Devoir Duhamel Appolinaire

a)

- Georges Duhamel reproche à Guillaume Apollinaire, de ne pas créer des images de lui-même.  Le poète prend plusieurs idées différentes, les assemble pour créer des vers libres. G. Duhamel sans doute, récemment blessé par la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, semble aussi désapprouver les idées profondément modernes, se détournant de Dieu, qu’utilise Apollinaire et qui sont pour lui un sacrilège envers ses croyances. G. Duhamel blâme la décadence de l'époque. Il critique le mélange des époques et du temps que matérialise G.  Apollinaire dans ses poèmes. En utilisant le terme « échouer » Duhamel veut montrer qu'Apollinaire ne maîtrise pas ce qu'il fait, qu'il va à la dérive, alors qu'Apollinaire a réfléchi aux termes de son poème et choisi délibérément les multiples anachronismes.

- Dans « Zone » et « La Chanson du Mal-Aimé » on peut relever comme images héritées du passé «  Hébreu », « Pharaon » qui sont des références à l'Ancien Testament, « Ulysse », « Antiquité grecque » qui sont des allusions aux mythes de l'Antiquité. On peut aussi noter la présence de nombreux termes glanés dans l'actualité «  1903 », date à laquelle Apollinaire a 23 ans, « l'année dernière en Allemagne », « Tour Eiffel », « automobile », « hangars de Port-Avions » « journaux », « aventures policières » « sténo-dactylographes » et « Pape Pie X » sont des éléments contemporains du poète. Ce mélange d'images passées et contemporaines  donne un effet hétéroclite  à la poésie d'Apollinaire. Il est un poète de son temps qui réalise des mélanges crus qui s'apparentent au cubisme et au fauvisme.  Les images figuratives tendent, par la simplification des idées, à une certaine ébauche d’abstraction.

b)

Paris, 16 juin 1913

Monsieur Duhamel,

        J'ai lu avec attention votre article paru ce jour dans le Mercure de France.

Permettez-moi de ne pas être en accord avec vos arguments. Le fait d'être hétéroclite n'est pas un signe de pauvreté, mais bien au contraire un signe montrant la richesse. Comme peut nous le prouver la langue française, la richesse de cette langue vient de l'emprunt et des racines de mots venant d'autres langues telles que le latin, le grec ou même l'allemand ou encore l'ancien français. Dans son poème « Zone » Apollinaire fait, selon vous un certain nombre d’anachronismes et je pense que c'est pour cela que vous utilisez le terme « échouer ». Ce que vous n'avez peut-être pas bien saisi, c'est que ces anachronismes sont là pour souligner la crise profonde que subit l'Europe en ce moment-même.

Et ce n'est pas le premier poète à faire ce genre d'anachronisme ; Baudelaire ou encore Rimbaud s'y sont risqués sans qu'aucune critique comparant leurs œuvres à, je vous cite, «  une boutique de brocanteur », n'en ait découlé. Mais je pense savoir pourquoi ces affronts envers la religion qui vous est si chère, n'ont suscité aucun blâme : Baudelaire comme Rimbaud ont des vers parfaitement bien structurés avec des rimes riches alors qu'Apollinaire, lui, est un poète avant-gardiste qui ne crée pas, mais réutilise des images déjà existantes pour à son tour créer de nouvelles métaphores. En effet, dans « Zone » il réalise une magnifique métaphore filée en démystifiant à chaque fois un peu plus les cieux. Tour à tour « le Christ monte au ciel mieux » et plus haut « que les aviateurs », « Jésus monte dans l'air », « les anges voltigent », des personnages de la Bible « Enoch »,  « Elie » « flottent autour du premier aéroplane ».  Et vous, poète et critique séduit par le classicisme, vos poèmes sont le contraire absolu de l'hétérogénéité; entre « Ménagerie » et « Nourritures » vous  ne vous lancez pas dans des poèmes très avant-gardistes.  Alors, pour vous tout affront est un blasphème, un sacrilège à votre religion.  

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