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O Sauveur De Victor Hugo

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Par   •  30 Décembre 2013  •  1 519 Mots (7 Pages)  •  1 144 Vues

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Lecture analytique n°4 :

extrait du Livre VII, poème V des Châtiments de « O sauveur » jusqu’à la fin

Les éléments de l’introduction sont les mêmes que pour les précédentes lectures analytiques. Avant de reprendre la problématique, on n’oublie pas malgré tout de présenter l’extrait. Il s’agit d’un poème à forte connotation autobiographique (dans le même esprit que le recueil Les Contemplations qui sera publié trois ans plus tard.) Victor Hugo déjà exilé à Bruxelles apprend l’exécution publique de trois prisonniers politiques qu’il nomme d’ailleurs dans les quatrième et cinquième alexandrins alors que la seconde république, instaurée en 1848, avait aboli la peine de mort pour les actes politiques. Ce sujet qui tient tant à cœur à Victor Hugo (plusieurs moments de son œuvre en prose et en vers y sont consacrés : Le dernier jour d’un condamné en 1829 par exemple) est dans le poème traité avec beaucoup d’émotion sur le ton de la confidence car c’est un souvenir personnel qui nourrit les alexandrins reflétant à la fois sa tristesse et son indignation.

Sur quoi le poète se fonde-t-il pour dénoncer les actes odieux perpétrés par Napoléon III ?

Il est à noter des variations de tonalité (de registres littéraires) dans le poème puisque l’ironie fait place ensuite à l’expression du lyrisme aux profonds accents romantiques traduisant d’abord la révolte de l’artiste puis la manière dont il perçoit le paysage qui l’entoure qui devient un véritable spectacle hallucinatoire.

! LECTURE EXPRESSIVE DU TEXTE !

I. Le recours à l’ironie.

→Jusqu’au vers 5, le lecteur peut croire à un panégyrique, une ode à la gloire d’un grand homme comme le laissent entendre les termes hyperboliques « sauveur », « héros », « vainqueur », « César » mis en valeur par le rejet et rapproché de la référence à Dieu : ce grand homme serait comparable à Dieu dont Hugo, poète chrétien, rappelle la puissance dans ses œuvres à travers l’évocation de la nature comme source de vie : « les moissons, la vigne, l’eau, les fruits » : ce sont des éléments bibliques présents dans de nombreuses paraboles, la rose, l’abeille, les chênes, les lauriers renvoient à la magnificence de la nature.

→ Toutefois, irruption du mot « guillotine » en fin de vers qui rime de manière contrastée avec « butine » : les vers précédents se teintent alors d’ironie : il s’agit d’un hymne au héros rempli de dérision c'est-à-dire d’un portrait nourri de mépris : le tutoiement prend une signification accusatrice et irrespectueuse : « et toi la guillotine » C’est le seul mot associé à Napoléon III et il fait contraste avec l’accumulation positive associée aux œuvres divines qui précède ce deuxième hémistiche : « « Les fruits vermeils, la rose où l’abeille butine/ Les chênes, les lauriers ,et toi, la guillotine » Le dernier mot constitue une chute destinée à la fois à surprendre et à accuser.

→ Cette ironie disparaît quand Hugo renonce à la deuxième personne et emploie la troisième pour désigner l’empereur « prince qu’aucun de ceux qui lui donnent leur voix/ Ne voudrait rencontrer le soir au coin d’un bois » Le monarque suscite la peur. Son pouvoir est fondé sur sa capacité à provoquer de la crainte (idée présente dans Fable ou Histoire d’ailleurs) Le ton devient plus sérieux et le poète livre ses sentiments à ses lecteurs dans un épanchement à la première personne disant son désarroi.

II. La révolte d’un artiste indigné

→ La colère de Victor Hugo se manifeste à travers un changement de ton : le vocabulaire désignant Napoléon III devient très dévalorisant : la périphrase qui commence par « Prince […] au coin d’un bois » le réduit au statut de bandit de grand chemin : le monarque est dangereux : les mots « crime » à la césure du vers, « scélérat » ont un sens hyperbolique. L’adjectif épithète « vivant » qualifiant « scélérat » laisse entendre que sa mort est souhaitable. La série de rejets reflète un rythme rapide, haletant en adéquation avec la colère du poète : « Les fleurs»/ « Ce monde »/ « Sans pouvoir »

→ Emploi de la 1ère personne très révélateur car absentes des premiers vers : plusieurs formes apparaissent : « je », « me », « moi » : 12 fois engendrant un climat de lyrisme et d’épanchement : le lecteur est témoin du malaise du poète : pour une fois, l’écrivain engagé ne démontre pas ; il fait part de ses réactions émotionnelles : « la nature ne put me calmer », « j’avais le front brûlant », « tout m’irritait », « je frémissais », « je m’enfuis » : peinture d’une agitation extrême, fortement théâtralisée. L’effarement du poète le conduit à projeter autour de lui un regard subjectif transformant les paysages en visions quasi hallucinées.

III Un spectacle hallucinatoire :

→ La ville et ses composantes comme les passants ne sont plus perçues pour ce qu’elles sont mais sont transformées par l’imaginaire de l’artiste, obsédé par la mort : la comparaison « Les passants me semblaient des spectres effarés » en témoigne : cette image concrète très shakespearienne (cf Hamlet) permet au lecteur de mieux comprendre les pensées obsessionnelles de Victor Hugo toujours sous le choc. Il transpose la situation politique de la France en Belgique lorsqu’il fait allusion à « la guerre civile » Pourtant, un élément de la nature reste associé à une connotation positive : ce sont les champs « paisibles et dorés » mais ils ne peuvent rendre sa sérénité au poète. Ils constituent une opposition complète à la situation, à l’horreur du crime qui a été perpétré.

→Tout est transformé : le soir, par hypallage, devient « triste » et l’ombre est métamorphosée en « linceul frissonnant » : ce groupe nominal apposé au sujet est anteposé , ce qui contribue à mettre en valeur la métaphore mortuaire. Le complément circonstanciel

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