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Discours coupe d'éloquence

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Par   •  19 Février 2022  •  Discours  •  2 292 Mots (10 Pages)  •  432 Vues

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L’homme et l’animal étant placés sur le même plan, que répondriez-vous à un camarade refusant de consommer tout produit d’origine animale ?

Cher Hugo,

Faisant suite à la discussion que nous avons eue il y a quelques jours concernant le rapport homme-animal et le fait que tu places sur même plan les deux espèces, je t’apporte quelques réflexions personnelles. Depuis, je suis passé à la Gare du Nord pour aller regarder les affiches que tu as évoquées. Notre discussion ayant été écourtée, je reviens vers toi pour te livrer le fond de ma pensée sur ton refus de consommer de la viande ; j’aborderais ensuite la confusion entre l’homme et l’animal qu’évoquent ces affiches, et enfin, pour revenir à l’homme, j’envisagerais sa singularité particulière, sa dignité et ses devoirs.

I)- Tout d’abord, tu refuses de consommer tout produit d’origine animale et tu m’as fait toute une diatribe sur ceux qui mangent de la viande, du lait, des œufs et même ceux qui portent du cuir. En effet, comme tu le dis, environ 80 % des animaux élevés en France sont issus d’un élevage industriel, autrement dit intensif. Je reconnais bien volontiers ici que l’animal est un être sensible qui peut ressentir des émotions et souffrir. Je suis d’accord sur le fait qu’il faille encadrer les conditions d’abattage. Je pense aussi qu’il faudrait élever plutôt que produire comme le souligne la sociologue Jocelyne Porcher qui s’exprime ainsi : « Il existe une différence ontologique entre produire des animaux et les élever. Il faut revenir à l'élevage avec sa diversité de races, d'alimentations, de compétences en fonction des territoires ». Les critiques convergent d’ailleurs vers ces productions industrielles et c’est pour cela que les images que tu nous as montrées provoquent le dégoût. Pourtant, c’est moi qui me comporterais comme un barbare si je ne reconnaissais pas que les animaux sont ici maltraités. En revanche, depuis des millénaires, l’homme est à la tête de la chaîne alimentaire et la consommation de produits d’origine animale lui a permis de mieux se nourrir. Changer de modèle alimentaire, en ne consommant plus de produit animal, signerait également l’arrêt de mort d’un certain nombre d’exploitants agricoles qui ne pourraient plus gagner leur vie. Dans les pays du Sud, l'élevage fait vivre environ 800 millions de personnes pauvres.

L’idée de ne plus consommer de produits d’origine animale est assez récente. Je comprends très bien que pour toi, vivant en ville, ce postulat soit devenu une manière d’appartenir à une communauté défendant des valeurs morales. Je ne suis pas hostile au fait d’envisager une consommation plus saine, mais qui n’exclurait pas totalement la viande : « Un monde sans animaux ne serait pas optimal, et la généralisation d'une alimentation végétalienne nécessiterait plus de terres pour nourrir la population qu'un régime modéré en viande », confirme Bertrand Dumont, chercheur à l'INRAE et à l'université de Clermont-Auvergne. En outre, tu sembles oublier que les animaux nous rendent différents services, à commencer par la valorisation des prairies qui occupent la moitié des surfaces cultivées dans le monde. Par exemple, dans les zones de moyenne montagne, ce sont les vaches et les chèvres qui paissent et qui évitent l’avancement de la forêt.

Mais vois-tu, ce qui me gène le plus c’est que ces philosophies et modes de vie favorables aux animaux, fondés sur la volonté de les respecter, sont devenues des idéologies politiques anti humaines. Pourquoi ces boucheries et élevages saccagés ? Toute cette haine visible dans les attitudes des véganes ne plaident pas en leur faveur.

Il y a aussi un art culinaire français dont nous sommes fiers qui ne pourrait exclure viande, fromage et laitage comme l’illustre Le dîner de Babette de Karen Blixen. Chef cuisinière de talent à Paris, l’héroïne doit s’exiler au Danemark au moment de la Commune de 1870. Dans un petit village marqué par un protestantisme des plus austères, elle organise un somptueux banquet à base de diverses viandes. Elle réalise une sorte de miracle puisque les convives dépassent peu à peu les conflits qui les séparent. Ils vont même jusqu’à éprouver quelque chose qui s’apparente à de la grâce. La gastronomie française est donc un moment de partage et fait partie intégrante de notre identité. 

Mais soit, admettons que nous puissions retirer la viande de notre alimentation. De votre côté, malgré vos compléments vitaminés, le régime végan est un régime alimentaire incomplet auquel la consultation d’un diététicien est fortement recommandée. Laisse-moi te rappeler l’histoire de ce bébé en Californie très mal nourri qui a failli, en 2019, mourir à cause des préférences alimentaires véganes de ses parents. Il manquait à ce petit homme des laitages. 

II) Maintenant je vais te dire ce qui me choque le plus dans les propos antispécistes qui se reflètent notamment à travers les affiches de la Gare du Nord. Ce qui me gêne, c’est cette expression « Je suis quelqu’un ». C’est précisement le véritable fond du problème. En effet, les antispécistes et les végans placent l’animal sur le même plan que l’homme, c’est-à-dire d’égal à égal.

Ce problème peut s’expliquer d’abord par l’utilisation de l’animal pour faire passer un message aux hommes. L’homme a souvent eu recours à l’animal pour transmettre un message quel qu’il soit. L’animal n’est alors pas mis au même plan que l’homme mais il ne sert que de vecteur : l’histoire est plaisante, notamment quand on s’adresse à un jeune public, et permet d’instruire et de transmettre plus facilement le message. Des auteurs comme Orwell ont eu recours à l’anthropomorphisme pour critiquer la société de leur époque. Le procédé est employé aussi dans les dessins animés comme un des derniers de Disney, Zootopie. Ici, l’anthropomorphisme est utilisé pour critiquer l’organisation des sociétés marquées par les inégalités. Très bien ! Mais aujourd’hui, l’utilisation de l’image animale s’est modifiée et se retourne contre l’homme qui apparaît comme le destructeur de la vie animale. J’ai vu une affiche lors des manifestations sur la fin de vie favorable à l’euthanasie. Elle montrait une femme brandissant une affiche sur laquelle elle se comparait à son chien. Elle lui enviait son droit d’euthanasie. Laisse-moi prendre une autre image pour illustrer ce phénomène de ce mélange monstrueux. En 2017 Shaka Ponk, chanteur de rock, publie une image pour son nouvel album. L’image montre un singe enlaçant une femme nue. Ici ce n’est plus élever l’animal mais c’est abaisser l’homme à une condition animale, aux instincts incontrôlables.  Enfin, pour revenir sur ces affiches de la Gare du Nord, à en croire les végans et antispécistes, les animaux nous adressent ce message : « Je suis quelqu’un ». Devons-nous nous considérer comme des meurtriers ? Sais-tu que nous pouvons aussi voir certaines formes de sensibilité chez les plantes et pourtant, pouvons-nous considérer la taille d’un arbre ou la tonte d’une pelouse comme un herbicide ?    

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