Analyse du Front National

Un parti créé après la Guerre d’Algérie par les tenants d’une France blanche catholique ou païenne…

Le Front National (FN) est historiquement le parti d’extrême-droite se revendiquant du nationalisme à avoir eu la plus grande audience dans le paysage politique français de la Vème République. Créé en 1972 par des anciens partisans de l’Algérie Française, dont Jean-Marie Le Pen, il a réussi en un peu moins de 2 décennies à regrouper une variété de mouvances d’extrême-droite dont le socle idéologique fédérateur est l’affirmation d’une France blanche catholique ou païenne (la composante païenne, bien que très présente dans l’extrême-droite, reste toutefois minoritaire). Dès ses débuts, le FN s’est caractérisé par des prises de position politique allant dans le sens de ces fondamentaux-là : réduction massive d’une immigration venant des pays non blancs et chrétiens, préférence nationale pour décourager cette immigration non blanche et chrétienne, interdiction de l’avortement, politique nataliste orientée vers les nationaux, etc… Ce socle doctrinal fort avait pour vertu de faire accepter le FN comme force politique réussissant à rassembler une famille politique sujette depuis toujours au fractionnement : ainsi, une génération de royalistes, de catholiques intégristes, d’ethnocentristes, de nostalgiques du fascisme italien, de nationalistes défavorables à la mondialisation et partisans du protectionnisme, d’identitaires païens, de populistes anti-élite et post-poujadiste… La conséquence logique de cette prise de position est la dénonciation de tout ce qui a pu encourager un affaiblissement du caractère affirmé blanc et chrétien de la France : le communisme (par son internationalisme et son athéisme matérialiste), la social-démocratie (par son relativisme culturel et philosophique), la mondialisation (car favorisant les arrivées de capitaux et de travailleurs étrangers), le multiculturalisme (à l’époque, fortement défendu par des intellectuels d’origine israélite), la lutte contre le racisme (assimilé à un racisme anti-blanc et antifrançais)…

Ainsi, le FN ne s’est jamais senti mal à l’aise d’être entouré de personnes pouvant tenir des points de vue xénophobe, arabophobe, homophobe, judéophobe, ultra virulent sur tout ce qui touche à la gauche…

Jean-Marie Le Pen a longtemps été montré du doigt par l’ensemble des partis et des médias pour ce corpus de valeurs qui choquaient sincèrement l’opinion publique française, convertie au cours des décennies où le FN a commencé à apparaître (année 1980, 1990, 2000), au progressisme et à l’acceptation de la mondialisation.

Comme tout le monde, « Jean-Marie » n’était pas éternel : il a pris sa retraite de dirigeant effectif du FN pour laisser sa place à sa fille, Marine Le Pen, qui a pris une nouvelle posture. Les médias parlent d’une « dédiabolisation »…

************************************************************************

…un club désormais hétéroclite dont l’identité fondamentale est la dénonciation de tout ce qui touche à l’islam et au milieu populaire d’origine maghrébine, avec l’arrivée d’une clientèle différente de son électorat traditionnel : militants laïcs de gauche, féministes, néoconservateurs juifs, nationalistes de gauche.

Comment caractériser la « dédiabolisation » du Front National ? Une phrase tenue par la nouvelle présidente le résume complètement : «J’entends de plus en plus des témoignages sur le fait que dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc.» (Marine Le Pen, Lyon le 10 décembre 2010).

Le FN de Marine, ce n’est plus la défense de la France blanche et chrétienne, mais la défense d’une France qui s’affirme à travers la dénonciation des gens en France (Français ou étranger) de confession musulmane et d’origine maghrébine. Evidemment, cette phrase ne vise pas explicitement une race ou une religion, mais il est évident qu’elle parle de manière codée à l’ensemble de la population. Pourquoi dis-je cela ? Car le FN « dédiabolisé » a tendu sa main à beaucoup de ses anciens « ennemis » ou adversaires, sauf aux Français de parenté maghrébine et/ou de confession musulmane, ces derniers étant systématiquement dénoncés :

Main tendue aux régionalistes (cf discours en Corse avant le 1er tour des élections présidentielles de 2012) alors qu’elle avait dénoncé il y a quelques années le bilinguisme des panneaux d’affichage en Bretagne ;

Main tendue aux israélites, visible notamment avec la sympathie affichée par des personnalités médiatiques juives de droite (Eric Zemmour, Elizabeth Levy…), la visite de son compagnon Louis Aliot en Israël et le fait qu’elle s’excuse à demi-mot auprès des Juifs pratiquants lorsqu’elle parle d’un projet de loi sur l’interdiction de la kippa et du foulard islamique dans les lieux publics. N’a-t-elle affirmée en direct au journal de TF1 "la kippa ne pose pas de problème dans notre pays", ce qui sonne bizarre pour un citoyen sincère attaché à la laïcité et à l’égalité de traitement entre les citoyens ?

Main tendue aux idées économiques de la gauche et de l’extrême-gauche, à travers une dénonciation systématique de l’ « ultralibéralisme » et de la « mondialisation économique ». Evidemment, pour se différencier de la vision progressiste de la gauche par rapport au multiculturalisme, elle dénonce parallèlement l’ « immigration » comme bras armé de la mondialisation. Elle qui n’est pas pour limiter l’installation d’immigrés européens en France (autre rupture avec le nationalisme intégral français), on sait quelle catégorie d’immigrés elle vise...

Main tendue aux militants laïcs et athées, visible par la sympathie qu’obtient l’apéro saucisson-pinard auprès des militants FN, la présence de l’avocat Gilbert Collard (réputé proche de la franc-maçonnerie) dans les 1ers rangs du FN et l’omniprésence de la notion de « laïcité » dans ses discours dénonçant certaines atteintes à la laïcité mais uniquement venant de l’islam ;

Main tendue aux féministes par la fin de l’interdiction de l’avortement dans le programme du FN et dénonciation du voile islamique comme atteinte à la dignité de la femme ;

Que rajouter de plus ? Une chose : Marine Le Pen a affirmé sa présence médiatique ces deux dernières années à travers certaines polémiques touchant, sans surprise,

...