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Le théatre

Dissertation : Le théatre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  7 Décembre 2021  •  Dissertation  •  2 495 Mots (10 Pages)  •  406 Vues

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Introduction : Pour Alcandre dans L'Illusion comique de Corneille, le théâtre est un

art grand et prestigieux. L’indiquant à Pridamant, il dit : « à présent le théâtre est en un point si haut que chacun l’idolâtre, et ce que votre temps voyait avec mépris est aujourd'hui l'amour de tous les bons esprits » ; de même jean Duvignaud et Jean Lagoutte écrivent en 1974 : « Les grandes œuvres de théâtre sont toujours des œuvres subversives qui mettent en cause l’ensemble des croyances, des idées, des modèles, l’image de l’homme, d’une société et d’une civilisation. Certes, avec le temps, les histoires de la littérature effacent ce conflit ou du moins feignent de l’ignorer, pressées qu’elles sont de tranquilliser le lecteur en présentant des œuvres dans la suite apaisante d’une histoire et d’un déroulement. Mais à l’origine, toute grande œuvre, même si elle ne s’affirme pas complètement, frappe, gêne, révolte. » Ils s’interrogent ici sur ce qui fait la valeur du Théâtre. Selon eux, la grande oeuvre de théâtre doit être subversive. En effet, les marqueurs de sa qualité sont les conflits qu’elle éveille lorsqu’elle dérange et heurte son lecteur. Un texte théâtral qui délivre des vérités faciles se structurant autour d’une intrigue simple sans bousculer l’homme n’est pas une oeuvre de premier ordre puisqu’il ne cherche qu’à satisfaire son lecteur.

Ainsi, la valeur du théâtre dépend-elle d’un texte qui renverse l’ordre établi et les valeurs de son audience ou demeure-t-elle dans une oeuvre qui cherche à plaire ?

D’une part, la grande oeuvre théâtrale est une oeuvre subversive, mais le texte de théâtre qui favorise l’ordre et l’organisation est tout aussi important. Enfin, la notion de grande oeuvre de théâtre elle-même est à interroger.

Une grande oeuvre de théâtre est toujours subversive, c’est par leur biais que l’auteur questionne le monde qui l’entoure et propose son idée, une nouvelle piste de réflexion.

Le grand texte théâtral est gênant car il nous interroge avec violence sur des enjeux qui nous sont essentiels : sur le monde, notre rapport à dieu, à l’art... Oedipe roi pose la question de la liberté humaine face au divin, Le Cid traite de l’importante du devoir face à l’amour... Le théâtre fait s’affronter deux idéologies compréhensibles qui mettent le spectateur et le lecteur dans une situation inconfortable. En choquant son audience, l’oeuvre stimule une lecture active, qui donne lieu à de nombreuses interprétations. Les paradoxes, les contradictions, les provocations à l’égard du public ou de la société engagent une diversité d'interprétations dont les mises en scène sont la concrétisation. Dom Juan de Molière est un personnage éponyme contradictoire : il est à la fois un libertin et un galant seigneur. Le dénouement de la pièce pose aussi problème. Il s’agit à la fois d’une fin moralisatrice puisque le bourreau des coeurs est condamné, d’une forme de provocation de la part du personnage qui accepte son destin mais aussi de Molière qui parle à ses détracteurs à travers la voix de son héros. Le comique final prononcé par Sganarelle qui scande « Mes gages, mes gages, mes gages » confond d’autant plus le lecteur. Les lectures et les mises en scène exploitent les incertitudes des textes pour privilégier une interprétation dominante. Par exemple, peut lire Sénèque de Médée sous un angle psychanalytique ou mythologique.

Les interprétations ne sont pas les seuls paramètres révoltants d’une pièce.

Dans Vous qui habitez le temps, Novarina se revet d’un voile mystérieux car il semble dénué de sens. Son absence de cohérence frappe le lecteur et l’oblige à en faire une interprétation. Cette interprétation donne de la cohérence au texte et travaille sur sa nature linguistique. Avec Beckett En attendant Godot, on travaille sur le néant, le vide métaphysique. Ainsi, le texte obscur et peu compréhensible, qui frappe le lecteur de son étrangeté provoque des interrogations et des lectures différentes à travers le temps. La force subversive théâtre est donc aussi dans le langage que la pièce emploie. C’est le cas de Beckett et sa langue lyrique. Si la subversion a plus de force au théâtre, c'est en vertu en effet de ses caractéristiques propres. Ce n'est pas le texte qui se fait plus violent, ce sont les moyens qui lui sont donnés de résonner et de porter, qui amplifient son acidité. Le théâtre en effet est l'art de la mise en scène du texte, l'art de la représentation. Il projette en trois dimensions et fait porter par les vivants les morts dont se tisse son texte. De plus, face à la scène où sont littéralement donnés à voir, à entendre ces mots, avec donc d'autant plus de force, sont réunis en nombre, formant comme une reproduction miniature de la société dont ils sont issus, certains de ses membres. Ainsi reçoivent-ils directement le texte, sans protection ni barrière possible, et celui-ci atteint-il toute sa violence. C'est bien sur cet effet de vie du théâtre, qui lui confère une plus grande vraisemblance et donc une plus ample portée qu'au seul texte. C’est donc un phénomène de Catharsis : le spectateur ayant été suffisamment touché par la terreur et la pitié, il n’aura plus, en sortant, besoin de ressentir à nouveau ces émotions-ainsi en sort-il purgé.

Cependant, il apparait qu’une oeuvre conforme aux attentes de son public n’en est pas moins dénuée de valeur.

Une grande oeuvre théâtrale peut présenter « la suite apaisante d’une histoire » car le théâtre en général possède une architecture rationnelle et rigoureuse pour ce qui est du déroulement de son intrigue. Nicolas Boileau écrit pour définir la règle des trois unités théâtrales : « Qu'en un jour, qu'en un lieu, un seul fait accompli /Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli. » L’oeuvre théâtrale se conformant à sa parole n’est pas dénuée de valeur. En effet, concernant l une unité d’action, la démonstration rigoureuse se centre sur son objet et doit donc éviter les digressions qui nuiraient à son efficacité. Le développement s’articule donc autour d’une action principale à laquelle se rattachent d’éventuelles actions secondaires. Dans Andromaque de Racine, l’amour qui unit Oreste à Hermione est dépendant de l’action et relation principale que constituent Pyrrhus et Andromaque. L’oeuvre théâtrale peut aussi présenter une unité de temps c’est à dire que la durée de la représentation théâtrale doit coïncider avec la durée de l'action représentée. À la différence

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