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Jean-Paul Sartre, L’Existentialisme est un humanisme, 1946

Commentaire de texte : Jean-Paul Sartre, L’Existentialisme est un humanisme, 1946. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Février 2021  •  Commentaire de texte  •  1 491 Mots (6 Pages)  •  749 Vues

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        Il n’est pas rare que l’homme désire davantage de liberté qu’il n’en a. L’existentialisme athée conceptualisé par Sartre lui révèle cette possibilité. Si l’on affirme que Dieu n’existe pas alors l’homme n’a plus de compte à rendre, il peut faire ce qu’il veut, il n’a pas à se préoccuper du jugement dernier. Or, Sartre précise dans ce texte, extrait de L’Existentialisme est un humanisme, que l’homme libéré du poids du jugement divin et de ses valeurs, se retrouve livré à lui-même, seul à décider. Alors si sa décision lui appartient pleinement, paradoxalement elle lui pèse lourdement. Quelle est alors cette liberté dont l’homme sans Dieu dispose ? En quoi et pourquoi est-elle si pénible ? Sartre l’expose en soulignant que l’homme libre n’a pas d’excuses ; condamné à être libre c’est à lui et à lui seul de s’inventer.

        

        Sartre commence par citer Dostoïevski faisant dire à l’un de ses personnages, dans Les Frères Karamazov : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis ». C’est là, dit-il, le point de départ de l’existentialisme et plus particulièrement de l’existentialisme athée. Des normes et des valeurs sont associées au Dieu créateur de l’homme. Cette créature se voit ainsi attribuer une essence qui détermine ce qu’elle est en propre ; cette essence est alors considérée comme originelle, elle détermine ce que l’homme sera, ce que l’homme doit être durant son existence ; cela correspond à ce que l’on nomme aussi « la nature humaine » dont on pense qu’elle désigne le propre de tout homme en se situant à un niveau universel. Les normes et les valeurs posées par Dieu sont au-dessus des hommes et les gouvernent. Dès lors, quand ils ont des décisions à prendre, ils  doivent s’appuyer sur ces valeurs qui guident et même dictent leurs choix. Ces valeurs chrétiennes (en l’occurrence) sont par exemple : la générosité, l’amour du prochain, l’honnêteté… Elles déterminent ainsi ce que sont le bien et le mal et indiquent à l’homme ce qu’il faut faire et ne pas faire pour faire le bien, pour être l’homme bon qu’il doit être. Dans ce cadre de pensée, l’homme est-il libre ? Si ses choix sont les siens, il n’en demeure pas moins qu’il les fait en son âme et conscience et surtout en connaissant les interdits divins qu’il ne peut transgresser sinon en prenant le risque du châtiment. Alors il ne tue pas parce qu’il ne faut pas tuer, il ne ment pas parce qu’il ne faut pas mentir. Sa liberté s’exprime dans ce cadre de valeurs, certains diront donc qu’il ne peut pas faire ce qu’il souhaite puisque s’il a envie de tuer, il ne peut le faire car cela est interdit. On comprend ici la portée de la citation de Dostoïevski, si Dieu n’existe pas, il appartient à l’homme de décider de tuer ou pas, s’il en a envie ; donc tout est permis, il n’y a plus de cadre, plus de limite. Cette perspective est assez effrayante d’un point de vue moral.

Mais Sartre ne place pas sa réflexion à ce niveau. Il s’intéresse en effet à l’homme sans Dieu, cet homme écrit-il « est délaissé », on comprend qu’il est à la fois perdu, sans repères et seul, abandonné, livré à lui-même. Si Dieu n’existe pas le système de valeurs s’effondre et ne fait plus autorité, l’homme n’a alors plus de repères. Avec l’existentialisme athée, ce n’est pas l’essence qui précède l’existence mais l’existence qui précède l’essence. Dès lors, l’homme n’est pas déterminé à être ce qu’il est, à faire ce qu’il fait ; il n’y a pas en l’homme des attributs universels faisant de lui ce qu’il est ; ce qu’il fait ne vient que de lui et ceci vaut pour chaque homme pris individuellement. L’homme n’a ainsi pas d’excuses qu’il puisse trouver dans sa nature non parfaite de pécheur, chacun ne se trouve que face à lui-même, possesseur d’une absolue liberté. Sartre écrit que « l’homme est libre, l’homme est liberté ». On peut risquer un parallèle avec Kant lorsqu’il considère la situation d’un homme qui a introduit du désordre social par un mensonge pernicieux ; on peut chercher les raisons qui l’ont poussé à agir ainsi et effectivement on en trouvera pour expliquer qu’il a été déterminé par sa mauvaise éducation, ses mauvaises fréquentations… mais, explique Kant l’homme a le pouvoir de se détacher de ce déterminisme et de décider en pleine indépendance comme s’il commençait avec son choix une série d’actions dont il est seule cause.

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