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Analyse Iphigénie à Aulis v. 1146-1170

Dissertation : Analyse Iphigénie à Aulis v. 1146-1170. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Janvier 2018  •  Dissertation  •  1 651 Mots (7 Pages)  •  949 Vues

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IPHIGENIE A AULIS D’EURIPIDE v. 1146-1170

Iphigénie à Aulis est une tragédie d’Euripide, dramaturge du Vème siècle avant J.-C. C’est une pièce posthume que présente au concours des Grandes Dionysies Euripide le Jeune, fils du grand auteur, et qui obtient pour son père le premier prix.  Le mètre de ce passage est le trimètre iambique[1]. Les Achéens se sont rassemblés à Aulis, sur la côte béotienne de l’Euripe, où ils doivent prendre la mer pour participer à la guerre de Troie. Mais l’armée ne peut pas prendre la mer parce que les vents sont arrêtés. Le devin Calchas révèle que la déesse Artémis irritée exige le sacrifice d’Iphigénie avant de les laisser partir. En vue de réaliser l’oracle, Agamemnon prétexte qu’Achille veut prendre Iphigénie pour épouse et que la jeune fille doit se rendre à Aulis. Quand Clytemnestre et Iphigénie découvrent la vérité, après de nombreuses et vaines tentatives pour que l’Atride change d’avis, la jeune fille va s’offrir délibérément à la mort pour le bien commun. Lors du sacrifice, une biche se substitue miraculeusement à Iphigénie qui rejoint les immortels. L’armée s’apprête au départ.

L’extrait arrive à la fin du troisième stasimon. Clytemnestre guette l’arrivée de son époux devant la tente. Une fois arrivé, Agamemnon lui dit que tout est prêt pour le mariage. Iphigénie apparaît en pleurs portant son petit frère Oreste. Après une stichomythie entre Agamemnon et son épouse, Clytemnestre éclate, lui révèle qu’elles ont toutes les deux connaissance de ses plans infâmes et entame dans un monologue dans lequel se situe notre passage une plaidoirie pour sauver sa fille. La scène devait sans doute être très impressionnante du fait qu’Iphigénie, silencieuse, tenait en ses bras Oreste tandis que sa mère évoquait l’image d’une jeune mère qui porte contre sa poitrine son enfant[2].

Euripide a puisé son inspiration dans l’intemporelle source de la mythologie grecque. Ce mythe a été utilisé dans les Chants Cypriens de Stasinos, dans l’Iliade, chez Stésichore et dans le Catalogue des femmes d’Hésiode, devanciers dont Euripide s’inspire. Il s’agit du fameux mythe d’Iphigénie à Aulis. L’avant-dernière pièce d’Euripide est Iphigénie en Tauride, dont des éléments sont repris dans Iphigénie à Aulis. Notre extrait se divise en trois parties, présentant quatre arguments, qui sont autant d’accusations pour qu’Agamemnon revienne sur sa décision : Premièrement, elle rappelle dans une analepse leur première rencontre et comment il a pris possession d’elle : il a sauvagement tué son époux Tantale et son enfant. Elle ne voulait pas l’épouser. Le père de Clytemnestre le sauva car il l’en supplia, poursuivi par les frères de la jeune femme et lui accorda sa fille. Deuxièmement elle décrit leur vie de couple et la chance qu’il a eu que celle d’avoir une maîtresse de maison aux si nombreuses qualités. Troisièmement, elle tente de l’atteindre dans ses sentiments paternels et conjugaux : Arracherait-il un de leurs enfants à son épouse ? Puis elle tente de lui faire prendre conscience de l’absurdité du marché qu’il se propose de faire : il tuerait son propre enfant pour récupérer Hélène, une femme sans honneur. Il paye d’un prix inestimable le retour un « objet » sans valeur, Hélène, femme volage, cause de tant de morts et de souffrances.

Le passage commence par un impératif, qui suivi d’une asyndète, fait remarquablement ressortir l’indignation et la fureur proche du désespoir de la mère d’Iphigénie, ακουε δη νυν, ανακαλυψω γαρ λογους... Les allitérations dues aux phonèmes gutturaux, γ, κ, χ expriment sa douleur non pas seulement au vers 1147 mais aussi aux vers 1149-1150, 1156 et 1166. Παρωδοις ... αινιγμασιν est une métaphore musicale[3], car, étymologiquement, ce mot signifie celui qui chante faux, ce qui a donné le sens final de celui qui s’exprime en termes détournés. Les deux mots associés sont redondants, puisque αινιγμα signifie parole obscure, énigme, ce qui donne à entendre que Clytemnestre a la ferme volonté de dissiper ce brouillard de paroles peu claires et ambiguës, échangées précédemment avec son époux. Au vers 1148, la locutrice répète à trois mots d’intervalle le mot πρωτον, ce qui suggère que la liste de ses reproches est longue et qu’ils ont commencé dès leur premier contact. Cette répétition nous fait sentir la colère de Clytemnestre.

Ensuite le champ lexical de la violence est utilisé pour raconter sa conquête par Agamemnon : καλαβες βια ... κατακτανων...προσουδισας πεδωι... βιαιως... αποσπασας. La situation qui nous est dépeinte est saisissante par la rapidité avec laquelle cela nous est raconté (5 vers), la brutalité sauvage qui a dévasté une famille exprimée par les mots précédemment cités et les nombreux verbes d’action. Quand Euripide parle de l’enfant arraché du sein de sa mère et écrasé au sol, il fait une claire allusion au sort similaire que connut Astyanax, fils d’Hector et d’Andromaque qui fut jeté pardessus les remparts de Troie lors de la prise de la ville[4]. Son premier époux assassiné est Tantale, fils de Thyeste et d’Erope, qu’il ne faut pas confondre avec la victime du célèbre « sacrifice ». Il semble que ces meurtres commis par Agamemnon soient le produit de l’imagination d’Euripide seul[5]. Les fils jumeaux qu’elle mentionne sont ses frères nommés Castor et Pollux. Au vers 1162 et 1163, Clytemnestre prononce une sentence qui énonce l’idée de la valeur inestimable d’une bonne épouse dévouée comme elle en a montré l’exemple depuis qu’ils se sont unis. Au vers 1168, les noms d’Hélène et de Ménélas sont mis côte à côte comme pour mettre en lumière et dénoncer les responsables des malheurs qui se sont abattus sur leur famille. Euripide dans une antithèse qui accentue la différence d’état d’esprit entre les protagonistes oppose le gain qu’Agamemnon entrevoit grâce au sacrifice filial, celui de récupérer Hélène. ταχθιστα τοισι φιλτατοις. Mais l’échange de la jeune fille et de l’épouse de Ménélas est complètement inéquitable pour la mère d’Iphigénie.

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