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Hugo, Les Misérables, 1862

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Par   •  18 Juin 2013  •  1 655 Mots (7 Pages)  •  7 283 Vues

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Texte 1 : Hugo, Les Misérables, 1862

Explication rédigée.

1. Un spectacle charmant – le jeu d’un gamin

a. Le jeu d’un enfant

La confrontation de Gavroche avec la mort ressemble à un jeu d’enfants comme le laissent entendre les termes évoquant sa petitesse : “moineau”, “gamin” ( deux fois), « nain”, enfant”, cette idée étant reprise dans l’oxymore finale “petite grande âme”. L’omniprésence du champ lexical du jeu d’enfants (“riaient”, “taquinaient”, s’amuser beaucoup”, “pieds de nez”, “il jouait on ne sait quel jeu”, “pichenette” ou encore “cache-cache”) confirme l’insouciance puérile du personnage. On note à ce sujet l’effet polysémique affectant le substantif “balles”, dans la proposition “les balles couraient après lui”. En effet, s’il s’agit des balles des fusils des soldats, la personnification les assimile aux balles d’un jeu.

b. Un jeu féerique

Gavroche est évoqué à travers les images de « l'Antée », du « pygmée », ou encore est comparé à « un géant » ou à un “nain invulnérable”. Il semble ainsi évoluer au sein d’un univers féérique, assimilé qu’il est à des personnages hors-normes, issus de la mythologie, ou des contes de fées. Il échappe aux catégories biologiques existantes : “Ce n’était pas un enfant, ce n’était pas un homme”, pour appartenir aux êtres hybrides et imaginaires : “c’était un étrange gamin-fée”. Ainsi le narrateur le dote-t-il de pouvoirs extraordinaires : comme l’immatérialité (“on le visait sans cesse, on le manquait toujours”, “il était plus leste qu’elles”), ou encore le don de faire courir les objets : “les balles couraient après lui”. Voici pourquoi il est possible de lire la phrase d’ouverture (“Le spectacle était épouvantable et charmant”) dans son sens étymologique. L’adjectif « charmant » est autant à entendre au sens de magique que de plaisant. Ainsi l’emploi de l’imparfait à valeur durative concourt à cet effet de déréalisation pour rendre compte d’une action toujours suspendue, et d’une mort toujours repoussée. Cet emploi étonnant de l’imparfait est soutenu par les occurrences temporelles, « chaque fois que la face camarde du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette », à valeur itérative.

c- un spectacle

Le point de vue à travers lequel la scène est rendue est bien celui de spectateurs personnages, incarnés par “les insurgés” et “la barricade” qui “suiv(ent) des yeux” l’enfant acteur. Au cours de ce “spectacle” rythmé par des péripéties (esquives de gavroche, première balle qui le blesse, seconde balle qui l’achève), les réactions des observateurs sont soulignées : “haletant d’anxiété”, “tremblait”, “poussa un cri”. Le jeu vif et agile de Gavroche y est d’ailleurs développé sur le registre épique puisqu’il n’est qu’actions, comme le souligne la structure accumulative des verbes de mouvement: “il se couchait, puis se redressait, s’effaçait (…) puis bondissait, disparaissait, reparaissait, se sauvait …”. Il est dans la première partie du texte confronté à des ennemis divers sur lesquels il prend aisément le dessus : “les gardes nationaux”, et la mort elle-même, qu’il nargue : “chaque fois que la face camarde du spectre s’approchait, il lui donnait une pichenette”. Cet acteur agile est également chanteur-“moineau”, (“la barricade tremblait ; lui, il chantait”), débitant ses “couplets”, jusqu’à la comptine finale, mélange de chant d’enfant et de complainte funèbre : “Je suis tombé par terre / C’est la faute à Voltaire / Le nez dans le ruisseau / C’est la faute à…”

Transition : ce spectacle n’a de charmant que les apparences. En effet, s’il fallait en déterminer le registre, nous pourrions le qualifier de tragique, car le destin du jeune héros tend inéluctablement vers la mort, omniprésente.

II- Un spectacle épouvantable

a- Un jeu avec la mort

La mort s’immisce dans la plupart des propositions du narrateur. Elle cohabite lexicalement avec des termes opposés, en formant des couples antithétiques : si le spectacle est “charmant”, il est aussi “épouvantable”, si les soldats “ri(ent)”, c’est “en l’ajustant”, si Gavroche “taquin(e) la fusillade”, il est lui-même “fusillé”. Le lexique du jeu évoqué plus haut est toujours accompagné de son double macabre : “cache-cache avec la mort”, ou encore “pichenette” et “face camarde du spectre”. Il en va de même à travers l’image des “balles” qui courent après l’enfant. La mort est donc partout présente sous la forme d’une menace constante comme ne manque pas de le rappeler la présence du champ lexicale de la violence et de la menace : les termes “fusillé” et son dérivé “fusillade” sont présents dans la même phrase, et annoncent ceux de “chasseurs”, de “décharge”, et de “mitraille”. Enfin, la mort est allégorisée en spectre à la fin du premier paragraphe, comme pour annoncer la fin tragique du “gamin-fée” : “chaque fois que la face camarde du spectre s’approchait…”

b- Une construction tragique

La mort constitue bien l’élément principal qui rappelle au lecteur la réalité “épouvantable” de cette scène, par delà la dimension féerique provisoire de la première partie du combat. C’est certainement le détail réaliste de la blessure au visage de l’enfant qui en constitue le rappel le plus brutal : “un long filet de sang rayait son visage”, et le passage de l’imparfait au passé simple, temps de

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