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Ravage par René Barjavel

Étude de cas : Ravage par René Barjavel. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2018  •  Étude de cas  •  3 773 Mots (16 Pages)  •  1 640 Vues

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Ravage

par René Barjavel

Résumé

Le roman Ravage, publié en 1943, situe son action plus d’un siècle plus tard, en 2052. C’est une société à la fois utopique et cauchemardesque qui est décrite au début du récit, mécanisée à l’extrême, où tout est automatique. Les usines et le travail manuel n’ayant plus lieu d’être dans cette routine gérée par les machines, les capacités humaines les plus élémentaires se voient atrophiées et les individus, toujours plus dépendants du système, cherchent en vain leur bonheur dans ce bien-être routinier et robotique.

Un jour, dans une mégalopole entièrement tributaire de l’énergie, c’est la catastrophe : l'électricité disparaît tout à coup sans que personne ne puisse vraiment expliquer pourquoi. Toute la société se retrouve alors paralysée : les lumières s’éteignent, les voitures ne peuvent plus avancer, les distributeurs d’eau ne fonctionnent plus et pour couronner le tout, la communication avec le reste du monde est coupée car les radios n'émettent plus. Le pays, plongé dans le noir, semble découvrir avec horreur à quel point la « la fée électricité » lui était jusqu’alors vitale.

Face à la situation et aux périls encourus par les citoyens, les secours n’ont d’autre choix que de se déplacer à cheval. Mais les populations se rassemblent en véritables meutes affamées – les réfrigérateurs ne fonctionnant plus – et, dans leur quête désespérée de nourriture, commencent à attaquer les chevaux pour les dévorer. Des siècles de civilisation se trouvent anéantis devant une pénurie qui renvoie les individus à la part la plus irrationnelle de leur condition humaine. C'est ainsi que « la loi de la jungle » fait son retour dans la grande ville où seuls les plus forts survivent ; les principes d'entraide et les sentiments de compassion semblent oubliés.

François Deschamps, né dans une famille d’agriculteurs, s’est installé en ville pour suivre des études de chimie, mais il ne s’est jamais complètement départi du bon sens, de la logique et du savoir-faire ancestral des gens de sa terre, et c’est donc tout naturellement que celui qui deviendra le héros de cette histoire décide, face au désastre, de fuir le chaos de la ville pour rejoindre sa famille à la campagne. Représentant les valeurs humaines du monde rural face à la déliquescence d’une population urbaine oisive, François se montre fidèle en amitié et n’oublie pas d’emmener avec lui dans sa fuite son amie d’enfance, Blanche Rouget, la fiancée du richissime et tout-puissant Jérôme Seita. Ce dernier, rendu grotesquement impuissant, au milieu de ses richesses, par la panne d’électricité, est abandonné par ses serviteurs et subordonnés, et se montre incapable de sortir seul de sa grande demeure sans risquer la mort.

François fabrique des armes pour se défendre des foules animalisées par le besoin, rassemble ce qu’il peut de nourriture et forme autour de Blanche et de lui-même un petit groupe qui va les accompagner dans un long et pénible voyage vers la campagne et la liberté, loin de l’aliénation d’une technologie défaillante. De par ses qualités innées, et en raison des compétences basiques dont il semble l’ultime détenteur, François devient naturellement le chef et le guide de cette troupe de survivants, qui va dans son périple affronter tous les dangers : tempêtes, sécheresses, incendies… La planète et les éléments, malmenés par les hommes qui s’en sont crus les maîtres, et par leur « progrès », font valoir leurs droits et se vengent sur ces rescapés qui, après quelques pertes et de longs tourments, parviennent toutefois à atteindre leur but et à s’installer dans une contrée éloignée où ils décident de « repartir de zéro ».

Fort de l’expérience malheureuse des ravages provoqués par une robotisation à outrance, François fonde alors une nouvelle société quasi féodale, dénuée de toute technologie, développée selon une hiérarchie patriarcale autour de sa propre figure, fondée sur une vie saine et privilégiant les valeurs essentielles de la vie au contact de la nature. Il y instaure des principes à la fois stricts – l’obéissance inconditionnelle de ses subordonnés – et nécessaires pour la cohésion et le développement de cette « nouvelle race humaine » – en permettant, par exemple, la polygamie afin de s’assurer une nombreuse descendance.

Après une vie bien remplie auprès de ses sujets, François, devenu vieux, songe à désigner un successeur légitime à la tête de sa tribu, et pour ce faire il organise des festivités. Au cours des réjouissances, un homme apparaît soudain avec un cadeau pour le patriarche : une énorme machine, qu’il a conçue et fabriquée pour faciliter aux hommes les durs labeurs de la terre. À la vue de ce présent, réminiscence à ses yeux de tout le passé de dépendance aux machines qu’il est le dernier homme vivant à avoir connu, François devient fou et décide de couper le mal à la racine en faisant exécuter l’inventeur. Interloqué, ignorant les raisons de cette décision, c’est finalement ce dernier qui va tuer François, dans un sursaut d’autodéfense.

Même si la volonté du chef défunt sera tout de même respectée – ses hommes détruisent la machine et tuent son inventeur –, François emportera néanmoins avec lui dans la tombe son irremplaçable expérience de l’enfer moderne, et tôt ou tard ses descendants se lanceront probablement à nouveau dans l’invention et l’élaboration de nouvelles machines. Ils risqueront ainsi fatalement d’engendrer, à leur tour, d’autres « ravages ».

François Deschamps

Si François Deschamps détient un physique et une énergie hors du commun, ces qualités ne représentent qu’une partie de son tempérament. A vingt-deux ans, issu d’un milieu agricole, cet étudiant en chimie possède une stature imposante et une constitution des plus robustes, doublées d’une haute taille. Ce physique lui permet d’asseoir la domination qu’il entretient sur les choses et de défendre la valeur de l’effort qui a grande importance pour lui. Entêté et prônant la soumission des autres à sa cause, il ne fait pas d’exception pour la jeune femme qu’il désire épouser et qui, elle, préfère un autre prétendant : il tente d’empêcher le mariage de ladite femme afin de la reconquérir. Ce trait de caractère s’étend jusque dans l’influence qu’il exerce sur les citoyens qu’il sauve de la ville en flammes en leur servant de chef, impitoyable et efficace. Comme nous l’avons dit, l’effort et le mérite sont des valeurs phares à ses yeux : ainsi, il n’hésitera pas à faire assassiner les prisonniers trop encombrants à transporter, et cette tâche incombe aux hommes de sa troupe qu’il juge comme étant trop faibles, en guise de test. Il n’est pas non plus étranger au meurtre lui-même puisqu’il tue de ses propres mains un des hommes qu’il dirige, sous prétexte qu’il ait commis une grave faute. Sa persévérance et son obstination vont de pair avec son violent caractère. Ces traits qui le définissent lui réussissent finalement puisqu’il parvient au but qu’il s’était fixé en début d’œuvre : retourner à une société loin des fumées de ce monde en ruine, dans le milieu rural dont il est issu. Or, son désir de retrouver un rapport à la nature perdu le pousse jusqu’à nier toute idée de progrès et la vision d’une machine fabriquée par l’un de ses hommes, qui pour lui est le symbole évident d’une rechute imminente dans l’industrialisation et la mécanisation, le rend complètement fou et le pousse jusqu’au meurtre. Ainsi, François est un anti-progressiste jusqu’au-boutiste, acharné, droit dans ses convictions mais n’hésitant pas à employer la violence pour parvenir à ses fins.  

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