Micromégas, Voltaire

Lecteur de 2022, tu as pu lire dans le roman que tu viens de terminer la chose suivante : « D’ailleurs, ce n’est pas eux qu’il faut punir : ce sont ces barbares sédentaires qui, du fond de leur cabinet, ordonnent, dans le temps de leur digestion, le massacre d’un million d’hommes, et qui ensuite en font remercier Dieu solennellement. ». Mais qu’en est-il aujourd’hui ?

Vulgairement, j’ai envie de vous dire que du nord au sud, de l’est à l’ouest, rien de nouveau. Alors que vous venez de finir mon ouvrage, une alerte sur votre téléphone vous informe qu’un dirigeant d’une grande nation vient d’envahir son voisin. De ce fait, vous regardez votre tablette et des spécialistes en tout genres vous expliquent le pourquoi du comment du début du conflit. Ils exposent les différentes forces en place, les stratégies qu’elles vont ou qu’elles devraient adopter et à quoi nous devons nous attendre dans les prochains jours. Mais vue d’en haut…rien de nouveau : le barbare sédentaire est toujours au fond de son cabinet, au Kremlin, dans une grotte, au milieu du désert ou dans une grande capitale. Il harangue son peuple à combattre l’ennemi juré, l’ennemi immémorial, lui-même protégé par une sécurité rapprochée, laissant son propre peuple se livrer à la mort du fait de ses envies politique et son désir de conquête, comme si de rien n’était, dans le confort et l’abondance sans s’exposer à la mort. Alors que ce soit pour l’église catholique ou orthodoxe, ou pour n’importe quelle religion prétendant être supérieure, un peuple innocent est appelé à se battre contre des semblables. Si Micromégas considère la Terre comme un globe recouvert de joies bien pures, de bonheur et d’amour, ici et toujours actuellement, la petitesse des hommes témoigne de leur accès de rage acharnée, remplaçant toute forme d’humanité et de bienveillance à laquelle on pourrait s’attendre provenant d’un peuple doté de l’adresse, d’esprit et d’intelligence. Et tout cela, tous ces conflits et tous ces désastres auxquels, vous, lecteurs, faites malheureusement face au moment où vous lirez ces mots, sont les conséquences de quelques territoires ridicules, ou d’une question de puissance dérisoire tout comme celles de querelles religieuses. Aujourd’hui, il n’est pas un seul peuple au monde qui ne soit souillé de tous les crimes et couvert de toutes les hontes, humilié par les châtiments infligés à de misérables groupes d’hommes qui croient pouvoir sauver leur partie et se battre pour la bonne cause. Bien que l’instinct du sauvage du meurtre guerrier existe depuis des millénaires, ces « fous » qui participent aux guerres ne font rien pour les arrêter et n’ont cependant rien à y gagner : pourtant, tous sont les mêmes et ne possèdent de différents que leurs croyances ou leurs cultures, ces luttes ne concernent que les puissants, dont seul le nom les diffère du reste de la population dont ils se servent tels des jouets pour parvenir à leurs fins en abusant de leur pouvoir, en ruinant leur ressource par odiosité et en affaiblissant un pays entier : forçant des familles à fuir de leurs foyers, à se séparer pour parfois ne plus jamais se retrouver et à abandonner tous leurs biens. Et finalement, toutes ces luttes insensées ne s’expliquent que par le désir de richesses, car : « c’est bien pour l’argent que l’on se bat ».

Cela

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