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De la raison en démocratie

Dissertation : De la raison en démocratie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2019  •  Dissertation  •  2 161 Mots (9 Pages)  •  395 Vues

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DE LA RAISON EN DEMOCRATIE

Monologue dans les Jardins de Élysée

 Il est seul dans son bureau. Soudain il repousse le dossier devant lui, se tourne vers les grandes fenêtres encore éclairées et laisse aller ses pensées.

     « Moi, Emmanuel Macron,  je suis aujourd'hui bien embêté...On me conspue, on me menace même, on ne me respecte plus. Même Brigitte m'engueule ! Ce soir, j'arrête. Je coupe mes smartphones. Et tiens, il fait encore jour, je vais marcher dans le jardin, je vais voir les canards de Mitterrand, ça me détendra...... »

 Il marche sur la grande pelouse. Dans la lumière de fin du jour les arbres ne font plus d'ombre.

   

    « Et ce Grand Débat qui m'épuise, et pour rien, car il n'en sortira rien quoi qu'en dise Juppé. Le Grand Débat peut seulement servir à me remettre en selle, à m'accorder la confiance nécessaire pour continuer mes réformes sans passer par la case « Révolution ». Sans quoi...Ce sera l'issue du « Grand Débat » lancé en janvier 1789 par Louis XVI convoquant les États Généraux et demandant aux Français de rédiger des « cahiers de doléances » dans leur village. Six mois plus tard, la « nuit du 4 août », l'Assemblée Constituante abolit les privilèges, les droits seigneuriaux, la féodalité et l'Ancien Régime. Il n'y avait plus d’État et Louis XVI ne put terminer son quinquennat...Aujourd'hui en 2019, l’État impuissant, n'apportera de réponses qu'après s'être réformé en profondeur, s'il le peut. Et il le pourra grâce à mes réformes. Réduire les dépenses de l’État, comme le proposait Fillon. Ah, bien sûr il ne faudra pas trop toucher aux aides sociales, ni augmenter les impôts comme le proposent certains de mes ministres, toujours à coté de la plaque. Et même Marlène Schiappa. Je l'aime bien, c'est mon petit caprice de progressisme. Mais son « égalité hommes-femmes »... Et maintenant, l'Académie Française... Faut pas pousser...Est-ce que j'ai fait la parité dans mon équipe de Élysée ? J'ai déjà Brigitte, c'est bien assez !

     Oui, dégraisser le Mammouth comme disait l'autre ! Ça me donnera des moyens. J'aurais dû le faire plutôt. Et remettre au travail ces 30% de jeunes chômeurs qui survivent du RSA et ne produisent rien.

     Il faut aussi décentraliser. Transférer plus de décisions vers les régions, les pays. A l’État les pouvoirs régaliens, la justice et le bien commun, à la France des Régions la vie des Français. Ces Français qui respirent mieux à la campagne mais préfèrent l'air pollué des grandes métropoles... »

 Il fait le tour de la grande pièce d'eau.

      « Il y a même des Français, les Gilets Jaunes, qui semblent apprécier la fumée des merguez sur les ronds-points et les gaz lacrymogènes sur les Champs Élysée. Les Gilets Jaunes ! Mais d'où sortent-ils, ceux-la ? C'est ça la Démocratie ? On a dit que les Gilets Jaunes menaient la révolution inachevée de Mai 68. Complètement faux. Mai 68 fut un mouvement créatif, festif, porteur de rêve, sous les pavés, la plage.... Le mouvement des Gilets Jaunes est stérile, triste, couleur de désenchantement comme le jaune. Je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes – et dans les ronds-points – pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs – le pouvoir d'achat – dont ils remplissent leur âme. Les réseaux sociaux et les médias, via leur smartphone, multiplient les expressions de leurs émotions et divisent le poids de leur intelligence. Il faut bien sûr les écouter, ne pas les juger, ce sont des victimes, mais on ferait mieux de les inviter à réfléchir...

     Les Gilets Jaunes, c'est un pur produit de l'individualisme. Cette conception qui privilégie les intérêts et les droits  de l'individu par rapport au groupe et à la société est inhérent à l'espèce humaine. Maîtrisé sous l'Ancien Régime par le pouvoir absolu, l'individualisme renaît  avec la démocratie, dont elle est un fondement, se renforce ces dernières décennies dans notre Occident épris de liberté avec la mondialisation, avec le remplacement du « droit de... » par le « droit à... ».  Dans la logique de l'individualisme les pouvoirs publics sont sommés de satisfaire chaque désir individuel revendiqué comme tel. Tout ce qui rassemble menace nécessairement d’opprimer l'individu. Et doit donc être repensé, supprimé. Ainsi l'école, les églises, la famille, l'entreprise, les syndicats...mais aussi les frontières géographiques, culturelles, biologiques

      L'individualisme aggrave la fracture de notre société entre les pauvres et les riches, entre les humiliés et les nantis. C'est un système qui s'entretient lui-même et qui ne peut produire que  violence et haine. L'individualisme peut certes prétendre à l'épanouissement de la personne. Mais érigé en idéologie, l'individualisme détruit la société, altère la Démocratie. »

 Il s’arrête devant  une statue au détour d'un bosquet, la contemple.

     « Pauvre Démocratie ! Parlons-en ! « Le pire des systèmes de gouvernement à l'exception de tous les autres... » disait Winston Churchill...Il est vrai qu'il disait cela en 1947 et que depuis elle tient toujours debout, la Démocratie, en Occident du moins. Elle s'est même confortée en France grâce aux institutions de la Ve République, au régime présidentiel voulu par le Général de Gaulle. Le Président de la République est élu au suffrage universel dont il tient sa légitimité, comme les Rois tenaient la leur de « l'onction sacrée » en la Cathédrale de Reims.

    J'ai réfléchi au mode de fonctionnement de l'état dans le temps long. Je me souviens d'un entretien à un hebdomadaire, Le 1, en  juillet 2015, où je regrettais « l'incomplétude de la démocratie » due à l'absence de « la figure du roi ». J'y expliquais qu'« après le Général de Gaulle la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. Pourtant, ce que l'on attend du Président de la République c'est qu'il occupe cette fonction », que revêtu de « des habits du Roi », il soit l'Arbitre écouté. Les partis politiques et les  « corps intermédiaires », syndicats, associations, ont une part prépondérante dans la vie et le débat démocratiques. Ils animent, disait mon maître à penser Paul Ricoeur, « une société dans laquelle les conflits sont ouverts et négociables dans un arbitrage reconnu », éloignant la tyrannie de la majorité. La fonction présidentielle, la « figure du Roi », si présente au cœur de la vie politique de notre pays, permet au Président de la République d'être cet indispensable Arbitre des débats et des conflits au sein de notre société démocratique.

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