Les funérailles nationales de Victor Hugo

Les funérailles nationales de Victor Hugo

Victor Hugo, icône républicaine

Écrivain, poète et homme politique extrêmement connu, Victor Hugo est célèbre autant pour ses œuvres que pour ses combats en faveur de la République, notamment pendant le Second Empire. Il était républicain et anticlérical. Elu à l’assemblée législative en 1849,il se battra pour la séparation du clergé et de l’etat avec un discours qu’il conclut par :«L’Eglise chez elle et l’Etat chez lui .» ce qui lui a valu cette oraison funèbre du journal La Croix, : « Il était fou depuis trente ans !... »

Durant sa vie il témoigne aussi d'une sincère et profonde empathie pour les pauvres et les humbles,

Annonce de sa mort

Dans l’après-midi du 22 mai 1885, l’auteur des Misérables décède à l’age de 83 ans. Sur son lit de mort, Hugo aurait eu le temps de prononcer son dernier oxymore: «Je vois une lumière noire»

L'annonce de la mort du poète provoque un véritable choc. Depuis son retour triomphal à Paris, après son exil, le poète est devenu le grand homme de la République. Le régime le salue chaque année à l’occasion de son anniversaire et l’avenue où il habite prend même son nom, de son vivant, par décision du conseil municipal de Paris ! Cette nouvelle donne lieu à des manifestations de deuil populaire : « Des ouvriers se rassemblent respectueusement, des vieillards se mirent à pleurer silencieusement, des grandes dames s'unirent à des femmes du peuple dans un même sentiment de désespoir. » On voit apparaître aux fenêtres des drapeaux tricolores portant un ruban de crêpe. Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilent devant le registre mortuaire installé dans une petite pièce à l’entrée de sa maison.

Le samedi 23, dix-sept journaux parisiens paraissent avec un cadre noir en première page et Le Rappel (journal fondé à l'initiative de Victor Hugo) continue à porter le deuil jusqu'au jour des funérailles.

Funérailles civiles ou religieuses pour Victor Hugo

L’Eglise catholique, principale force d’opposition au régime républicain, commence plusieurs mois avant la mort du poète une bataille politique sur ses funérailles.

Le testament du poète est parfaitement clair « Je donne cinquante mille francs aux pauvres. Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard. Je refuse l’oraison de toutes les églises, je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu. »

L'inhumation était initialement prévue dans au cimetière du Père Lachaise, où la famille Hugo avait acheté un caveau. Mais la Chambre des Députés approuve l'organisation de funérailles nationales par une écrasante majorité : 415 voix sur 418 et Anatole de La Forge propose de l'inhumé au Panthéon,

La Révolution française avait transformé l’église Sainte Geneviève, symbole de la royauté absolue et du christianisme en cimetière républicaine. Ainsi, Rousseau, Voltaire, Marat,ont bénéficié des honneurs du Panthéon.

Cependant Les locaux sont redevenu une église et rendus au culte catholique en 1851.

Durant tout le 19ème siècle, le mouvement républicain garde l’objectif de reprendre le Panthéon dans l’esprit de la Révolution. Victor Hugo lui-même s’en fait le porte parole:

"C’est pour ces morts, dont l’ombre est ici bienvenue Que le haut Panthéon s’élève dans la rue."

Le Conseil municipal de Paris, émet donc le voeu que le Panthéon soit rendu à sa destination primitive et que le corps de Hugo y soit inhumé". La presse républicaine radicale et d’extrême gauche soutient cette proposition. Cependant, le gouvernement républicain souhaite éviter l’affrontement avec l’Eglise sur ce sujet. Pourtant, l’idée du Panthéon gagne du terrain dans l’opinion publique.

la possibilité d’une inhumation dans un Panthéon laïcisé redoubla l’enjeu des funérailles : il ne s’agissait pas seulement d’honorer

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