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Analyse de l'islamisme

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Par   •  19 Mars 2013  •  Cours  •  1 776 Mots (8 Pages)  •  737 Vues

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Pour Abdennour Bidar, s’il y a des islamistes, c’est à cause de l’Occident

Publié le 28 janvier 2013 par Maurice Vidal - Article du nº 288

D’après un récent sondage réalisé par IPSOS pour le journal Le Monde, 74 % des personnes interrogées déclarent que l’islam est une religion «intolérante», et parmi elles, 8 sur 10 considèrent que la religion musulmane cherche «à imposer son mode de fonctionnement aux autres».

Vrai ou faux ?

Pour le savoir, Stéphanie Le Bars a eu la bonne idée d’interroger le philosophe Abdennour Bidar, spécialiste de l’islam et de la laïcité, qui a bien compris la nature problématique de l’islam, non seulement vis-à-vis de la tradition républicaine, mais encore vis-à-vis de la tradition que l’islam véhicule.

Ainsi Abdennour Bidar voit-il dans les réponses faites à ce sondage «une inquiétude objective, qu’il ne faut pas ignorer». C’est – précise-t-il – «un avertissement à l’islam». En effet, «l’islam a un problème avec lui-même» parce qu’«il a du mal à se régénérer». Il est donc «urgent que les musulmans s’interrogent de façon critique sur leur religion et sur leur communication», autrement dit qu’ils se demandent clairement : «Comment se fait-il que, même en faisant la part des choses, les gens soient aussi réactifs par rapport à ce qu’on est ?». Et Abdennour Bidar de poursuivre : «Les réflexes de défense vis-à-vis de ces appréhensions quasi-consensuelles sont complètement périmés. Si, face à ces nouveaux chiffres, les musulmans une fois de plus parlent de stigmatisation, et invitent à ne pas faire d’amalgame entre une certaine radicalité minoritaire et l’islam modéré, il s’agira une nouvelle fois d’une réaction de déni et d’auto-déresponsabilisation».

Est-ce tout ? Non, car, pour Abdennour Bidar, ce même islam est aussi celui des terroristes d’Al-Qaida au Maghreb islamique : «Il est ubuesque et faux – déclare-t-il – de vouloir totalement déconnecter les revendications de ces gens-là de la religion musulmane».

A-t-il raison ? Bien sûr qu’il a raison !

Mais alors, pourquoi éprouve-t-il le besoin d’ajouter que les réponses à ce sondage s’expliquent aussi par référence à «l’irrationnel», à «la crise économique» et à «l’angoisse diffuse» qu’elle suscite, à un «fond d’intolérance ou de racisme ordinaire irréductible», à «la part des fantasmes face à un «grand méchant» dont on aurait besoin», à «la surinterprétation du religieux», à «un certain populisme», à la «responsabilité des médias, des politiques et des intellectuels», qui ont laissé «à l’extrême droite (…) le monopole du «courage» sur ces questions»… bref à tous ces passe-partout qui tremblent devant le vrai, et qui, prétendant tout expliquer, n’expliquent en réalité rien du tout ?

Pourquoi, après avoir montré la responsabilité du monde musulman dans le refus qu’il essuie auprès d’une majorité de Français, Abdennour Bidar soutient-il qu’au fond, l’attitude des musulmans vient de «notre société» – qui demeure «un peu archaïque et a besoin d’ennemis, d’un «grand autre» ?

A en croire notre philosophe, si l’islam joue aujourd’hui le rôle du «grand méchant», c’est parce que «le monde occidental, où règne le relativisme des valeurs, n’a pas de proposition de sens»… comme si le sens était l’apanage du religieux, comme si l’Occident n’avait pas les Droits de l’Homme !

Si Abdennour Bidar pense que «sortir de la religion, des rites, du sacré», c’est tomber aussitôt dans le «désarroi relativiste», pourquoi invite-t-il les musulmans à une «critique de la raison islamique» ?

En réalité, nous sommes ici en présence d’un philosophe mineur, au sens kantien du terme, incapable d’assumer les conséquences pratiques de ses éclairs théoriques !

Maurice Vidal

INTERVIEW D’ABDENNOUR BIDAR

Le philosophe Abdennour Bidar, spécialiste de l’islam et de la laïcité, réagit au sondage réalisé par Ipsos pour Le Monde, le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et la Fondation Jean-Jaurès sur les nouvelles fractures de la société française ; sondage qui livre des résultats sans appel sur la perception qu’ont les Français de l’islam. 74 % des personnes interrogées estiment en effet que l’islam est une religion « intolérante » et qu’il n’est pas compatible avec les valeurs de la société française. Chiffre plus radical encore, huit sondés sur dix jugent que la religion musulmane cherche « à imposer son mode de fonctionnement aux autres ». Enfin, plus de la moitié des personnes interrogées pensent que les musulmans sont « en majorité » (10 %) ou « en partie » (44 %) « intégristes », sans que l’on sache ce qu’elles entendent par ce qualificatif.

Ces proportions varient certes en fonction de l’âge et de l’appartenance politique des sondés, mais, signe de leur enracinement dans l’imaginaire collectif, elles restent largement majoritaires dans toutes les catégories. Ainsi 65 % des gens de gauche et 68 % des moins de 35 ans partagent l’idée que l’islam n’est pas une religion tolérante, tandis que 61 % des premiers, et 66 % des seconds pensent qu’il n’est pas compatible avec les valeurs de la société française.

Que vous inspirent les résultats du sondage ?

Il faut se demander ce qu’il reste de la gravité de ces résultats quand on en soustrait des éléments de contexte et une part d’irrationnel : la crise économique qui suscite une angoisse diffuse, n’attendant qu’un sujet pour se cristalliser, un fond d’intolérance ou de racisme ordinaire irréductible, la part des fantasmes face à un « grand méchant » dont on aurait besoin, la surinterprétation

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