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Bigraphie de Sénèque

Commentaire de texte : Bigraphie de Sénèque. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  1 764 Mots (8 Pages)  •  379 Vues

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Sénèque, né en l’an 4av. J-C et mort en 65ap., est un auteur à la fois de tragédies, de philosophie stoïcienne et il a été également conseiller de Néron. Son oeuvre, adressée aux gens de son siècle, a grandement contribué à affirmer l’existence d’une philosophie romaine.

Ses Lettres à Lucilius sont composées de 124 lettres réparties en 20 livres composés dans les trois dernières années de sa vie de 62 à 65. On ne sait pas si Lucilius a réellement existé ou bien s’il s’agit d’un destinataire fictif : Lucilius semble être un ami, et un épicurien car Sénèque le conteste parfois.

Le texte porté à notre étude est la Lettre 41 dans laquelle Sénèque développe une idée bien particulière de la religion : il explique que selon lui la divinité n’est pas extérieure à l’homme mais qu’elle est dans le coeur de chaque homme de chaque homme de bien. Cette thèse peut sembler assez étonnante puisqu’elle fait de la religion quelque chose de personnel ancré en chaque homme à une époque où la religion repose surtout sur l’orthopraxie et relève presque plus de la pratique sociale que de la foi. Il peut être décomposé en trois mouvements : de la l.1 à la l.9 il s’adresse précisément à Lucilius pour lui faire entendre sa thèse selon laquelle la divinité existe en l’homme et ne lui est pas qu’extérieure , puis de la l.10 à la l.24 il donne des exemples qui explicitent et démontrent sa thèse, et enfin dans la dernière partie de l’extrait il déduit de sa thèse la supériorité de l’âme.

Comment Sénèque communique-t-il une nouvelle expérience du sacré dans ce texte?

Nous étudierons dans un premier temps comment le genre épistolaire permet à Sénèque d’argumenter en jouant sur la sensibilité du lecteur, puis la dimension philosophique de cet extrait traduisant le stoîcisme de son auteur à travers une argumentation par la déduction. Dans un troisième temps, il s’agira d’étudier la redéfinition de la relation entre les hommes et les dieux proposée par Sénèque.

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Sénèque expose sa nouvelle conception de la divinité dans une lettre adressée à son ami. L’usage du genre épistolaire lui permet de jouer sur son rapport au lecteur et d’appeler sa sensibilité. Il s’agit tout d’abord pour lui d’utiliser la persuasion pour développer sa thèse.

Tout d’abord, l’on observe dans cet extrait de nombreux signes de l’épistolarité. Cette 41ème lettre est en effet extraite d’une longue correspondance entre Sénèque et « Lucilius » (l.4). Ce destinataire est désigné par des pronoms personnels à la 2ème personne du singulier comme « tibi » ou « te », et les verbes également à la 2ème personne du singulier, « facis » par exemple, montrent bien que cette lettre semble adressée à une personne unique et particulière. Ainsi l’on pourrait penser que Sénèque ne développe sa thèse que pour éclairer son ami. De plus, il agit pour Lucilius comme un directeur de conscience, au sens où il lui dit comment se comporter, il lui dit ce qu’il devrait penser et comment il devrait agir. De fait, il l’apostrophe et utilise des tournures impersonnelles qui sont comme des vérités générales, « non sunt » (l.2), qui indiquent un sentiment de supériorité de la pensée de Sénèque sur celle de son ami, et surtout qui montrent qu’il entre dans

un procédé d’argumentation : il veut lui faire entendre sa thèse selon laquelle la divinité est présente en l’homme. Cependant, l’on peut penser que cette lettre était en fait adressée à un lectorat plus large et non seulement à son ami : la présence de son destinataire n’est pas très imposante dans le texte, et il n’utilise pas d’exemples relevant de la vie personnelle de Lucilius pour illustrer sa thèse. Ainsi, tout lecteur peut se sentir concerné par l’effort philosophique que suscite l’auteur de cette lettre.

Afin de faire entendre sa thèse au lecteur, Sénèque écrit une lettre très littéraire pour faire appel à la sensibilité du lecteur, ce qui est un moyen de persuasion. Il argumente notamment à l’aide d’allégories et d’analogies. Il ne se contente pas de communiquer à propos du « sacer » , il cherche à ce que lecteur puisse presque en faire l’experience par le biais de l’imagination à travers des images. Il compare notamment l’expérience de la présence du sacré à celle de la contemplation de la nature sauvage : « si tibi occurrerit arboribus … ». Il demande au lecteur de se remémorer l’observation de la nature et la sensation qu’elle produit en lui pour qu’il comprenne qu’il s’agit de la même sensation que lorsqu’il est face au sacré. De fait il énumère des éléments sauvages en insistant sur leur grandeur et leur beauté. Cet extrait témoigne donc d’une grande sensibilité face à la beauté de la nature, comparée à l’impressionnante divinité.

Mais cette lettre n’est pas qu’un texte littéraire décrivant l’expérience de la magnificence de la nature, l’appel à la sensibilité du lecteur est en fait au service d’une démonstration philosophique.

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En effet cette lettre a une grande dimension philosophique, elle s’ancre dans une vision stoïcienne de la religion et de la notion de sacré. Ce texte est donc imprégné de la doctrine stoïcienne, la thèse de Sénèque sur la religion et sur la place du sacré est ancrée dans sa philosophie. Et s’il a fait appel à la sensibilité du lecteur pour lui faire entendre

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