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Dissertation sur les méfaits de l'argent

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Par   •  9 Mars 2016  •  Dissertation  •  3 112 Mots (13 Pages)  •  1 262 Vues

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Bourgogne printemps 1768

Jean de Boussac écrit une lettre à son ami d’enfance auquel il n’a plus reparlé depuis dix ans. Ayant du sang noble Jean fut enlevé de sa campagne natale où une nourrice l’avait élevé et put jouir d’une vie aisée et profiter grandement de sa nouvelle richesse. L’argent a séparé les deux amis et a profondément changé les valeurs personnelles de Jean De Boussac. Celui-ci cherche à se faire pardonner dans une lettre en dénonçant les méfaits de l’argent et l’impact négatif que celui-ci a eu sur sa vie.

De : Duc Jean de Boussac

 A : Ferme n°5 de Bouzieux

Cher Gaspard

Si je colle ma plume sur ce papier c’est pour t’écrire ces mots simples: « pardon Gaspard ».

Pardon pour ces dix années au cours desquelles la richesse nous a séparés et où je me suis permis de te mépriser, de te juger, de t’oublier, toi, mon tendre ami d’enfance, mon frère. La richesse nous a éloignés. Entre nous l’argent a dressé un mur.

Je sais malheureusement que personne ne peut revenir sur le passé. Le Conte De Châtain l’a lui-même écrit dans son remarquable ouvrage « Les Hommes et la vie  ».

Mais de nombreux soirs, dans mon esprit je ne cesse de retracer le passé et de le reconstruire, avec toi.

Cela fait une décennie aujourd’hui jour pour jour que l’on s’est quitté.

Dix ans que je ne cesse de me faire croire que je suis heureux. Dix ans que j’ai perdu cette flamme ardente qui embrasait mon cœur et illuminait mon regard : le bonheur.

Mes journées sont tristes et longues dans ma grande et luxueuse demeure. Elles sont marquées par des visites de la haute bourgeoisie et je ne dois cesser de faire bonne figure. Le matin je me lève à dix heures. Ma femme de chambre prend le soin de m’habiller pendant plus d’une heure dans des chemises en soie plus luxueuses les unes que les autres. Après m’être ainsi revêtu, nous effectuons minutieusement avec mon conseiller les préparatifs de la grande chasse qui se déroule chaque samedi matin. Je suis ensuite invité à dîner chez de belles et jeunes nobles demoiselles. Elles veulent absolument trouver un bon parti. Toutes ces femmes autour de moi ne sont attirées que par ma richesse. Comment ai-je pu ne pas comprendre plus tôt que l’on ne louait jamais ni mes vertus ni mon caractère mais en réalité seul mon argent motivait toutes ces flatteries. L’argent pousse donc au mensonge. Toutes ces femmes vantent mes mérites en espérant percevoir des cadeaux, en rêvant d’en tirer profit et d’amasser ainsi toujours plus de richesses.

Au cours de ces repas nous mangeons excessivement, des mets délicieux allant des petits fours farcis à la dinde rôtie accompagnée de tendres légumes sautés avant de culminer par la fameuse charlotte aux fraises et son coulis de framboise de notre chef pâtissier. Nous buvons sans modération de grands crus et passons le reste de l’après-midi à nous prélasser et à somnoler sur des fauteuils alors que notre organisme a bien du mal à effectuer la digestion. En fin d’après midi avec mon conseiller des finances nous cherchons des façons d’investir de l’argent et de me faire repérer par le roi ce qui me permettrait de faire fructifier mon patrimoine et ainsi de bénéficier d’une hausse de mes richesses et de mes biens.  Nous recherchons à en gagner toujours plus. Nous spéculons et cela ne nous importe peu si nos actes vénaux conduisent à réduire à la misère les entreprises que nous cessons de soutenir pour en privilégier d’autres offrant de meilleurs rendements. De plus je vis dans le stress permanent et l’inquiétude de tout perdre. Et si ce cargo de la compagnie des Indes s’échouait lors d’une tempête ? Je me rends compte désormais que je mets son équipage en danger en le forçant à braver la mousson pour être le premier à livrer la nouvelle récolte de thé. Pour empocher une très faible somme d’argent en guise de récompense, les marins prennent tous les risques et moi simple investisseur je les pousse à leur propre perte seulement pour m’enrichir encore un peu plus.

Donc ne sois pas jaloux de cette vie luxueuse Gaspard. Tu n’as rien à m’envier. Regarde ce que je suis devenu, ce que l’argent a fait de moi. Mon bonheur n’est en réalité que superficiel et j’ai même fini par oublier les valeurs essentielles.

En réalité ces chemises de soie me serrent et m’oppressent et je regrette le temps ou je pouvais me vêtir d’un simple tricot de coton bien confortable. De plus la compagnie de ces dames m’ennuie affreusement. Leurs petites manières me deviennent de plus en plus insupportables et je vois bien qu’il n’y a rien de sincères dans leurs galanteries.

Enfin les repas sains tels que la merveilleuse soupe aux champignons et le moelleux du pain de seigle de Mme Valdine me manquent affreusement.

De plus malgré mes journées en apparence chargées, je souffre d’un ennui existentiel dont, j’en suis certain, l'argent en est le seul responsable. L’appât du gain amoindrit mon être en me vouant à des objectifs étroits et en planifiant ma vie. Je suis un être à la recherche de toujours plus d’argent. Je n’arrive pas à me contenter de ce qui m’appartient et je suis souvent jaloux des plus aisés que moi. Je ne cesse de les envier et de convoiter leur propriété. N’est ce pas absurde ?

J’ai tant de richesses mais je ne suis pas heureux. Je mène une vie détachée du réel, détachée des vraies valeurs et des vraies relations. Ce paradoxe entre ma richesse et mon malheur doit surement te surprendre mais c’est bien la triste vérité et il a hélas fallu dix ans pour que je m’en rende compte. Je ne peux plus me regarder dans le miroir, je ne me supporte plus; je me fais honte. Avant j’étais honnête, attentif aux malheur des autres, généreux, je partageais tout: mais aujourd’hui il m’en faut toujours plus. Je suis devenu complètement égocentrique.

Cette vérité m’a frappé un beau jour de printemps il y a un peu moins d’un mois. Je me rendais chez un très honnête homme Mr Pascal qui a un petit manoir en province. Lors du trajet, en regardant à l’extérieur je vis tout d’abord des paysans attachés à leur dur labeur, sous un soleil éclatant, une faucille à la main ou travaillant déjà la terre pour préparer les semailles suivantes. Je vis des enfants vêtus de vieux haillons courir au milieu des champs de blé, le sourire aux lèvres. J’ai entendu la berceuse que chantait une mère à son nourrisson de façon affective, et j’ai pu percevoir un éclat de rire franc au sein d’une famille jouant aux cartes devant leur vieille bâtisse.

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