Compte rendu : Espaces, dramatis personae, rapports sociaux dans le « Conte » de Psyché

C.R. par Cornet Fontaine  (N.). Annequin (Th.), « Espaces, dramatis personae, rapports sociaux dans le « Conte » de Psyché », Dialogues d’histoire ancienne, vol. 20, n°2 (1994), pp. 227-27.

Jacques Annequin, historien touche-à-tout et maître de conférences français, a déjà à son actif de nombreuses publications sur la thématique de l’Antiquité, un champ de recherche assez vaste qu’il fait s’étendre de la littérature antique à la société gréco-romaine (ex. thème récurrent de l’esclavagisme). Pour élaborer son article, il s’appuie sur la traduction de P. Valette des Métamorphoses aux éditions « Les Belles Lettres », puise son inspiration de sources complètes et variées, qu’il ne manque pas de citer dans ses notes en bas de page, et modèle son texte à l’aide de ses propres connaissances (en tant qu’historien reconnu et émérite).

Comme l’indique le titre de son article, M. Annequin va chercher à décoder les rapports sociaux qu’entretiennent entre eux les différents personnages du Conte de Psyché, avec pour toile de fond les questions suivantes : le récit de Psyché est-il réellement un conte ? Participe-t-il à l’unité du roman d’Apulée ou s’agit-il simplement d’une digression ? L’historien se base pour répondre à ces interrogations sur deux éléments constitutifs du conte : les espaces dans lesquels évoluent les personnages et les « dramatis personae » (littéralement « les personnages du drame »).

Dans un premier temps, l’auteur va réinsérer le Conte de Psyché dans son contexte. Cette introduction lui permet de poser les balises de son analyse (récit, cheminement, rôle des personnages…) et de définir son objectif principal (reclarifier la nature du conte). Jacques Annequin interroge son lecteur, le titille et le pousse à se poser des questions dont il n’a, pour l’instant, pas les réponses tout en le mettant sur la voie. Cette première partie joue le rôle de mise-en-bouche à la perfection, afin d’appâter le lecteur en lui livrant des éléments de réponse et de l’enjoindre à poursuivre sa lecture.

         Comme annoncé, il enchaîne ensuite avec la « géographie » de l’univers du récit, en d’autres termes avec les espaces narratifs dans lesquels il distingue l’espace familier de l’espace étranger. Mais dans cette seconde partie, l’analyse passe de temps en temps au second plan, étouffée par les nombreux extraits du Conte et par la description du récit, l’auteur s’étant laissé aller au danger de la narration.

Thierry Annequin va ensuite s’atteler à la description de chaque « dramatis personae » et de leur parcours (initiatique ou non). Encore une fois, il fait preuve de clarté et de méthode : il parvient à définir avec netteté le contour de chacun des personnages, distinguant les caractères divins des caractères humains. Il profite également de l’occasion pour introduire le concept de « trivialisation », explicité par la suite.

La dernière partie de l’article – rapports sociaux et procès de « trivialisation » – se veut être la synthèse de tout ce qui a été dit précédemment, auquel se rajoute la conclusion de l’article. Thierry Annequin fait de nombreux parallèles entre le conte de Psyché (les espaces, les dramatis personae) et les réalités du quotidien, entre un monde fantasmagorique, imaginaire et le monde concret des hommes, exemples du texte à l’appui.  Il rappelle au lecteur sa méthode et les outils développés pour arriver à la conclusion de l’article et se base beaucoup dans cette dernière partie sur la version de Lafontaine pour caractériser le genre du conte et pour pointer les différences fondamentales entre les deux versions. A la fin de la lecture de cet article, il en ressort plusieurs choses : l’auteur a respecté son contrat puisqu’il est parvenu à caractériser le conte d’Amour et de Psyché et à faire une analyse complète de chacun des personnages et des espaces narratifs qui composent le récit. On regrettera cependant l’emploi abusif d’extraits et de renvois au texte pour appuyer son analyse qui empêchent le lecteur de distinguer clairement la part d’analyse et la part de narration. L’article reste cependant très instructif et éclaire sous un nouvel angle les relations qu’entretiennent les personnages dans le Conte de Psyché et le décor dans lequel ils évoluent.

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