Pablo Picasso

Ce fut l’opportunité de réunir chercheurs, historiens, étudiants, restaurateurs ou artistes. Chacun donna aux autres, qu’ils soient participants ou intervenants, des pistes nouvelles de réflexions. Durant quatre jours, une soixantaine d’interventions, discussions, focus et tables rondes ont ainsi ponctué chaque demi-journée, portant des regards contemporains sur la production de l’artiste autour des thèmes des processus créatifs, des circulations, de la réception de l’œuvre et du rapport de l’artiste à l’écrit et aux écrivains. Au-delà des recherches propres sur Picasso, l’intérêt reposait sur la diversité des sujets abordés, et aux perceptions et commentaires de personnalités des arts et de la culture présentes. Sur la pratique de Picasso, sa palette de couleurs comme sa conception géométrique de l’espace, ses préférences littéraires ou esthétiques, le public a appris de nombreux détails presque intimes sur le travail, les recherches, les centres d’intérêt du peintre. Mais il a aussi pris connaissance des rapports qu’entretenait l’artiste avec les avancées scientifiques, techniques, industrielles ou sociales de son siècle.

Après une introduction généreuse et émouvante de John Richardson, qui fut proche du peintre, ce sont les thèmes du cubisme, des arts graphiques, de la peinture, de l’écrit, des relations de l’artiste avec ses marchands, de son rapport au monde et à la politique qui ont été abordés. Puis ce fut le tour des interventions autour du regard, de la perception des œuvres, de leur compréhension, de leur présentation. La dimension contemporaine de l’œuvre semble évidente et partie prenante de la création actuelle. Ainsi, quatre jours durant, opinions, valeurs esthétiques, divergences d’analyses se sont confronté à la manière de joutes verbales.

Devant un auditoire attentif, ces points de vue singuliers et parfois inattendus ont permis de relire la production de l’artiste dans un contexte de connaissances d’histoires de l’art foisonnant et de mutation certaine de la relation du public avec le musée. Ces échanges captivants ont apporté de précieuses informations sur les conceptions muséales actuelles. Le musée Picasso, qui a déjà accueilli près de 300 000 visiteurs depuis sa réouverture en octobre dernier, se veut l’un des fleurons de ces nouveaux espaces de culture offerts au public. Laurent Le Bon, nouveau président du musée, rappelait à cette occasion que celui-ci cherche avant tout à montrer, simplement, des chefs d’œuvres par un mélange de médiums afin de les faire dialoguer entre eux. Pour lui, un musée « ne doit pas être figé, mais au contraire, toujours en mouvement ». Rassembler des historiens de l’art participe à cette conception de l’œuvre proposée au regard du public, comme un don de l’artiste aux générations qu’il n’a pu connaître. Le programme du colloque Revoir Picasso

...