demandait. Je me sentais déjà accueilli, alors que les épreuves avaient à peine commencé.

Quel contraste avec le passage sous le bandeau. Cette notion de confiance avait en effet fait l’objet d’une question lors de ce moment particulier du passage sous le bandeau qui est, à bien y réfléchir, la première des épreuves. Et, oh combien, une épreuve cela fût ! Plus qu’un passage sous le bandeau je m’y suis senti au tribunal. Pas d’accueil, pas de bienveillance ; mais une suite de pièges destinés à me démontrer que je n’avais pas les idées claires. Y’a-t-il donc des réponses absolues auxquelles je devais me conformer ? Je suis sorti de cette épreuve tout d'abord surpris et ensuite très perturbé. M’étais-je trompé dans ma démarche d’ouverture ? Je l'ai vécu avec beaucoup de violence.

Et non, pourtant. L’initiation en a été la démonstration flagrante, sans équivoque. Un des principes que je crois avoir compris, c’est que chaque frère est accueilli dans sa liberté, que le secret lui donne le droit et l’assurance de pouvoir s’exprimer sans crainte de jugement. Principe qui m’est cher depuis si longtemps.

Me voilà rassuré, confiant de nouveau. Prêt à accueillir maintenant tout questionnement, pour y répondre avec sincérité.

Ce travail d’ouverture et de sincérité, je crois l’avoir commencé il y a longtemps, grâce à l’aide de plusieurs personnes, si chères à mon cœur, et que je souhaite évoquer ici.

Mon ex-beau père, un frère, qui est le premier à m’avoir fait confiance en me révélant son appartenance et en me faisant comprendre, sans rien dévoiler, les véritables valeurs de la franc-maçonnerie,

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