Anthologie d'Alcools d'Apollinaire
Compte rendu : Anthologie d'Alcools d'Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar LECRANELUISANT • 5 Mai 2022 • Compte rendu • 3 398 Mots (14 Pages) • 369 Vues
L’HOMME AU CŒUR MALADE
Pour cette anthologie basée sur le recueil de poésie Alcools de Guillaume Apollinaire, je vais étudier 6 poèmes choisis en vue d’un thème commun : l’amour malheureux.
Guillaume Apollinaire est sans doute un des plus grands poètes français du XXe siècle. Il a su imposer son originalité et ouvrir de nouvelles voies dans la poésie, par exemple en retirant totalement la ponctuation de son recueil Alcools, la jugeant inutile, pensant que la vraie ponctuation était la coupure adéquate de chacun des vers. Mais aussi en abordant des thèmes nouveaux.
Ce recueil, publié en 1913, regroupe une cinquantaine de poèmes réalisés entre 1898 et 1913. La plupart de ses poèmes abordent le thème de l’amour, et après s’y être attardé, il n’est pas difficile de comprendre qu’Apollinaire a eu un passé amoureux mouvementé et malchanceux, on lui ainsi donné le surnom du « mal-aimé » en raison de ses nombreuses relations et, surtout, ruptures.
Apollinaire était malheureusement connu pour son caractère amoureux très particulier. En effet, il était très possessif ce qui lui a valu bon nombre de ces ruptures. C’est parfois même par peur que ses ex-compagnes ont décidé de le quitter pour de bon. Je pense notamment à Annie Playden qui a tout simplement décidé de déménager jusqu’aux Etats-Unis pour se débarrasser de Guillaume Apollinaire une bonne fois pour toutes. Evidemment, ces ruptures n’ont pas eu beaucoup d’aspects positifs vis-à-vis d’Apollinaire, néanmoins, elles ont inspiré bon nombre de ses poèmes. C’est par ailleurs, je dirais, le sujet principal du recueil Alcools, ou tout du moins le thème le plus abordé.
Pour cette anthologie, j’ai décidé de traiter des poèmes qui, selon moi, évoquent les peines ou souvenirs amoureux d’Apollinaire, mais aussi des poèmes qui sont en lien direct avec les anciennes relations amoureuses de Guillaume Apollinaire. J’ai choisi de les traiter dans un ordre précis afin de commencer par une globalité de sa vie amoureuse, de ce qu’il pense réellement de l’amour et comment il le décrit…pour terminer sur des relations et des moments plus précis de sa vie qui ont eu pour conséquence des peines amoureuses notamment, mais qui ont également inspiré des moments forts de sa carrière.
Dans un premier temps nous parlerons de « La Chanson du Mal-Aimé » puisque c’est dans ce poème qu’Apollinaire va décrire sa personne, sa vie sentimentale et dire, lui-même, être une personne malchanceuse (amoureusement). Dans ce poème, Apollinaire donne une impression de rejet et de ne pas être aimé à sa juste valeur, comme s’il était en quelque sorte maudit.
Ensuite, j’aborderai « Les colchiques ». C’est dans ce poème qu’il va dévoiler, d’une manière assez cryptique, sa vision de l’amour en utilisant une personnification des fleurs mais également avec le champ lexical du poison, du venin.
Après cela, je traiterai des poèmes évoquant des passages sentimentaux bien précis de la vie d’Apollinaire. En conséquent, je traiterai « Annie » (en référence à Annie Playden) que je lierai avec un autre poème : « Mai » (en référence à Mai 1902) car c’est dans ce poème qu’il évoque la période où Annie Playden était son centre d’intérêt.
Je ferai de même avec « Marie » (en référence à Marie Laurencin) que je lierai avec « Le Pont Mirabeau », puisque ce poème un lieu très spécial pour Apollinaire : en effet, c’est à cet endroit que, régulièrement, lui et Marie Laurencin allaient se promener lorsqu’ils étaient encore ensemble.
I - « La Chanson du Mal-Aimé » 1909
A Paul Léautaud
Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.
Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon
Que tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d’Égypte
Sa sœur-épouse son armée
Si tu n’es pas l’amour unique
Au tournant d’une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant
C’était son regard d’inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d’une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l’amour même
Lorsqu’il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d’un tapis de haute lisse
Sa femme attendait qu’il revînt
L’époux royal de Sacontale
Las de vaincre se réjouit
Quand il la retrouva plus pâle
D’attente et d’amour yeux pâlis
Caressant sa gazelle mâle
J’ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux
Heurtant leurs ombres infidèles
Me rendirent si malheureux
Regrets sur quoi l’enfer se fonde
Qu’un ciel d’oubli s’ouvre à mes vœux
Pour son baiser les rois du monde
Seraient morts les pauvres fameux
Pour elle eussent vendu leur ombre
J’ai hiverné dans mon passé
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