LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Victor Hugo Nox L'art de la mise en scène

Analyse sectorielle : Victor Hugo Nox L'art de la mise en scène. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Juin 2013  •  Analyse sectorielle  •  848 Mots (4 Pages)  •  831 Vues

Page 1 sur 4

Victor HUGO : Nox

I- Un art de la mise en scène

Hugo-poète emprunte souvent ses effets à Hugo-dramaturge. C'est la cas dans ces vers où, explicitement, le tyran interpelle des complices. On peut y voir aussi un sorte de monologue intérieur que le lecteur entendrait grâce à un artifice comparable à ceux utilisés au théâtre. Un tel discours n'a, bien sûr, jamais été prononcé mais le procédé est saisissant. Nous voici à l'écoute d'une pensée brute et non d'un discours politique élaboré, dès lors au fondement même d'actes réels comme si Hugo voulait saisir à la racine les caractères psychologiques de son ennemi. Dans la violence des mots doit éclater la noirceur des pensées.

Et tout d'abord la cruauté du tyran. Ainsi le ton du texte est donné par une longue chaîne de verbes de sens proche, utilisés à l'impératif et au subjonctif (" égorge ", " frappez "," tuez ", " mitraillez ", " fusillez ", " broie ", " écrase ") qui évoquent une énergie destructrice hors du commun. Le verbe " tuer " est à lui seul répété trois fois au vers 6, véritable raccourci de l'ensemble. Les morts ont en premier lieu des noms précis, ce qui enracine le poème dans l'histoire immédiate : Baudin et Dussoubs (vers 6) sont bien deux victimes des combats menés sur les barricades les 3 et 4 décembre 1851. Puis le collectif succède au singulier : " peuple " (vers 7), " canaille " (vers 8). Les victimes sont maintenant un vieillard, un enfant, une mère (vers 14, 15, 16) sans nom trop précis. Leur anonymat peut se lire comme une généralisation et une aggravation de la cruauté. Le peuple devient " peuple infâme " (vers 16). Le rejet du verbe " Tremble " (vers 17) renforce le sens de l'adjectif épithète " infâme ".

Après la cruauté, éclatent la bassesse et le mépris. Sans respect pour la vie humaine, Louis-Napoléon méprise en outre le droit et la liberté d'opinion. L'inversion du complément de but au vers 4 exprime avec éloquence cette alliance de cruauté et de tyrannie qui caractérise, pour Hugo, le régime. La brutalité des ordres est présente jusque dans la ponctuation de ce vers aussi riche qu'étonnant : les deux points disent mieux qu'une conjonction l'opposition entre la tyrannie et la liberté de parole. Hugo recourt à une figure de style nommée abruption : il supprime les liens de coordination ou de subordination entre les groupes qui émousseraient la violence des mots.

A l'usage de la force s'ajoute le parjure. L'empereur a dissimulé ses véritables intentions derrière l'annonce d'un plébiscite (vers 9). Le propos se fait alors plus ironique (" ô peuple-roi ").

Au total, le coup d'Etat est déchiffré comme un acte non seulement cruel mais inadmissible, déraisonnable. C'est le fait d'une armée enivrée : " Du vin plein les bidons " (vers 12). Louis-Napoléon n'est donc pas un fou mais un criminel lucide. Son acte était prémédité.

II- Parler le langage du criminel : un paradoxe ?

Donnant la parole à

...

Télécharger au format  txt (5.4 Kb)   pdf (74.8 Kb)   docx (10.3 Kb)  
Voir 3 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com