Pour se construire faut-il se positionner contre, ou tout du moins en marge d'une certaine transmission familiale et culturelle, ou bien héritons-nous de toute façon, quels que soient nos efforts, d'une histoire familiale dont on ne peut se départir ?

Proposition de corrigé ( sujet d'écriture)

On dit beaucoup, à propos des adolescents, qu'ils ne sont pas encore « terminés » , qu'ils sont en train de « se construire », qu'ils « se cherchent » , ou qu'ils ne savent pas bien encore qui ils sont ; il s'agit, en effet, d'une période charnière, déterminante dans l'idée que l'on se fait de sa propre identité. En effet, faut-il forcément pour se construire se positionner contre, ou tout du moins en marge d'une certaine transmission familiale et culturelle, ou bien héritons-nous de toute façon, quels que soient nos efforts, d'une histoire familiale dont on ne peut se départir ?

Il semble tout d'abord assez clair que la quête d'identité passe en premier lieu par une revendication de ce que l'on est, et donc par une révolte contre le milieu dont on est issu, pour se démarquer des autres. C'est l'attitude caractéristique des jeunes gens qui, par leur style vestimentaire, leur langage, leurs centres d'intérêts, cherchent à se distinguer de leurs parents. C'est d'ailleurs cette volonté de se démarquer qui créer le fossé des générations évoqué notamment par Annie Ernaux dans son récit autobiographique, les Années, où elle explique les différentes générations existant dans sa famille.

par ailleurs, grandir, devenir adulte, signifie aussi acquérir une forme d'autonomie, et donc une capacité à s'affirmer en dehors des parents ou de la culture dans laquelle on a baigné enfant. Au fil de son existence, on découvre d'autres domaines, d'autres milieux, et on apprend à réfléchir et prendre en compte d'autres critères que ceux qu'on a pu nous inculquer. Se construire passe donc par une marginalisation de ce que l'on a toujours connu, sans savoir encore manier l'esprit critique. C'est ainsi que le personnage central du film into the wildz quitte tout, renonce au confort parental afin de se trouver, se construire au fil de expériences et de ses rencontres.

91fin, pour beaucoup, se construire, c'est aussi se fondre, s'intégrer dans une société, dans un milieu qui n'est pas forcément celui de ses propres parents. Prendre ses distances avec sa culture d'origine - sans forcément la renier ! —, paraît alors utile pour être capable de se définir. C'est ce que nous raconte Azouz Begag dans le gone du Châaba où il explique son tiraillement entre sa culture d'origine et sa volonté de s'intégrer et devenir un français à part entière.

Cependant, il paraît aussi évident qu'à partir du moment où l'on est issu d'une famille, d'un milieu, d'un cadre, on ne puisse faire abstraction de tout cet héritage qui a baigné notre enfance.

En effet, cet héritage constitue aussi toute une série de jalons, de repères, qui paraissent nécessaires à la formation de l'individu. C'est ainsi, que dans l'œuvre de Jean-François Boyer, Où est passé papa ? qu'Éliette Abécassis parle de la figure centrale que représente son père et le rôle qu'il a joué dans le développement de sa passion pour la philosophie

be plus, connaître son histoire et celle de ses parents permet de davantage savoir ce que l'on désire, ce que l'on recherche dans l'existence. L'avenir n'a de sens que s'il est relié à un passé, et c'est en s'appuyant sur ce qu'ont fait les anciens que l'on peut prendre conscience de certains modèles à suivre ou, au contraire, d'éléments à ne pas reproduire. C'est d'autant plus compliqué quand pour diverses raisons, on ne connaît pas son histoire c'est ce qu'affirme Albert Camus dans son roman autobiographique Le Premier Homme où le narrateur s'interroge sur son identité à travers la recherche de son père qu'il n'a jamais connu, mort pendant la Première Guerre Mondiale.

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