Définition de l'expertise sociale

La réforme du DEASS de 2004 instaure la division de la formation d’assistant de service social en quatre domaines de compétences : Intervention professionnelle, expertise sociale, communication professionnelle dans le travail social et enfin, implication dans les dynamiques partenariales.

Dans ce développement je m’intéresserai à la question de l’expertise sociale.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que cela implique dans la relation à l’autre ? L’assistant de service social doit-il se mettre en position d’expert ? Comment se forme-t-il à l’expertise sociale ? Ce sont toutes les questions que j’ai pu me poser pendant ma formation.

Expertise est un dérivé du mot « expert » qui vient du latin « expertus » qui signifie « éprouvé, qui a fait ses preuves » ^[1].

Etre expert c’est alors faire ses preuves ?

Il semblerait donc qu’être expert est un titre « honorifique » « mérité » en ayant fait ses preuves.

Dans le champ du travail social, l’expertise social serait-elle une manière de légitimer l’intervention du travailleur social ? Cela apporterait-il une certaine reconnaissance ?

Selon le dictionnaire la définition d’expertise est la suivante : « Qui a, par l'expérience, acquis une grande habileté dans un métier, dans quelque chose. »

Si l’on s’en tient à la définition littérale et à l’étymologie du mot, expertise implique forcément faire l’expérience de quelque chose. Pour être expert s’agit -il seulement de faire l’expérience de ?

Selon l’ANNEXE I de l’arrêté du 29 Juin 2004, pour le domaine de compétence 2 : l’expertise sociale : « les compétences visées sont : observer, analyser, exploiter les éléments qui caractérisent une situation individuelle, un territoire d’intervention ou des populations et anticiper leurs évolutions ; veille professionnelle : s’informer et se former pour faire évoluer ses pratiques ; développer et transférer ses compétences professionnelles ». 

Ce domaine de compétence est validé par la rédaction et la présentation orale d’un mémoire d’initiation à la recherche dans le champ professionnel.  

Il semble donc que l’expertise sociale fasse appel à l’expérience mais aussi à la recherche.

Mon mémoire porte sur l’intervention de l’assistante de service social dans le cadre du maintien à domicile des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Aussi, en effectuant des recherches afin de construire ma partie théorique, j’ai pu acquérir de nombreuses connaissances : sur la maladie, sur la dépendance, les politiques sociales en faveur des personnes âgées, les acteurs de la prise en charge des personnes atteintes de la maladie, les conséquences de la maladie sur la personne et sur les proches aidants …

Par la rédaction de celui-ci j’ai observé et analysé une situation individuelle donnée repérée lors d’un de mes stages, je me suis informée, j’ai effectué des recherches et une enquête afin de développer mes connaissances et de faire évoluer ma pratique et je m’apprête à transférer les connaissances acquises en partageant mon travail de recherche. Cela répond aux compétences inscrites dans le référentiel de compétence de l’assistant de service social.

De plus, le travail de recherche du mémoire met en exergue une nécessité dans l’exercice du métier : la remise en question. Par rapport à mes premières observations que j’expose dans l’introduction du mémoire, je pose une question de départ qui, après recherche et enquête de terrain sera remise en cause par tout ce que j’aurai pu apprendre, mes représentations de départ seront bouleversées. En effet, la phase exploratoire théorique permet de dépasser ses représentations et faire apparaître de nouveau questionnements.

Le mémoire s’inscrit donc bien dans une démarche d’expertise sociale, il lie connaissance, et expérience ; théorie et pratique en s’inscrivant dans une démarche de questionnement et de prise de recul.

Pour autant, deviens-je alors en quelque sorte experte de la question du maintien à domicile des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer ?

La réponse est difficile à donner car, en effet j’ai acquis de nombreuses connaissances et compétences, mais en pratique cela fait-il de moi une experte dans les situations dans lesquelles j’accompagnerai les personnes (dans le cadre du maintien à domicile des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer) ?

Chaque situation n’est-elle pas différente ?

Peut-on être expert de l’humain ?

Par exemple, dans le cadre du maintien à domicile des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, si, par le biais d’un intervenant à domicile se portent à ma connaissance des faits de négligence je vais devoir en tant qu’assistante de service social évaluer la notion de danger afin d’adapter le plan d’aide.  C’est l’étude de la situation dans sa globalité qui va déterminer s’il y a danger ou non. Dans chaque situation cette notion est à réévaluer en fonction du contexte.

Je ne peux donc me positionner en tant qu’experte, je peux par contre me servir de mes connaissances et de mon expérience pour évaluer au mieux la situation.

Au terme de ma formation je dirais que l’expertise sociale est une compétence qui s’aiguisera tout au long de notre parcours professionnel. En travaillant dans telle ou telle institution nous deviendront « expert » de telle problématique, de tel public, de telle politique sociale, c’est à dire nous auront acquis des connaissances, et nous serons plus aguerris à ces questions. Au-delà de ces connaissances, nous deviendrons experts de l’accompagnement. C’est, à mon sens, là qu’est toute l’importance de l’expertise sociale. Savoir que pour accompagner je dois observer, analyser, exploiter les éléments qui caractérisent une situation individuelle, un territoire d’intervention ou des populations et anticiper leurs évolutions, avoir cette démarche dans chaque situation m’apporte une méthodologie qui permettra d’adapter au mieux l’accompagnement proposé à la personne. C’est aussi acquérir une certaine aisance, agilité, adresse dans l’exercice de nos fonctions : l’expertise sociale c’est savoir accompagner.

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