Les vainqueurs l'écrivent, les vaincus racontent l'histoire

ELOQUENCE : Demi Finale :

Mesdames, messieurs les jurés, très chère Assemblée,

Je dois dire que, lors de la tardive découverte de mon sujet, ma surprise fut immense. J’ai, dans un premier temps vu le nom de BOOBA inscrit sur mon mail. J’ai donc bien évidemment pensé, et tout le monde aurait pensé comme moi, au petit ourson de Chantal Goya pour me rendre compte que c’était une erreur de ma part, oui mesdames et messieurs on me parlait du Duc de Boulogne, du rappeur aux 1000 biceps, du Roi de la punchline.

Je ne vous cache pas, qu’initialement, je ne suis pas un grand adepte du rap en tout genre, et encore moins de tous les conflits qui s’en suivent. Bien qu’en écoutant sa voix, on pourrait soupçonner Booba d’être porteur du Coronavirus, ce légendaire artiste est et restera un maitre de la plume.

« Les vainqueurs l’écrivent, les vaincus racontent l’histoire ». Quelle magnifique phrase tiré de l’oeuvre musicale 92iVeyron.

J’ai donc dut, ajouter ce titre pour la première fois de mon existence à ma playlist, et je vais être honnête avec vous : c’était pas si mal, c’était même presque plaisant.

Mais alors en quoi les vainqueurs écrivent-ils l’histoire mais surtout les vaincus la racontent-ils ?

A la première écoute de cette « punchline » je me suis demandé si Booba ne s’était pas découvert des talents cachés d’Historien.

Mais alors au sens pure de l’histoire, cette phrase est-elle automatiquement vraie ?

Que l’Histoire avec un grand H soit écrite de manière positive comme négative, c’est généralement les vaincus qui la racontent : le peuple juif, persécuté par le régime nazi, est aujourd’hui celui qui raconte son traumatisme, pour la mémoire, pour se souvenir et afin que cela ne se reproduise.

Mais ceux qui l’écrivent, par une profonde envie de reconnaissance et de gloire, peuvent aussi la raconter. Le gigantesque empereur romain qu’est Jules César a donc raconté ses nombreuses batailles et conquêtes dans son ouvrage la Guerre des Gaules. Il était pourtant vainqueur.

Booba ne serait donc pas un historien par cette phrase. Bien qu’au vu de ses clips, celui-ci à l’air d’apprécier les femmes à forte poitrine, ce n’est pas de l’ouvrage de la Guerre des Gaules qu’il entend ici nous exposer.

N’étant pas historien, Booba raisonnerait peut être en tant que philosophe. Oui mesdames et messieurs, c’est difficile à entendre, mais cette phrase à bel et bien un aspect philosophique. Elle me fait fortement penser au proverbe latin : "verba volant, scripta manent » signifiant : les paroles s’envolent, les écrits restent.

Ce proverbe est un premier élément de réponse, approuvant, confirmant le bien fondé de cette réplique de Booba. Je peux vous l’assurer : si les vainqueurs écrivent l’histoire, c’est de ceux-ci que nous nous souvenons, et non de ceux qui la racontent.

Mesdames et Messieurs, le verbe écrire, ici, n’est pas à prendre au sens propre du terme. Booba nous parle des vainqueurs comme de ceux qui fondent l’histoire, de ceux qui la font. Les vaincus, eux, ne seraient que ceux qui  « piaillent » tel des hyènes, qui critiquent et contestent les vainqueurs afin d’exprimer leurs rancoeurs. C’est donc eux que nous oublierions.

Prenons un exemple concret. Souvenez vous mesdames et messieurs, de cette demie finale de Coupe du Monde de Football 2018. La France, elle, à écrit l’histoire en assurant sa place en Finale de la compétition pour par la suite la remporter.

Mais qui a piailler, qui parle encore de cette rencontre tant contestée ? Qui ose, sans cesse, en 2020, nous rabâcher cette opposition pour satisfaire un caractère de mauvais perdant digne d’un enfant de 5 ans ?

Les belges, 1 fois. Oui, mesdames et messieurs, la France, elle, s’est contentée d’écrire l’histoire, les Belges, quant à eux, ne font que la raconter.

Au final, de quoi nous souvenons nous ?

De la deuxième étoile sur le maillot tricolore mais aussi de l’absence de celle-ci sur celui de la Belgique.

Outre ce petit exemple sportif, Booba est en réalité un sociologue. Oui, Eli Yaffa de son vrai nom, nous expose dans cette citation son intimité et je vous demande de la respecter. Cette phrase n’est autre qu’une réponse intelligente à ses détracteurs, à ceux qui critiquent et rabaissent son oeuvre musicale, à ceux qui ne font que la raconter : les vaincus.

Mon honorable grand-mère me disait souvent : « La meilleure des réponse, n’est pas l’ignorance, ni le silence, mais c’est le mépris et l’indifférence ». Bien qu’à ma connaissance, ces deux personnages ne se sont pas côtoyés, Booba a appliqué, de manière assidue, les conseils de Jocelyne.

Mais mesdames et messieurs, cette citation n’est pas que méprisante. Elle est aussi une véritable leçon de vie. En nous exposant sa propre histoire, Booba véhicule un important message d’ambition montrant son travail acharné et son dévouement pour la musique. Les vaincus seraient donc ce que l’on pourrait plus communément appelé « les rageux, les haineux, les haters », ceux qui alimenteraient leurs critiques du Duc par un sentiment de

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